Culpabilité quand tu nous tiens

Des traces de pas laissées dans la neige blanche et volatile menaient vers les Ruines du Refuge humain. Peu de personnes osaient encore y mettre les pieds. Ils avaient tous peur de ses créatures non-identifiées qui rôdaient, tapies sous l'épais manteau qui recouvrait Hollow Dream. Ces Bêtes déchiquetaient les chairs aussi facilement qu'un fil tranche du beurre trop mou. Les griffes s'infiltraient dans la peau, tranchaient les vaisseaux sanguins et arrachaient le muscle alors que celui ci était encore frais et sanguinolant. Et c'était pour toutes ses excellentes raisons que bon nombre des Resistants restaient sagement planqués dans la bibliothéque en attendant que ces créatures des neiges daignent enfin les laisser tranquilles. Mais rien ne semblait les effrayer et elles guêtaient, bien à l'abris sous la neige, le moment opportunt pour sauter sur leur proie et la dévorer en moint de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Aussi silencieuse que la plus petite des souris, Kim pénétra dans ce qui restait de leur ancien Refuge. Le feu qui a autrefois ravagé les lieux puis la neige qui s'est abattue sur le village ont rendu l'endroit méconaissable. Plantée au milieu des décombres recouvert d'une fine pellicule de givre, la jeune fille regardait tout autour d'elle. Mon Dieu ! Comment avaient-ils pû en arriver là ? Tout simplement en assemblant deux stupieds morceaux de métal qui n'auraient jamais dû l'être. Mais elle n'était pas folle, elle l'avait bien vu dans sa vision. Cette lumière aveuglante. C'était une porte de sortie, elle en était convaincue ! Quelque chose leur avait échappé. Peut-être la langue de Mary avait-elle fourchée lorsqu'elle avait lu les incantations, peut-être Kim s'était-elle trompée et qu'elle n'avait pas arraché les bonnes pages du grimoire. Et voila où la plus grosse erreur des deux dirigeantes humaines les avait menés: Ce monde était condamné à être éternellement blanc. Et les créatures, telles deux Reines des Neiges, faisaient la loi dans cette vallée tuant tout ceux qui avaient le malheur de croiser leur chemin.

Kim soupira, un nuage s'échappant de ses lèvres. La condensatioin, cela s'appellait la condensation. Il faisait froid dehors et le souffle de la jeune fille était chaud d'où production de vapeur. D'une main rougie par l'air glacé, elle poussa la porte de ce qui fût jadis une auberge. Maintenant ce n'était plus qu'une simple bicoque qui tombait en ruines dont les poutres brûlées étaient recouvertes de givre. Une fois ouvert, le panneau en bois tomba dans un vacarme épouvantable, soulevant de la neige. L'étudiante fit un pas en arrière et regarda la porte de travers. Elle devait faire plus attention si elle ne voulait pas attirer les Bêtes. Elle serra les poings en découvrant le chaos laissé par le feu et la neige. Les tables -celles qui tenaient encore debout- étaient totalement calcinées, de même pour les bancs et les rares chaises. Les murs se dressaient encore fierement vers le ciel par on ne sait quel tour de passe-passe. Et dans un coin, trônait encore l'énorme cheminée qui présidait jadis les réunions des Resistants dans l'Auberge. Seule manquait la moitié de clef qui était incrustée dans la pierre. C'était Kim qui l'avait arrachée, se cassant quelques ongles au passage.

Dans un bruissement de son long manteau, la jeune fille s'avanca vers l'âtre. Elle posa une de ses mains sur la pierre froide et un de ses doigts souligna les contours de l'emplacement de la clef. Elle était sûre que quelque chose leur avait échappé. Il fallait qu'elle trouve quelque chose, n'importe quoi. Alors, elle se mit à fouiller frénetiquement les lieux. Elle soulevait les tables et les bancs, enlevait les pierres et les remettait en place, observait pendant de longues minutes le trou laissé par le morceau de métal comme ci il allait lui donner la réponse qu'elle cherchait. Non, rien. Il n'y avait rien içi.

"Et merde !"

De rage, elle donna un coup de pied dans une des chaises. Il n'y avait rien dans ces ruines. Rien qui puisse leur être utile en tout cas. Kim se mit assise sur le bord de la cheminée, les mains crispées dans ses longs cheveux noirs., les yeux rivés sur le sol gelé et glissant de l'ancienne Auberge. Si seulement elle pouvait avoir de nouveau une vision, une seule. Une toute, toute, toute petite vision. Cela attenuerait peut-être le sentiment de culpabilté qui la rongeait depuis qu'elle et Mary avait rassemblé le fameux médaillon.

[A qui veut]

Pourquoi avait-il fallu que cela soit elle qui ait une vision ? Pourquoi ce stupide monde qui semblait tous les diriger comme de vulgaires pantins lui avait fait voir ça à elle ? Peut-être parce qu'elle était predisposée, avec ces maux de crâne à répétition. Peu de gens étaient au courant de cela mais Kim était bel et bien malade. Une tumeur particulièrement foudroyante et rare, si l'on reprenait les mots exacts du médecin. Ah ça la jeune fille en savait quelque chose ! Quand les douleurs se déclaraient, elle était obligée de se recroqueviller sur elle même les mains sur la tête pour éviter quand ses muscles tendus ne se rompent. Enfin, c'était l'impression qu'elle avait. Et ensuite Kim devait rester allongée deux à trois jours pour récupérer entièrement. Et dans cette vallée, ce n'était pas très bon de rester si longtemps allité.

C'est pour cela qu'on lui rabachait souvent: Kim, ne t'éloigne pas trop. Kim tu ne devrait pas sortir seule, ce n'est pas prudent. Kim par ci, Kim par là et blablabla. Et ces conseils s'étaient intensifiés depuis qu'elle s'était faite enlevée. Mais elle avait marre ! Marre d'être içi, marre de devoir écouter tout ses idiots qui n'y comprenaient rien à rien et qui étaient ingrats avec ça ! D'accord l'assemblage du médaillon avait eu un effet inverse à celui escompté et avait même aggravé la situation mais Kim et Mary avaient fait cela dans le simple but de rammener tout le monde chez eux, auprès de leur famille et de leurs amis. Pourquoi est-ce qu'ils n'essayaient jamais de se mettre à leur place ? Pourquoi est-ce qu'ils se contentaient de les abandonner ou de les faire culpabiliser encore plus ? Parce que cela était bien plus simple que d'essayer de comprendre.

Assise sur le rebord de la cheminée, Kim fixait le sol. Mais qu'est-ce qui avait cloché bon sang ? Cette porte, elle l'avait vue. Elle était peut-être malade mais pas folle. Où qu'elle puisse se trouver, la jeune fille était persuadée que cette porte existait vraiment et qu'elle menait à autre chose qu'à un monde gelé et infesté de créatures sanguinaires. Il lui fallait ce grimoire pour s'en assurer et il avait surement dû brûler avec les trois quarts du Manoir des Ombres. La situation semblait vraiment desespérée. Kim redressa vivement la tête. Elle rêvait ou elle venait vraiment d'entendre quelqu'un tousser ? Elle haussa les sourcils. Le virus de la grippe existait aussi à Hollow Dream ?

Un homme, à l'apparence plutôt jeune, se tenait debout en face d'elle. Son visage lui disait vaguement quelque chose mais elle n'avait pas vraiment envie de faire l'effort de remettre un nom sur ces traits. Elle s'appuya sur un de ses genoux et nicha sa joue au creu de sa main. Ses iris noisette étaient braqués sur l'inconnu.

"Qu'est-ce que tu fait là ?"

A Hollow Dream, et surtout par les temps qui couraient, Kim se méfiait de tout et de tout le monde. Sauf de Mary, bien entendu. La jeune fille avait l'air exténuée. Et elle l'était ! Vivement que tout cela soit fini et qu'elle soit enfin rentrée chez elle.

Kim regardait fixement le sol enneigé. Elle ne faisait guère attention à l'inconnu même si elle écoutait ce qu'il lui disait. De toute manière, il n'avait pas l'air très agressif. Ici, à Hollow Dream, les monstres en tout genres se contentaient de se jeter sur les humains et de les déchiqueter pour les plus barbares ou bien de les faire souffrir le martyr pour les plus cruels. L'homme qui se tenait devant elle ne semblait appartenir à aucune de ces deux catégories, il semblait inoffensif, même si cette notion était largement alterée dans ce monde d'hiver éternel.

Hein ? Quoi ? La jeune femme redressa vivement la tête au point de s'en faire craquer les vertébres. Elle darda son regard noisette sur l'inconnu et fronca les sourcils. Elle avait bien entendu: il venait de l'appeller par ses nom et prénom, sans oublier de citer son poste dans la hierarchie humain ? L'étudiante revient sur son jugement un peu trop hâtif: Cet homme cachait bien son jeu, il semblait aussi doux que puisse l'être un inconnu à Hollow Dream puis l'appellait par son nom exact et connaissait parfaitement son rôle dans la Resistance Humaine. Suspicieuse au possible, Kim se releva et glissa discretement le poignard qui pendait à sa ceinture dans sa manche. Elle fit quelques pas pour se rapprocher de l'inconnu, la neige crissant sous ses pieds.

"Et moi je vais répondre par votre question par une autre question: Comment connaissez-vous mon nom et mon rôle dans la Resistance ?"

A tout les coups, c'était encore une de ses Ombres qu'elle avait vu lors de son bref mais inoubliable séjour dans le Manoir. La jeune femme scruttait les moindres recoins de la bâtisse dévastée, cherchant à repérer une éventuelle présence suspecte. Pour l'instant l'endroit était plutôt désert et assez calme mis à part Kim et son interlocuteur. Pourtant elle était convaincue que même si elle arrivait à détecter assez rapidement la présence d'une quelconque elle n'aurait jamais assez de force pour courir se réfugier dans la bibliothéque qui se trouvait à l'autre bout du petit village. L'étudiante est malade, ne l'oublions pas.

Les mains sur les hanches, elle fixait l'homme droit dans les yeux, attendant une réponse de sa part. Si elle avait vu juste et qu'il fût réelement une Ombre, son poignard ne lui serait d'aucune aide. A moins qu'il se rende tangible mais Kim en doutait fortement. Elle imaginait assez bien qu'il n'avait pas la moindre envie de se faire transpercer par sa lame rendue glacée par le froid ambiant.

"Qui est-ce qui t'envoie ?"

La voix de Kim résonna dans les environs. Bah oui, il avait bien une raison au fait qu'il se trouve dans ses Ruines. Et, quoi qu'il veut lui faire croire, il y a plus attrayant comme endroit pour faire une petite ballade. La jeune femme avait un motif précis quant à sa présence en ces lieux hostiles: Elle voulait comprendre. Comprendre pour pouvoir ensuite rentrer chez elle.

- Et moi je me demande ce qu'une Ombre et une humaine sans défense font sur leur territoire de chasse préféré... Vous avez déjà envie de mourir?

Saedroth. Evidemment. Qui d'autre? Il avait surgi d'une batisse dont il ne substitait que les murs noircis, sarcastique. Son histoire s'était répandue comme une trainée de poudre dans les trois faction, une Chimère bizarre que l'Hiver avait étrangement fait changer...

- Je dois voir un responsable humain, lança-t-il à Kim. C'est important.

Il se tourna vers Soren.

- Je pense qu'il ne sera pas malvenu qu'une Ombre soit là pour entendre ce que j'ai à dire. Ces informations nous concernent tous.

Quoi qu'elle en pense, et bien que cela la dérange un peu, Soren avait raison. Son poignard ne lui serait d'aucune utilité face à lui. Il était aussi inoffensif qu'un bébé. Résignée, Kim rangea son arme et se laissa retomber sur le bord de la cheminée. Ses mains pendaient mollement entre ses jambes legerement écartées et elle regardait tristement l'Ombre qui se trouvait en face d'elle. Elle était là parce qu'elle en avait marre mais il était hors de question qu'elle l'avoue. Elle était sencée diriger les humains. Alors que penseraient-ils d'elle si jamais ils apprenaient qu'elle était completement démoralisée ?

Bien sur que si qu'elle avait déjà entendu parler du soit-disant fantôme des archives mais elle avait toujours cru que cela étaient des hallucinations de ses hommes fatigués par la situation. La jeune femme hocha doucement la tête de haut en bas puis esquissa un bref sourire. Elle n'était pas d'humeur à sourire, elle voulait dormir en paix pour pouvoir recouvrer un peu de force, bien qu'elle n'en ait pas beaucoup à l'origine. Mais le peu de vitalité qu'elle avait jadis semblait l'avoir quittée quand était tombée la neige.

"Si, j'ai déjà entendu parler de vous. Mais je croyais que vous étiez un mythe alors je n'ai jamais cherché à vous rencontrer."

Kim commençait à être relativement détendue. Enfin aussi détendue qu'elle puisse l'être dans un endroit pareil. Quand soudain un autre individu surgit de nulle part à la manière des Bêtes qui se camouflaient sous l'épais manteau de neige. Et la jeune femme aurait pû reconnaître cette Chimère entre milles: Saedroth. Il représentait un peu une légende locale, un peu comme une histoire que l'on raconterait à un jeune enfant. Sauf que les contes pour enfants finissaient bien et que l'histoire de Saedroth tenait plus du film d'horreur.

Tant est si bien que Kim se releva d'un bond et essayait de garder une distance raisonnable entre elle et la Chimère. On disait qu'elle avait le pouvoir de manipuler la glace et de faire pourrir les gens rien qu'en les regardant. Bref, rien de très engageant en somme. La jeune femme arqua un sourcil, plus méfiante qu'elle ne l'avait jamais été. Saedroth avait quelque chose à lui dire ? Très bien, tant qu'il ne venait pas lui murmurer à l'oreille l'Etudiante était prête à tout entendre. Prenant une longue inspiration, elle tira sur sa veste et darda son regard sur la Chimère

"Je suis un responsable humain, je t'écoute. Que veux-tu me dire ?"

Peu rassurée par la venue de Saedroth, la jeune femme regardait un peu partour autour d'elle. Et si tout cela n'était qu'un piège ? Et si cette Chimère avait ammené tout ses copains en vue d'un petit pique-nique en plein air ? Kim n'avait aucune envie de finir en plat de resistance. Mais sa curiosité maladive lui dictait de ne pas partir maintenant, elle voulait savoir ce que Saedroth avait à lui dire.

- Aux dernières nouvelles, les Ombres ont toujours eu un tempérament plus calme et posé que la moyenne de mes ex-compatriotes. Avec un peu de chance ils t'écouteront avant de te mettre en pièces. Même s'ils doivent être un peu sur les nerfs depuis qu'on a grillé votre petit chez vous.

Il se tourna vers Kim, toujours effrayée manifestement :

- Je viens proposer un marché. Comme vous avez pu le constater, j'ai subi, bien malgré moi, quelques... modifications. La plupart des Chimères me considèrent probablement comme étant à la solde des Bêtes, peut être même comme l'une des leurs. A votre avis, que risque-t-il de se produire si j'approche d'êtres aussi impulsifs qui me considèrent comme allié à la source de tous leurs maux? J'ai également des griefs plus... personnel Il désigna son bras brulé à l'égard de Cold. Plus quelques raisons que je ne citerais pas. Je demande donc l'asile politique. En échange de mes compétences, et des informations que je possède sur les Chimères, ainsi que quelques...présomptions, au sujet des Bêtes.

Asile politique... Deux mots venus tout droit d'un monde de droit, d'un monde civilisé où les monstres n'existaient pas et où le taux de mortalité par mort violente était tout de même beaucoup moins élevé. Deux mots tout à faits incongrus dans la bouche d'un zombie de deux mètres de haut partiellement incinéré avec un visage qui n'était probablement pas le sien. Saedroth était avant l'hiver un charognard, et il n'attaquait notoirement qu'en dernier recours. Quelqu'un de relativement fréquentable, donc, par rapport aux standarts locaux. Kim se souvenait de l'arrivée d'une petite fille nommée Yelena à leur refuge, que Mary Malone avait immédiatement pris sous son aile et dont le témoignage plaidait même en la faveur de Saedroth. Mais tout ça c'était avant. Le récit du retour sanglant de la Chimère était encore frais dans la mémoire de pas mal de monde, et indiquait que Saedroth semblait se comporter désormais de façon moins sympathique.

- Ces informations peuvent sauver beaucoup de vies...

Oui, mais à condition que Saedroth dise vrai. Qu'il ne soit pas un assassin envoyé par Cold. Ou par les Bêtes. Ou oeuvrant pour son propre compte. Kim était déjà torturée par la culpabilité, allait-elle prendre le risque d'aggraver son cas en faisant entrer le loup dans la bergerie?

- Les Ombres m'attaqueront à vue, les Bêtes me considèrent autant comme de la nourriture que vous. J'ai réussi à survivre en habitant les maisons brulées mais ça ne durera pas indéfiniment. Je suis dos au mur, mademoiselle.

Kim tombait des nues, la surprise remplacant l'air effrayé qu'elle avait arboré en voyant Saedroth débarquer dans ce qui restait de l'Auberge. Ce zombie brûlé au troisième degrè lui demandait l'asile politique. Et puis quoi encore ? Une tasse de café bien chaud et des cookies au chocolat ? Non, non. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle avait fait assez de mal comme ça en essayant de les faire tous sortir d'ici.

Oui mais en contre-partie, Saedroth disait posseder des informations concernant les Bêtes et même un moyen de les repousser. Et si cela n'était pas vrai ? Si il avait inventé cette histoire de toutes pièces en espèrant que la jeune femme lui assure la protection. Comme ça il était sûr de ne pas se faire tuer par ses semblables et était assez près des humains pour pouvoir s'offrir un petit casse-croute quand il le désirerait. C'était assez astucieux comme idée. C'est qu'il était malin pour un mort-vivant.

Kim croisa les bras au niveau de sa poitrine et daigna s'avancer de quelques pas. Si elle avait bien compris, la Chimère avait besoin d'elle et donc ne la tuerais pas. A moins que celle ci ait menti. Mais bon, il y avait toujours la présemption d'innocence malgrès que le concept de justice soit fortement altéré à Hollow Dream.

"Et qu'est-ce qui m'assure que tout ce que tu me dit est vrai ?"

Cependant, l'Etudiante devait bien reconnaître que la position de Saedroth était on ne peu plus inconfortable. Rejeté de tous, il n'avait aucun endroit où aller. C'était d'ailleurs un miracle qu'il soit encore en vie. Ou alors ceux qui prétendaient qu'il était un émissaire des Bêtes étaient dans le vrai. De toute manière, il n'y avait que deux solutions: Soit il était très chanceux, soit il était envoyé par ces satanées bestioles. Kim se mordit la lèvre comme à chaque fois qu'elle réflechissait. Elle ne pouvait pas savoir ce qu'il avait de si precieux concernant les Bêtes à moins d'accepter son offre. La protection contre les informations. Oui mais elle ne pouvait pas se permettre de commetre une erreur de plus ou alors c'était elle qui se retrouverait à hanter ces Ruines.

"Donne moi juste une journée pour réflechir Saedroth. Je ne peux pas te faire entrer chez nous comme ça, je ne tiens pas à retrouver tout les humains putréfiés et à moitié dévorés."

Kim avait donc décidé qu'elle devait s'entretenir avec Mary et les autres avant de lui donner une réponse. Elle ne voulait pas s'engager à la lègere et risquer de faire la même erreur qu'elle avait faite par le passé. Toujours aussi droite et imperturbable, bien qu'effrayée par Saedroth, la jeune femme fixait la Chimère dans les yeux. Accepter le délai qu'elle lui demandait était la seule chance qu'il avait d'avoir la protection des humains.

Sensée. Cette petite avait du plomb dans la tête. A retenir si jamais les négociations s'achevaient par une fin de non-recevoir. A vrai dire il y avait de très fortes chances que les négociations s'achèvent ainsi. Un "non" poli, dans le meilleur des cas. Un tir de fusil à pompe en pleine tête dans le pire. Si jamais ça arrivait... Grillé chez les Chimères, rejeté par les humains, quand aux Ombres... Si la moitié de ce qui se dit sur Vincent est vrai, et vu qu'ils auront encore en mémoire le fait que c'est aux Chimères qu'ils doivent la destruction des deux tiers de leur chateau, son espérance de vie à proximité de leur QG était dangereusement proche de zéro. Sauf dans l'hypothèse où ils parviendraient à le prendre vivant. Et seul il devrait faire face à une meute de Bêtes affamées et trois factions hostiles. Autant dire que ce serait très, très difficile.

- Je comprends que vous deviez en référer à votre hierarchie, mais je vous rappelle que chaque seconde passée hors d'un batiment solide augmente les probabilité pour que je finisse en croquettes. Et une fois que vous en saurez autant que moi sur ces Bêtes, je vous promet que vous ferez des cauchemards à l'idée de ce qui se passerait si je venais à mourir...

Il s'interrompit. Il en avait déjà trop dit à ce sujet.

-Quand aux preuves...

Il retroussa sa manche droite, laissant apparaitre l'étendue des ravages de la mutations. Outre l'aspect immonde de la chair carbonisée, de la peau noire et craquelé, des fissures purulentes, on pouvait nettement voir dépasser au niveau du coude une lame triangulaire grande comme la main, et trois pointes osseuses en ligne sur l'avant-bras. Mais était-ce vraiment de l'os? Blanche et luisante, on aurait plutot dit de la glace...

- J'ai été chercher ces informations à la source même mademoiselle, et je les ai payé de mon sang. Elles ont influé sur mon propre organisme, au point d'avoir changé mon apparence. Cette modification me donne un très léger avantage face aux Bêtes, mais ne vous y trompez pas, je ne survivrais probablement pas à une seconde confrontation face à ces créatures. Je n'ai pas d'autres preuves. Il faudra me croire sur parole. Tout comme je suis obligé de vous faire confiance. Votre délai est amplement suffisant pour rameuter une dizaine de tireurs et les embusquer un peu partout, avec pour ordre de me mitrailler dès que j'approcherais.

Il décida d'enfoncer un peu le clou, c'était le moment de vendre le produit, un echec signifiant, à plus ou moins long terme, la mort.

- Mes informations concernant les Chimères sont directement exploitables. Et mes compétences sont tout sauf inutiles. A ce rythme là, les Bêtes vous auront exterminés dans moins d'un mois, et probablement moins pour les Chimères. Je vous donne l'occasion de sauver votre vie, et celle des votres.