L'attrait du vide [Pv Aven]

Éteins ce râle que je ne saurais souffrir, ouvre les yeux sur l’absurde réalité macabre de ces lieux désenchantés. Donne à ce visage l’impression de la vie et offre-lui les émotions tourmentées d’un humain qui se réveille. Oui Aven, ouvres les yeux !

Ce fut comme si la vie avait de nouveau retrouvé son enveloppe, le corps inconscient de Cold se releva dans mouvement. Comme sortant d’un mauvais rêve et alors que le cri puissant qui lui avait échappé résonnait encore dans ses oreilles qui tambourinaient à ses tempes, il ne comprit pas ce qu’il se passait. Il était assis contre un arbre, sa chemise noire trempée par la pluie collait à sa peau et ses cheveux blonds dégoulinaient sur son visage. Quand il porta la main pour les relever devant ses yeux, il ne vit aucune griffe, ni aucun doigt repoussant comme figé dans la glace. Juste une main humaine aux ongles maculés de boue ce qui n’avait rien d’étonnant. Tout dans son esprit se rencontrant en une curieuse mascarade, des souvenirs diffus d’une violence inouïe passèrent comme un voile et le fit frissonner dans tout son être, où peut-être était-ce la pluie ? Qui pouvait savoir ? Surement pas Cold actuellement persuadé de s’appeler Aven. Aven Engels, comme les anges.
Mais quoi d’autre ?

Que faisait-il dans cette forêt ? Pourquoi son jean lui donnait l’impression d’être tombé à genoux sans se rattraper tellement il était couvert de cette boue infecte qui pénétrait jusque dans sa bouche, il en avait le gout infect et il eut l’affreuse certitude, en réfléchissant sur ses émotions, qu’il s’était passé quelque chose ici. Il se demandait aussi comment il pouvait garder son calme, Rick lui avait parfois reproché son manque de conscience ou alors sa témérité. Non, ce n’était pas ça. Il savait que les ombres et les chimères rodaient dans le coin et qu’il fallait fuir, mais son esprit semblait anesthésié comme son corps. Et quand il se releva difficilement, c’est à peine s’il remarqua la bague d’acier déformé qui se détacha de son doigt et alla se perdre entre deux feuilles humides. Il fallait qu’il trouve un abri, ou il allait tomber malade. Mais où était Rick ?

Il n’est pas loin dans la forêt. Quelques pas lui en montre la lisière, il voit les contours de la plaine se dessiner entre les arbres lugubres et leurs branches étendues comme des barrières. Son cœur accélère, il réalise. Il s’arrête à l’orée et il est comme frappé.
Putain combien de temps Aven !

Combien de temps que tu dors ?

Cet endroit tu ne le reconnais pas et pourtant tu te targuais de ressentir cette vallée, de savoir qu’elle te voulait, toi pour faire... pour faire quoi ? Des images lui sautent aux yeux et il recule, il doit les effacer. Ses mains se plaquent sur ses yeux et c’est le noir. Il revoit un gâteau d’anniversaire devant lui, et la fille, mais qui ? Comment, son nom Aven bordel ! Elle t’avait invité. Mais pourquoi ? Il ne voit que le regard de l’américain, ce regard qu’il ne comprend et qu’il le fend jusqu’au cœur. Mon ami, pourquoi dans tes yeux, la haine ?

Sa main rencontre la surface rêche du bois et ses yeux s’ouvrent sous l’étonnement. Aven fronce les sourcils et regarde d’un air circonspect la surface du végétal, des traces de griffe profondément ancrées. Des chimères. Les salopes. Bouges toi Aven ! Même si cette marque date, il a l’impression de les sentir derrière lui, surtout une et son regard glacé.

Et pourtant, ses pas auraient du le conduire vers le refuge humain qu’il n’avait jamais fréquenté.
Y retrouver ceux qu’il connaissait, leur dire qu’il allait et accessoirement foutre une bonne patate en travers du mec qui avait gâché la fête.

Et pourtant…

Pourtant ce fut le Cardinal’s Jail qui attira son esprit et y conduisit son errance. Pourquoi ce lieu. Quand il arriva devant, Aven ne put constater qu’il y avait un incendie. Avec cette pluie ? Averse qui diminuait lentement mais pas suffisamment, Aven entra et le plancher grinça sous ses pieds.
Une rousse, il fallait le dire puisqu’on ne voyait qu’elle et ses cheveux dans le bar de l’entrée, et qui s’apprêtait à boire à la bouteille.

« Allons bon, tu parles à une bouteille ? »

Il ne savait pas qui elle était, il l’aurait reconnu. Elle devait surement être une nouvelle arrivante. Aven en déduisit avec une facilité qui frisait l’arbitraire qu’elle ne devait pas en connaître plus que lui, et que davantage, elle devait être facile à plumer. S’avançant d’un pas lourd il se rendit qu’il était pied nu, ce qui achevait de classer ce réveil et donc cette journée dans la catégorie des nuisibles à rayer de sa mémoire. Il attrapa la bouteille.

« Merci, j’en ai besoin »

Avant de s’en enfiler une rasade.

Un instant.

Il recracha généreusement tout ce qu’il venait de boire sur le côté. La bouteille !!! L’odeur. Une bouteille de whisky, c’était du vin dans une bouteille carré et ça avait tourné au vinaigre.
Deuxième réaction.

« Dis-moi que tu as de l’eau, vite »