Recherche interrompue [A Vincent]

Le manoir des Ombres. Valandra n'était pas présente lors de l'attaque du manoir des Ombres, Cold lui avait confié d'autres tâches. Elle avait décidé de se rendre dans ce qui restait de l'édifice, cherchant quelque chose, mais ne sachant pas ce que s'était. La chimère blanche savait qu'elle ne devrait pas être ici, qui plus est, en temps normal elle ne s'approcherait pas des Ombres, par parce qu'elle les craint, ce qui n'est pas du tout le cas, mais par désintéressement. Cependant elle ne les sous-estimait pas, car elles pouvaient se montrer aussi dangereuses que les chimères elles-mêmes. Valandra se demandait qui pouvait bien recruter les Ombres, peut-être ce Soren dont lui avait parlé Saedroth. Il y avait quelque chose qui clochait en ces lieux, cette cave paraissait étrange et empreint de quelque chose que l'on ne pouvait définir. Apparemment c'était là qu'était tombé Saedroth pendant l'attaque, si elle avait bien suivit ce qu'il lui avait conté. Valandra voulait voir de ses yeux tout ce que Saedroth lui avait dit, même s'il était dangereux de s'aventurer ici. C'est pour ce la que Valandra restait sur ses gardes, guettant le moindre mouvement perceptible. D'ailleurs, en parlant de mouvement, un craquement léger se fit entendre. La chimère blanche se tapis alors dans l'ombre, attendant que l'origine du craquement fasse son apparition dans la faible lumière qui arrivait à pénétrer dans la cave.

La transformation en créature pouvait avoir bien des conséquences toutes plus lugubres les unes que les autres, mais elle occasionnait également des changements de personnalité plus saugrenus que dramatiques. Ainsi Vincent avait-il soudain pris goût à l'élégance. Chaque petit bourgeois, chaque golden boy qui était tombé entre ses griffes s'était vu délester non seulement de sa vie, mais également de son costume, pourvu qu'il fût noir. L'ancien interne avait ainsi accumulé une collection impressionante de vêtements masculins, qui avaient tous pour points communs une couleur charbon prononcée et une coupe classieuse. Mais cette lubie avait également ses inconvénients: certaines fois, comme ce jour-là, la chasse s'avérait salissante, et les pressings étant dramatiquement rares à Hollow Dream, le costume souillé finissait le plus souvent à la poubelle.

Depuis la rénovation de la dernière aile du pauvre Manoir, les Ombres stockaient bon nombre de babioles dans leur cave. Oh, pas très loin de l'entrée, car une sourde odeur de mort émanait des sous-sols, et même les fantômes ne tenaient pas à découvrir par hasard un chemin direct vers l'antre des Bêtes. C'était néanmoins là qu'elles accumulaient leurs trouvailles les plus intéressantes, parmi lesquelles, vous l'aurez compris, figuraient les costumes de Vincent.

Etrangement calme pour quelqu'un qui était couvert de sang (ces humains et leurs fichues armes à feu bricolées... ils se faisaient plus souvent mal à eux-mêmes qu'à leur agresseur et du coup ils gâchaient la nourriture), l'ancien interne alluma la lampe tempête accrochée à l'entrée de la cave et il commença à descendre l'escalier de bois. Il n'avait pas fait trois pas que ses sens aiguisés décelaient une âme capable d'émotion, tout près, si près... Rage, colère, arrogance. Chimère. Un éclair d'incompréhension, puis un autre de fureur passèrent dans les yeux d'obélisque: une Chimère ici... Le chef des fantômes hésita un court instant, avant de continuer sa descente comme si de rien n'était. Il devint tangible, afin de faire intentionnellement grincer les marches sous son poids: il ne voulait pas surprendre la Chimère pour qu'elle lui saute à la gorge et qu'il soit obligé de la tuer sans avoir pu poser la moindre petite question. Non non. Avant, il devait savoir pourquoi l'une de ces brutes s'estimait assez suicidaire pour venir le narguer dans SON manoir...

Alors, tranquillement, il prit pied dans la cave et la traversa sans jeter le moindre regard autour de lui, directement vers les placards qui ornaient l'un des murs couverts de vieilles planches. Tout son être avait décelé la présence dissimulée sur sa droite, et il n'attendait qu'un faux pas de celle-ci pour redevenir un être d'ombres, et lui faire amèrement regretter sa provocation - ai-je précisé que Vincent était toujours d'humeur exécrable lorsqu'on abîmait l'un de ses costumes?

Une présence, oui, elle arrêta sa progression dans les escaliers un instant, comme si elle se méfiait d'une quelconque présence. Un sourire ourla les lèvres de la Chimère qui était tapie dans l'ombre. L'inconnu, ou plutôt l'Ombre continua sa descente. Hum, elle était méfiante la petite Ombre, car elle était devenue tangible. Elle faisait grincer les marches de bois de l'escalier. Le faisait-il exprès ? Sans doute. Valandra pouvait la voir, mais si elle essayait de l'attraper, elle passerait au travers. La chimère blanche attendait, se demandant si elle avait bien fait de venir jusqu'ici, se perdre dans les ruines du manoir des Ombres. Apparemment, la silhouette faisait comme si de rien n'était, comme si Valandra n'était pas ici et qu'il était seul dans la pièce. Un mince filet de lumière filtrait, ce dernier aida la jeune femme à percevoir le visage de l'Ombre. C'était un homme, au physique assez alléchant si l'on pouvait dire.

Valandra observait, silencieusement, tout en restant immobile. Il y avait quelque chose qui clochait. Oui, quelque chose clochait. Comme si il fait exprès de faire comme si de rien n'était, comme si, il voulait la forcer à faire un faux pas qui ferait qu'elle trahirait elle-même sa présence. C'était bien ficellé comme scénario, elle pourrait très bien continuer de ne faire aucun bruit, l'obligeant à la chercher. Un jeu, cela ressemblerait à un jeu. La chimère blanche aimait bien s'amuser comme cela, pour passer le temps. Devrait-elle lui parler de ce qui allait se passer ? La chasse aux bêtes ? Elle ne savait pas vraiment. Hum...la question qui se posait, était à matière à réfléchir. Ne pas précipiter les choses, c'est ce que se disait la chimère d'élite. Valandra continuait de rester dans l'ombre, attendant que le jeune homme la trouve de lui-même. Jouons, jouons encore un peu...

Il se dirigea l'un des placards de gauche, ce qui l'obligea à tourner le dos à la Chimère dissimulée dans l'obscurité. Mais celui de ces monstres qui pourrait lui bondir à la gorge sans qu'il le voit venir n'était pas encore né; seul Cold aurait peut-être pu troubler sa perception, à cause du gel des Bêtes qui coulait dans ses veines. L'ennemi infiltré avait des émotions coriaces qui dénotaient une force certaine et une dangerosité non négligeable, mais il n'était pas au niveau de son chef; et par transitivité, il n'était pas au niveau de Vincent, dont la crainte était donc très relative.

L'Ombre tira une petite clé de l'une de ses poches, ce qui lui permit d'ouvrir l'un des rangements et de dévoiler sa penderie privée. Il prit son temps, non pas pour choisir son prochain costume, mais pour évaluer la situation: ses habits actuels étaient déchirés et souillés par sa dernière chasse, mais à quoi bon se vêtir de frais juste avant un possible combat avec une Chimère? Les bons costumes étaient trop rares pour que Vincent se permette de les gaspiller ainsi. Il attrapa néanmoins une nouvelle cravate sur l'une des étagères, histoire de donner le change, avant de tout refermer avec ce même calme, cette même lenteur. Puis il repartit vers les escaliers sans jeter le moindre coup d'oeil à la cachette de l'autre créature.

Il avait un plan qui impliquait pour lui de revenir au rez-de-chaussée. Il ne savait néanmoins pas si la Chimère le laisserait faire (après tout il risquait de donner l'alerte), et dans le doute il préféra se tenir prêt à se volatiliser comme le plus infime des courants d'air. De toute façon, il ne pouvait pas perdre. Trop arrogant pour ça.

Ignorance. L'Ombre faisait preuve d'ignorance envers Valandra. Il savait qu'elle était là, peut-être même où elle se situait dans les ruines, mais il ne cherchait même pas à engager la conversation, ou même tenter de la faie sortir de sa cachette. Non, il était trop occupé à ouvrir une armoire et a regarder le contenu, cherchant ce qu'il allait mettre visiblement, car la dite armoire était remplie de vêtements luxueux. Hum...Sans doute était Vincent, le chef des Ombres. De ce qu'on lui en avait décrit, il ne portait quasiment que des costumes.

Quelque chose en lui disait à la Chimère Blanche qu'il fallait se méfier de lui, car elle n'avait pas la même force, il aurait fallut qu'elle soit au moins l'égal de Cold pour espérer pouvoir tenir très longtemps devant lui, si toutefois combat il y avait. Le combat n'était pas la seule alternative, la conversation était à choisir. Il ne fallait pas croire que toutes les chimères ne savaient répondre que par les poings. Certaines étaient douée du sens de la parole. L'Ombre s'était saisie d'une nouvelle cravate et avait refermé les portes de l'armoire, se dirigeant ensuite vers l'escalier pour remonter.

Non non non, il ne fallait pas partir tout de suite, nous avons pas encore échangé le moindre mot se disait Valandra dans sa tête. Un tintement de chaîne retentit. Puis sortant soudainement de l'ombre, quater chaînes vinrent faire barrage à l'Ombre dans les escaliers. Bien sûr, les chaînes allèrent se planter dans le mur, mais à quelques mètres de l'homme. Valandra voulait qu'il reste en bas, avec elle et personne d'autre.

"C'est pas gentil de vouloir me fausser compagnie, en savant pertinemment que je suis ici..." dit-elle en faisant une moue boudeuse.

Tout en marchant, Vincent nouait la cravate d'un air songeur. Il tournait et retournait le morceau de tissu entre ses doigts, aplatissant le noeud, ajustant la longueur des extrémités. Il la retourna et déchiffra pensivement la marque du créateur italien. On aurait dit que rien au monde n'avait plus d'importance que cette simple cravate. Et pourtant, lorsque les chaînes jaillirent de nulle part pour lui barrer la route, il s'immobilisa instantanément, bien avant que les projectiles soient plus que de simples ombres au bord de son champ de vision. Il sentait la Chimère, il la percevait. Et il prit soudain conscience que ce n'étaient pas seulement les sentiments de la créature qui attiraient son attention, mais bien son existence même - il entendait presque son coeur noir battre dans sa poitrine. Un imperceptible frisson remonta le long de l'échine du chef des Ombres. Aucun fantôme n'était capable d'une telle chose. Les Bêtes, par contre...

"C'est pas gentil de vouloir me fausser compagnoe, en savant pertinemment que je suis ici..."

La voix, indubitablement féminine, le poussa à tourner la tête pour mettre enfin une image sur ses perceptions. Mais la Chimère se tenait encore dans l'obscurité, et Vincent n'était pas nyctalope (Naheulbeuk, sors de ce corps...).

Par contre, moqueur, il savait l'être.

Sans paraître plus destabilisé que ça par les deux yeux clairs qui étincelaient dans la pénombre, il haussa les épaules (il n'était pas gentil) et continua sa route vers l'issue barrée. Un sourire goguenard vint étirer ses lèvres pâles lorsqu'il franchit aisément la barrière matérielle: seul la glace hivernale pouvait arrêter une Ombre...

Et soudain, le temps s'accélère. Un oeil noir, abyssal, qui enregistre la position de sa proie au millimètre près. Un corps souple qui s'évapore et file à travers la pièce, trop vite pour un oeil humain, trop vite pour un oeil de Chimère - bien trop vite pour une Ombre ordinaire. Le cercle de tissu de la cravate vole, passe autour de la tête de l'intruse, se resserre autour de son cou. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le penser, Vincent n'est plus sur l'escalier, mais bien derrière son invitée surprise, solidement cramponné à la cravate devenu collet, sa bouche moqueuse à quelques centimètres d'une oreille drapée de cheveux blancs. Et les mots qui quittent son esprit ne passent pas par ses lèvres.

*Ma compagnie vous plaît-elle à ce point, brutale dame?*

Valandra le suivait du regard, sans bouger, ses chaînes toujours ancrées dans le mur pour barrer la route à l’Ombre. Elle ne fut pas tellement surprise de le voir passer au travers, elle avait connaissance de cette faculté qu’avait les Ombres. Il continuait de mettre en forme sa cravate, comme si de rien n’était. Elle ne le quittait pas du regard. Il avait tourné la tête dans sa direction, mais il ne pouvait pas la voir, elle était encore dans l’ombre de la cave. Valandra se redressa lorsqu’elle vit que l’homme s’était comme évaporé. Elle le cherchait du regard sans pour autant le trouver. Puis, une présence se fit sentir derrière elle.

La Chimère n’eut pas le temps de changer de position lorsque quelque vint lui enserrer la gorge. Elle porta ses mains sur le morceau de tissu, essayant de l’écarter quelque peu de sa gorge. Des mots sortirent de la bouche du jeune homme qui parlait au creux de son oreille. Enfin parler, façon de dire. Elle ne savait pas comment il faisait, mais elle ne percevait pas les mouvements des lèvres de l’Ombre. Valandra serra les dents, écoutant ce qu’il disait.

«Hum peut-être, surtout que j’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser, comme… se débarrasser des Bêtes ?… »

Valandra restait calme, ne bougeait pas. Elle tenait encore la cravate entre ses doigts qui servait de collet. Elle attendait de savoir s'il était intéressé par ce qu'elle avait à dire. Il pouvait avoir deux conduite à avoir, soit il continuait de tenter de l'étrangler, soit il la relâchait pour écouter ce qu'elle avait à lui dire.

Il s'attendait à tout sauf à ça. Que la Chimère n'implore pas sa pitié, c'était décevant mais pas surprenant: il était visible que ce n'était pas le premier carnivore venu. Qu'elle lui parle sans animosité, et pire, pour lui présenter une sorte de main tendue, Vincent avait du mal à l'accepter - les récents évènements auraient dû apprendre à Cold que les alliances inter-raciales n'apportaient rien de bon. Mais que cette possible négociation porte sur le sujet des Bêtes, l'ancien interne n'en revenait tout simplement pas. Surpris donc un tant soit peu plus tendu, il crispa son bras droit et la cravate se resserra d'un demi millimètre. Ce bras droit à la chair brûlée de gel. Ce bras droit dans lequel l'un de ces monstres avait déversé son venin.

*Se débrasser des Bêtes? Tu m'excuseras d'avoir du mal à te croire.*

La situation n'avait plus rien d'un jeu, et la tranquille provocation qui pointait jusqu'à présent dans la "voix" de Vincent était devenue un ton plat, lourd de menaces comme un ciel empli de nuages noirs prêts à cracher la grêle. La Chimère était-elle sérieuse? Si oui, comment se faisait-il que lui n'était au courant d'aucune rumeur de ce genre? S'était-il fait doubler... encore?... Ses lèvres pâles, crispées, se rapprochèrent du cou de la créature, et il huma son odeur de bête sauvage et fière comme un vampire prêt à mordre. Une "odeur" qui était plus le parfum de l'esprit que celui du corps: Vincent n'avait pas un odorat aussi développé que celui des créatures de Cold, mais pour transformer les sentiments en sensations perceptibles, il n'avait pas son pareil.

La jeune femme était belle, dans son genre. Mais les Chimères, très peu pour lui. Sans compter cette étrange senteur qui s'attachait à la peau diaphane de l'intruse, une odeur plus masculine, plus... décomposée?...

*Qui es-tu, imprudente messagère qui risque bien de ne jamais rentrer au bercail?*

Valandra avait utilisé une voix totalement neutre pour s’adresser à l’Ombre. Pour parlementer –enfin tenter dirons-nous- il fallait utiliser la neutralité et non pas autre chose. Le fait qu’il ne s’attende pas à une telle proposition faisait doucement sourire intérieurement la jeune femme. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour pouvoir réunir des personnes pour tenter de se débarrasser des Bêtes. Tout le monde y gagnait de toute manière. Il resserra l’étreinte de la cravate autour de la gorge de la jeune femme. Cette dernière fut contrainte à s’adosser légèrement au jeune homme derrière elle, essayant de tirer légèrement sur la cravate pour pouvoir respirer encore.

"Hum…Pourquoi croire une Chimère hein ? Cela aurait été plus crédible si cela avait été une autre Ombre ? Peut-être…."

La Chimère blanche essayait encore de desserrer un peu l’étreinte de la cravate sur sa gorge.

"N’empêche….tout le monde serait gagnant à les voir disparaître…ils doivent avoir un point faible…et peut-être que les grimoires…renferment leur secret…quand au fameux caveau, je me demande bien ce qu’il cache…"

Oui, le caveau, celui dont lui avait parlé Saedroth. Il l’avait défendu de s’en approcher, car il ne savait pas avec certitude ce qu’il renfermait. La dernière fois, il avait sentit quelque chose le suivre, sans pour autant savoir ce que c’était. Valandra était curieuse de savoir ce que c’était, mais elle n’irait pas s’aventurer seule dedans. La Chimère sentait quelque chose dans la ‘voix’ de l’Ombre, serait-ce de la provocation ?

"Hum vous allez me dire…Pourquoi je ne suis pas au courant’ ? -ce qui je trouve est naturel-…A cela je vous répondrai ‘difficile de prévoir les réactions des chefs de faction… quand à la création de ce projet, même utopique’. D’ailleurs, je me demande…comment s’en ait…sortit le renégat…qui s’est allié….à mademoiselle Malone…peut-être a-t-elle accepté, elle…"

Il lui demandait qui elle était, et il la menaçait de ne plus jamais rentrer au bercail. Ah, les menaces ne fonctionnaient pas vraiment sur la jeune femme, mais là, elle était entrain de se faire étouffer par une cravate, tenue par le chef des Ombres.

"Si vous pouviez me lâcher…j’aurais peut-être le temps de vous répondre…de toute façon je ne suis pas venue chercher querelle…je suis une imprudente messagère n’oubliez pas…" Dit-elle en achevant sa phrase avec une petite pointe d’ironie.

Rester sobre et neutre pour s'adresser à Vincent était une bonne idée. Mentionner Mary Malone l'était beaucoup moins. Les iris noirs s'assombrirent encore, jusqu'à ressembler davantage à des gouffres qu'à des yeux. Et le noeud de cravate de resserra, lui aussi, et tant mieux si cela obligeait la Chimère à venir s'accoler à lui. Rien de tel qu'un peu de contact pour rendre une menace palpable.

Mary... qu'est-ce qu'elle venait faire dans cette histoire? Qu'est-ce qu'elle savait? Qui était ce "rénégat"? La Chimère pourrie qui avait tourné le dos à Cold? Et pourquoi était-il si mal à l'aise à l'écoute des paroles de l'intruse? Qu'est-ce qui clochait, bon sang?!

*Alors je suis imprévisible, mais tu me préviens tout de même...*

Il garda un instant le silence, avant de tirer sur la cravate jusqu'à s'assurer que l'air ne passait plus dans la gorge de la créature. Lorsque sa voix se glissa à nouveau jusqu'à l'esprit de l'inconnue, elle était aussi glaciale que le regard d'une Bête:

*Ne... me... mens... pas...*

Furieux? Oh oui, il était furieux. Furieux que les mots de ce monstre blanc ne s'accordent pas avec ses pensées, furieux qu'on joue avec lui comme avec un pion sans importance. Et aurait-il lui-même été une Chimère, la tête de la demoiselle aurait depuis longtemps roulé sur le sol.

Et soudain, il comprit ce qui l'énervait plus que tout, et en même temps ce qui le poignardait au coeur. "Difficile de prévoir les réactions des chefs de faction". Et cette onde qu'il avait capté au même instant dans l'esprit de la Chimère... Vincent rendit la cravate transparente aussi soudainement qu'il l'avait serrée à fond, et le morceau de tissu quitta la gorge de l'intruse en même temps que le chef des Ombres disparaissait dans le noir, courant d'air froid, brise de douleur et de déception.

Il s'écoula plusieurs secondes avant que l'ancien interne ne soit à nouveau visible, à l'opposé de sa position précédente, assis sur une vieille caisse de chaussures. Il tripotait son collet improvisé sans y penser, tout occupé qu'il était à fixer la Chimère. Tout énervement avait quitté son regard, qui n'était plus qu'amertume, désespoir... et qui en devenait presque plus terrifiant.

D'autres que lui étaient au courant depuis longtemps. Et il sentait au plus profond de ses tripes que des Ombres faisaient partie du lot. Des Ombres qui l'avaient trahi.

*Que fais-tu réellement ici? Vas-y. Explique-toi.*

*Et puisses-tu mourir ensuite.*

Le nœud de cravate s’était encore resserrer autour de la gorge de la Chimère d’élite. Elle tentait encore de desserrer tant bien que mal le lien, mais il serrait trop fort cette fois-ci. Apparemment elle avait encore dit des choses qui ne lui plaisaient pas, mais elle ne lui mentait pas pour autant. De toute manière, elle n’était pas en position pour se le permettre. Valandra ne pouvait guetter les réactions de l’homme, elle ne pouvait pas voir son visage, seule la poigne transmise par la cravate pouvait la renseigner.

"Oui vous êtes imprévisible dans certains cas… Comme dans ce cas présent…je pensais pouvoir…discuter on ne peu plus….posément…mais apparemment non…"

Cette fois-ci, il avait serré pour que l’air ne passe plus du tout. Mais Valandra n’allait pas lui faire la joie de la voir se débattre et paniquer. Elle haletait, espérant pouvoir avoir un peu d’air, mais rien ne venait à ses poumons, bientôt elle suffoquerait. Il lui disait de ne pas lui mentir, mais elle n’avait pas de preuve matérielle à lui fournir pour appuyer ses dires.

"Je…ne…vous…mens…pas" réussit-elle à articuler.

L’air se raréfiait dans les poumons de la jeune femme. Encore quelques minutes et elle tomberait inconsciente. Puis l’étreinte se desserra d’un coup, Valandra se mit à tousser et a respirer à plein poumon, tombant à genou à terre. Sa main glissa ensuite jusqu’à sa poitrine, au niveau de ses poumons, cela la brûlait, mais elle ne grimacerait pas de douleur, ça non. Elle regarda un peu partout, il avait disparut. Elle se releva doucement pour ne pas que la tête lui tourne. Elle sentit un courant d’air, tourna la tête dans cette direction, et vit Vincent assit sur une caisse en bois. Il l’a fixait de ses yeux sombres. Valandra fixait l’Ombre, toujours sur ses gardes. Il lui demandait ce qu’elle faisait réellement ici.

« Quoi ? J’aurai dû passer par la grande porte pour pouvoir vous rencontrer ? Y a votre chien de garde qui guette devant les portes. Il ne faut pas croire que nous faisons tout ceci dans votre dos, ou croire encore que l’on vous trahi, vous les leaders des f actions. Saedroth est allé voir mademoiselle Malone, je suis venu vous voir et j’irai voir Cold. Si nous attendions que vous vous mettiez tous les trois d’accords sur la marche à suivre, on ne s’en sortirait jamais. Cold veut encore attendre, la Meneuse je ne sais pas et vous encore moins. Ce que je pense, c’est que vous ne vous rallierai jamais entre vous pour discuter, connaissant Cold, il ne pourrait se le permettre. Surtout depuis qu’il s’est fracassé le poing sur une des Bêtes…Nous, Chimères d’élite, Ombres et Humains, sommes peut-être capables de signer une trêve pour une fois, le temps de se débarrasser des Bêtes pour reprendre ensuite nos conflits. Car en ce moment, que l’on soit Chimère, Ombre ou Humain, nous sommes tous chassés par les Bêtes, ce sont elles qui font la loi. Ne me dites que cela vous plaît de rester ici à cause d’elles."

Valandra marque une pause avant de reprendre.

"J’espère pouvoir un minimum vous convaincre, mais je pense que cela ne va pas être de tout repos. Mais j’aurai tout de même essayé. Je pense que Cold acceptera, car il pensera que tout le monde y est gagnant dans cette histoire…" dit-elle sans siller, fixant toujours l’homme assit sur la boite de chaussure.

"Le grimoire de Kim Logan et celui dissimulé dans la Tanière, peuvent peut-être nous aider…" lâcha t-elle simplement.

Attentif, Vincent laissait la créature intruse s'exprimer, engrangeant sans en avoir l'air un maximum de détails sur elle. Chimère d'élite, selon ses dires. Vraisemblable, vu l'aplomb avec lequel elle avait géré le fait de se faire étrangler par le meneur de la race ennemie. Et apparemment, elle faisait cavalier seul, sans l'accord de Cold. Non. Rectification: elle n'avait pas l'accord de Cold, mais elle n'en était pas seule pour autant. Saedroth. Sans le reconnaître, Vincent avait senti sa présence à travers la femme, une "odeur" spécifique, une impression de pourriture... mais aussi de gel. L'Ombre avait perçu la trace de la mortechimère comme un tigre en sent un autre - avec cette part de lui qui était définitivement morte le jour où l'une des Bêtes avait choisi de lui charcuter le bras droit.

Sa main couverte de cuir se crispa insensiblement. Cold, Saedroth, Vincent. Trois survivants des Bêtes, trois êtres modifiés en profondeur. Quelqu'un d'autre? Comment savoir? Puis l'ancien interne tiqua sur un détail qui, pour une fois, était à son avantage. Vu les arguments que la Chimère utilisait pour le convaincre, elle ignorait qu'il s'était fait mordre. Elle ignorait que lui aussi avait une excellente raison pour exterminer ces monstres. Si elle n'était pas seule dans ce cas, il avait encore une bonne carte dans son jeu.

S'il n'était pas trop tard pour la jouer.

*Une alliance?*

Il fit un geste du bras pour englober la cave, et un rictus tout sauf joyeux vint déformer ses traits marmoréens.

*Vois par toi-même le résultat de la dernière alliance en date... et encore, nous ne sommes pas les plus mal lotis. Je savais les Chimères butées et plutôt stupides, mais là, ça dépasse l'entendement.*

Son rictus devint un rire au vitriol. Dans ses yeux, l'insondable douleur de s'être fait doubler par son propre clan (*s'il vous reste un tant soit peu de pitié, que ni Myst ni Mirahil ne soient mêlées à ça...*) se mêlait à la fureur de constater que c'était pour une autre de ces foireux accords inter-raciaux. Ils étaient tous conçus pour se faire la guerre, c'était leur nature, leur raison d'être. La dernière fois qu'ils avaient essayé d'aller contre cet état de fait, la Vallée leur avait flanqué la raclée du siècle - humains et Chimères, les deux factions les plus coupables, n'avaient-ils pas vu leurs refuges rasés ou confisqués? Qu'espéraient-ils en se dressant encore une fois contre l'ordre établi?

*Tu devrais être bien placée pour le savoir, en plus: tu pourrais me rappeler comment s'est conclue votre brillante tentative de reprendre votre tanière aux Bêtes?...*

L’Ombre était attentive à ce que Valandra disait. La jeune femme tentait de justifier ce qu’ils faisaient aux yeux de Vincent. Mais est-ce que Valandra y parviendrait ? Peut-être pas. La Chimère blanche passait machinalement sa main sur sa gorge qui était encore douloureuse. Heureusement que cela n’avait pas nécrosé ses chairs. De toute façon, il y aurait fallu que le collet reste plus longtemps serré. Au pire elle aurait une marque bleue autour de la gorge. Valandra ignorait que Vincent avait été également touché par une de cas Bêtes, elle n’avait vu que Saedroth et Cold s’y frotter. Elle aussi, avait failli être touchée, une Bête était passée à un cheveu d’elle. Ce fut la personne à côté d’elle qui fut touchée, et déchiquetée. Quelqu’un l’avait poussée un peu plus loin, puis ils durent tous fuirent la clairière.

Apparemment, Vincent n’était pas d’accord pour retenter une alliance. Il avait montré l’état de la cave, ce qui signifiait que le reste du Manoir était peu reluisant. Valandra savait tout ceci, elle n’était pas ignorante des conséquences que cela avait eu pour tout le monde. La Chimère blanche fronça les sourcils lorsqu’il dit que les Chimères étaient stupides et bornées mais qu’à ce stade cela dépassait l’entendement. Croyait-il que les Ombres étaient toutes puissantes au niveau de l’intelligence ? Non, elles ne l’étaient en aucun cas. Pas aux yeux de Valandra.

"Pour la dernière alliance, les leaders tentaient de se mettre des bâtons dans les roues, se reprochant à chacun ce qui s’était passé. Cette fois-ci, ça ne se passera pas comme ça. Les leaders ne seront pas à la tête même du groupe. Je ne dis pas ça que pour vous, les trois leaders, et surtout Cold sont visés. Une personne sera sans doute désignée, une personne qui n’essaiera pas de vous évincer, que ce soit vous, ou Cold ou encore mademoiselle Malone. Je ne pense pas cette personne soit Saedroth non, il m’a dit qu’il ne voulait pas de ce rôle, et je n’en veux pas non plus."

Elle ne fit pas vraiment attention au rire de l’homme, cela lui passait au-dessus de la tête.

"Ne croyez pas que tout ceci soit de la trahison, ce n’en est pas tout au contraire. Les leaders pensent à ce que l’on pourrait faire, mais n’agissent pas. Nous sommes plusieurs de chaque faction je pense à en avoir assez d’être les cibles des Bêtes. Où est passé le temps où Chimères et Ombres se comptaient querelle entres elles ? Le temps où nous faisions la chasse aux Humains ? Maintenant nous sommes tous leurs cibles à ‘elles’…"

Lorsque Vincent lui demanda comment s’était conclue la tentative de reprise de la Tanière, Valandra resta interdite. Elle ne se rappelait pas des détails, elle n’était pas vraiment présente, on l’avait envoyée ailleurs, mais on lui avait tout raconté dans les moindres détails, comme si elle y était.

"Par un échec cela va s’en dire, mais nous avons au moins tenté." répliqua t-elle sèchement.

"La Vallée nous a puni, tous autant que nous sommes, mais je n’aime pas être oppressée et traquée par un ennemi invisible, et je ne dois pas être la seule…Aussi, le fait d’avoir touché les Bêtes, Saedroth et Cold changent, et rapidement. Cela se répercute sur le physique, leur comportement. Cold devient plus bestial, colérique et violent, j’ai encore de la chance de ne pas avoir essuyé une de ses colères. Il me semble qu’il y a une autre personne qui a été touchée, mais personne n’a su me dire qui c’était, et j’espère pour elle que les changements ne s’opèrent pas aussi rapidement…"

La Chimère blanche se demandait si cette troisième personne n’était pas Vincent. Il avait une main gantée, sans doute pour dissimuler quelque chose, mais le demander ouvertement n’était du genre de la jeune femme. Elle espérait pouvoir convaincre Vincent, mais cela n’était chose aisée.

"Si nous n’essayons pas, nous resterons cachés jusqu’à la fin de notre seconde vie…" conclu t-elle.

Vincent écouta la Chimère jusqu'à la fin de son laïus, sans l'interrompre, sans même faire mine de lire dans ses pensées. Elle croyait ses propres paroles, c'était évident. Et insensé. De sinistre, l'ancien médecin était devenu presque éploré, comme un être sain d'esprit peut l'être en entendant son enfant parler de sauter du toit pour attraper la lune. C'était de la folie, ne le voyait-elle donc pas? Ne l'avait-elle pas dit elle-même? "Ce fut un échec, mais au moins avons-nous essayé".

*Et c'est ça que vous voulez? Mourir pour une entreprise qui ne peut pas marcher? Se suicider au lieu d'avoir la patience de voir si les choses évoluent?*

Il se tassa sur sa caisse, amer et venimeux. Bien sûr que les choses évoluaient, il était bien placé pour le savoir. Vincent le chef des Ombres s'était fait mordre, et depuis sa non-mort s'écroulait de toutes parts. Il n'avait rien pu y faire, Cold n'avait rien pu y faire. Personne ne pouvait rien y faire. Et voilà que ce crétin dégénéré de Saedroth se prenait pour plus important qu'il ne l'était, et se croyait autorisé à... à quoi? A espérer?

*L'espoir est l'illusion des humains. Vous devriez la leur laisser. C'est ce qui les a poussé à défier la Vallée et à causer notre perte à tous.*

Autrefois, il aurait pensé que quelqu'un qui se rebellait contre l'autorité était courageux. Pas forcément sain d'esprit, mais courageux. Seulement la Vallée n'était pas une autorité comme les autres, et la défier n'était pas téméraire - c'était juste pathétique. Il se releva lentement, les deux billes noires de ses yeux pesant sur la Chimère blanche. Il s'interrogeait, visiblement, une question qu'il finit par dévoiler dans un soupir mental:

*Non, je ne te tuerai pas. Tu te tueras toi-même, en même temps que tous tes camarades. Allez-y, cherchez à défier l'ordre établi. J'irai faire ma promenade sur vos tombes.*

Un rire bas ponctua sa phrase, le rire de quelqu'un à qui le désespoir est en train de faire perdre la raison, le rire d'un monstre qui se raccroche à sa cruauté et ses restes d'intelligence pour oublier qu'il devient quelque chose d'encore plus immonde qu'il ne l'est déjà.

*Hors d'ici. Tout de suite. Et que je ne revois plus jamais l'un de tes semblables dans mon manoir, ou ils mourront avant les autres.*

Il restait…impassible devant les dires de la chimère. Il ne saurait en être autrement se dit-elle. L’Ombre restait hermétique à ses propos, peut-être s’était-il déjà fait une idée ainsi qu’une opinion sur tout ceci. Il ne les aiderait pas, elle en était quasiment sûre.

"Combien de temps croyez-vous que cela va durer ? Depuis combien de temps attendons-nous sagement ? Jamais la Vallée nous laissera tranquille, elle déchaînera encore et encore nombre de Bêtes, jusqu’à ce que nous ayons tous disparut. Pour certaines choses, j’espère que cela n’évoluera pas, mais même si je suis contre, la Vallée n’en tiendra pas compte…"

La Chimère Blanche croisa les bras, son regard fixé sur l’Ombre assise sur sa caisse. De le voir comme ceci, impassible, voulant encore attendre patiemment que les choses évoluent, tout cela ne rimait à rien aux yeux de la jeune femme. Laisser faire le temps…sottises ! Ils attendaient depuis trop longtemps. Elle qui d’habitude était pour le fait d’attendre patiemment pour savoir comment évoluait les choses, ne tenait plus en place. Pourquoi ? Parce que Cold et Saedroth, avaient été touchés pas ces maudites Bêtes. Elle émettait tout de même un doute, pour cette Ombre qui trônait sur sa caisse en bois. Le fait qu’il porte des gants était étrange, même s’il avait le droit d’en porter comme bon lui semblait. Et puis, au début lorsqu’elle avait parlé de Cold et Saedroth qui avaient été touchés, il s’était sans doute machinalement frotté une de ses mains. Enfin, cela ne pouvait pas exactement la renseigner.

"Hum…alors, il faudrait se laisser faire, comme des petites souris contre le chat ? Se laisser mourir à petit feu, ou être abattu par les Bêtes ? Dans tous les cas, nous perdrons…il faut donc attendre que cela se passe ? Très peu pour moi. Même si je ne suis pas toute puissante, j’aimerai au moins tenter encore une fois. Si c'est encore un échec, alors nous verrons ce qui arrivera."

Elle le regarda se relever, et soutint son regard noir. Elle esquissa un rictus à l’entente de ce qu’il disait.

"Crois-tu vraiment que tu auras le temps de te promener sur nos tombes ? Laisse-moi rire…même si tu ne nous aide pas, ta seconde vie touchera également à sa fin, seulement, toi, tu n’auras rien fais pour tenter de la préserver… tu dois te dire ‘qui est-elle pour oser parler comme ça ?’ A cela je te répondrai ‘une chimère qui veut tenter de sauver les siens par n’importe quel moyen’ Oui, je suis folle et suicidaire de vouloir tenter cette entreprise illusoire, mais que veux-tu, il faut bien que quelqu’un le fasse…"

Il se mit à rire, doucement, ce qui accentua encore plus le rictus de la Chimère Blanche. Il lui ordonnait de sortir, de ne plus revenir ici. Des menaces en plus de ça. Tranquillement, Valandra s’avança, passant à côté de Vincent. Elle s’arrêta à sa hauteur, se pencha doucement vers lui, non loin de son oreille pour lui chuchoter quelques mots.

"Nous nous reverrons, soyez en sûr… Cependant, je réviserai mon jugement, je n’ai pas encore pris ma place dans tout ceci, je suis consciente du revers de la médaille…les Ombres, ne méritent pas d’être sauvées par les autres, elles doivent se sauver elle-même ou alors sombrer…" dit-elle doucement comme dans un murmure.

Elle continua sa route, montant lentement les escaliers. Elle s’arrêta en chemin, posant son regard sur le dos du chef des Ombres.

"Vous me rappelez…un patient dont je m’étais occupée en hôpital psychiatre du temps où j’étais une interne et encore vivante, mais je ne me rappelle plus exactement pourquoi…à force d’être ici, la mémoire défaille…trente ans, c’est long…"

Sur ce, elle continua de monter les marches, faisant très attention de ne pas se faire repérer par d’autres Ombres et s’évanouit dans le décor d’hiver.

» A la recherche de Mary Malone... (scénario)
» Recherche avatar
» Recherche un peu spéciale...
» Avis de Recherche
» Recherche Zoulie Signature ^^