/!\ Repas chimérique

Invité

"Non ! Non !"
Un cri, une supplique, à peine criée, déjà emportée par le souffle glacial du vent. La brume courant entre les pierres tombales ne permet pas de voir très loin, de savoir où est cette femme qui laisse exprimer son désespoir... Pas plus qu'elle n'autorise l'identification du prédateur qui lui arrache pareil sentiment. Un parfum de mort flotte dans l'air givré. Est ce le cimetière, ou autre chose ?
CRACK "Aaaah ! Mon bras ! Non, pitié !"
Une jeune femme, brune, avance en rampant dans la neige, bravant le froid et la douleur par quelques réserves d'adrénaline. Son bras, plié en trois, reste recroquevillé sur sa poitriène, tandis qu'elle s'appuie à un bloc de marbre pour se relever et se retourner. Plus personne. L'effroi la glace jusqu'à l'os, bien mieux que le climat hivernal, tandis que ses muscles se figent. Regagnant un silence relatif, elle laisse son regard scruter chaque centimètre de son entourange, avec une fébrilité paranoïaque. Mais le monstre n'est plus là, disparut, envolé.
Envolé...
Quel démon viendrait du ciel ? Les démons ne sortent ils pas des profondeurs de l'enfer ? Un éclair sombre attire son attention, lui faisant redresser la tête.
"Noooo-urk !"
Silence.

Nina reste accroupie sur la pierre tombale, à observer ce corps que le froid attaque déjà. Le sang, gelé, n'a pas eu le temps de tapisser convenablement la couche cotonneuse de la neige, stoppé dans son élan par une solidification par le froid. Immobile, telle une gargouille sur cette plaque de marbre dressée, la chimère remue doucement la queue, l'air indécise. Ses doigts fins s'approchent de la bouche sombre, déjà entre-ouverte. Sa langue rouge vient laper le liquide veirmeille qui lui macule la main, tandis que son esprit vagabonde plus loin que la Vallée... Qu'y a-t-il, après ? Au delà ? Comparé à la vision cendreuse, sulfureuse de l'idée que Nina s'était toujours fait de l'enfer, l'aspect glacial et lugubre d'Hollow Dream était bien plus désespérant. Mais la chimère a abandonné l'idée de rentrer un jour... De toute façon, elle avait assez joué les victimes dans sa vie pour avoir une bonne raison de revenir à un monde à peine plus joyeux. A cette dernière pensée, les yeux noirs s'illuminent, telles deux torches de rage pure.
Cette putain de vie.

Préférant oublier, Nina se penche sur le cadavre féminin, sans quitter son perchoir. L'attrappant par les cheveux, elle le soulève comme s'il ne pesait rien, regardant ce visage figé par une expression de terreur. Qu'elle est vilaine, cette femme, avec une telle mimique... Son regard traduit parfaitement la négation de la réalité, face à une mort imminente. Un simple "Non" désespéré, pourtant si plein de l'espoir que les griffes de la chimère s'arrêteraient avant qu'il ne soit trop tard. Ses doigts glissent sur l'arcade sourcillière, avant de tracer un cercle autour du globe exorbité. Ses griffes se faufilent entre l'oeil et l'os, décollant peu à peu le globe de sa cavité. Le nerf optique résiste quelques secondes, avant de céder, propulsant directement cette boule tendre dans le creux de la main noire. Se saisissant des restes de ce nerf, la chimère fixe quelques secondes cet oeil féminin. Les yeux sont les fenêtres de l'âme, dit on... Comme ces deux mioches, léchant les careaux de cette maison de pain d'épice, mademoiselle Black engouffre l'oeil entre ses lèvres charnues. Elle en savoure un instant le goût, avant de le faire éclater en le comprimant entre sa langue et son palet. Cet met fin et chargé de symbolique n'est, tout compte fait, pas meilleur que n'importe quel autre bout de bidoche tiré d'un cadavre, humain ou non, mais peut servir d'appréciable amuse-gueule.

Après avoir avalé le deuxième oeil, Nina s'attaque à un deuxième préjugé : le cerveau. Cerveau, siège de la conscience... certaines cultures dévoraient les cerveaux de leurs ancêtres décédés, dans l'espoir d'absorber leur sagesse. La jeune chimère ne croit pas à ces superstitions, mais elle trouve la cervelle, malgré sa consistance, plutôt à son gout. Le tout, c'est de l'extraire. Ses doigts fermement cramponné à la chevelure sombre, elle se met à cogner cette tête féminine contre l'arète de la pierre tombale. La force chimérique veint facilement à bout de la boite cranienne et, jaugeant parfaitement bien sa puissance, Nina empêche que le crâne n'éclate purement et simplement, brisant juste les os de cette jolie tête. Un peu comme quand on casse une coque de noix, sans transformer la noix en purée. Après avoir délicatement enlevé une part de cuir chevelu, puis retiré une plaque osseuse, la substance visqueuse se présente à son appétit carnassier. La chimère prend son temps pour absorber l'intégralité du cerveau, savourant chaque bouchée comme un met précieux et savoureux.
...
Un bruissement lui fait relever la tête.
Quelqu'un par là ?

Invité

Après un léger reniflement de l'air ambiant, la chimère nudiste se détourne de nouveau vers le cadavre. Sa tête se penche sur le côté, tandis qu'elle observe cette tête fracassée, avec un trou gros comme une main ouverte et les cavités occulaires vides. Plongeant ses doigts dans les narines féminines, Nina tira le corps à elle, après avoir posé son sublime fessier d'obsidienne sur la pierre tombale. De ses deux mains, elle ouvre en grand la bouche de la femme décédée, avec un détachement effrayant. Après tout, ce que beaucoup pouvaient considérer comme une personne n'est plus, pour la chimère, qu'un vulgaire bout de bidoche à l'aspect vaguement humain. La mâchoire continue à s'ouvrir, plus que ça n'est normalement possible, dans une série de craquements immondes. Finalement, donnant un dernière acoup, Nina déboite la mâchoire inférieure. Apportant ce visage ravagé à sa bouche, la femme sombre montre les dents, puis mord. Sous son émail clair, la peau tendre se déchire avec une facilité déconcertante, tandis que les muscles maxilaires, crus, résistent aux crocs chimériques.
Nina grogne.
Son acharnement dure quelques secondes durant lesquelles sa peau se pare d'arabesques lumineuse, preuve de la colère qui s'empare d'elle à cet instant. Même morts, ces proies là refusent de lui faciliter la tâche...
*Clac*
Sa mâchoire se referme brusquement, alors que les tendons sont finalement sectionnés. La mâchoire inférieure, rendue à peine saignante à cause du froid, finit négligeamment jetée dans la neige, tandis que Nina s'affaire sur les restes ravagés de ce qui fut autrefois un visage. Ses doigts poisseaux, glissants, ont du mal à saisir les muscles maxilaires, encore attachés à l'ossature supérieure. Muscles qui d'ailleurs, accompagnés d'une langue bleuie, pendent dans le vide. Mais la chimère ne se formalise pas de la laideur de son repas, mordant à pleine dent dans cette viande froide. La chair disparait peu à peu par cette bouche vorace, passant entre ses dents blanches. La langue n'y échappe pas et, bientôt, cette face se trouve bientôt nettoyée des bouts de barbaque qui pourraient dépasser de sa peau déchirée. Nina marque un temps d'arrêt avec un soupire de lassitude.

Cette fille serait mieux cuite.
Arrachant un morceau de la chemise de sa proie, la chimère s'essuie la bouche, puis les mains, avant de poser le corps sur son épaule, comme un vulgaire sac à patates. Descendant de son perchoir mortuaire, elle se dirige vers la sortie du cimetierre d'une démarche lente. P'tetre qu'ils auraient ça, au Cardinal's, de quoi faire cuir la viande ? Evidemment, il faudrait aussi partager...

- Bon appétit.

C'est bien connu, les Chimères ne sont pas toutes carnassières... Il y a aussi LE charognard de la Vallée, celui qui a d'ailleurs un petit air de famille avec son menu, et qui, soit dit en passant, a honteusement retourné sa veste pour bosser pour les humains. Remarque, vu ses habitudes alimentaires, ça ne le gênait pas trop.

Et ça ne le gêne pas non plus de constater qu'un de ses nouveaux amis vient de finir en patée pour chimère, apparement. Sortant à demi d'un caveau ouvert, le menton et le col barbouillé de sang, il était apparement lui même en train de déjeuner, même si son repas était probablement plus faisandé. Sortant de son trou, il jette un oeil au cadavre.

- Ah, c'est elle? Bien fait pour sa gueule, je pouvais pas l'encadrer, et c'était réciproque. Encore une de ces séparatistes à la manque. Elle a pas un petit arrière gout de fiel?

Manifestement, ça ne lui vient même pas à l'idée que la sublime créature de cauchemar qui lui fait face pourrait le grignoter au dessert pour haute trahison, ou se contenter de ramener sa tête à Cold dans un paquet cadeau histoire de s'attirer ses bonnes graces. Enfin, si, ça lui est surement venu à l'idée mais il est d'un naturel confiant dans sa capacité à calmer ce genre de velléités meurtrières à son égard. Un peu trop confiant, d'ailleurs. Mais l'humilité, ça n'a jamais été son fort.

- Au fait, j'ai comme l'impression que c'est la première fois qu'on se croise. Nouvelle arrivante?

Invité

Bon appétit ?
La chimère aux allures démoniaque se retourne brusquement vers Saedroth, faisant crisser la neige sous ses pieds nus. Charmant contraste entre la femme de l'enfer et le revenant, deux mangeurs de viande si différents et, pourtant, si semblables, incapables de trouver le repos pour avoir succombé au péché de colère. Celui là aime parler, de toute évidence, sois parce qu'il aime s'entendre, ou bien parce qu'il aime entendre les autres. Alors qu'il se perd dans ses considération sur ses relations avec la morte, Nina, elle, se déleste de son cadavre. Cadavre qui s'écrase sur le sol, s'enfonçant dans la couche blanche et froide qui le couvre. Il n'a pas finit de parler, que la bimbo du Démon a déjà commencé à tourner autour, lentement, comme un animal de proie autour de son prochain diner. Sa queue ondule lentement, tandis qu'elle le scrute.
Puis vient la question.
S'ils se sont déjà vus ?
Non, il ne se sont jamais vu ou, du moins, Nina ne s'en souvient pas. Pourtant, son physique lui rappelle quelque chose... Un cadavre ambulant, qui cotoie ces sacs à viande. Les chimères rénégates existaient et certaines rumeurs couraient sur eux, sur lui, le "maccabé". Les yeux noirs se plissent, elle n'attaque pas tout de suite. Peut être qu'en restant un peu à son contact, elle peut le comprendre. De son vivant, Nina avait toujours été curieuse, il n'y avait aucune raison que les choses change parce qu'elle se mettait à boulotter les mollets des gens. S'immobilisant, la sombre tentatrice répond à la dernière question de Saedroth d'un simple geste :

Tendant sa main face à elle, tendue, doigts écartés, paume vers le bas. Son appendice griffu tangue de guauche à droite.

Bizarre cette fille. Canon mais bizarre. Il a eu un petit instant d'expectative quand elle a commencé à lui tourner autour. Mais elle ne semblait pas vouloir le manger de suite. Elle semblait juste... curieuse. Bon, pas de quoi paniquer. Décidément, il ne la reconnait pas. Pas grave, après tout, des Chimères qu'il ne connait pas, il y en a un sacré paquet. Mais celle là n'a rien de la barbaque de base, à peine plus douée que les humains. Il suffit de la voir se déplacer pour s'en rendre compte : elle a l'étoffe d'une Chimère d'Elite, et pas d'une petite. Et malgré son look de succube tout droit sortie d'un fantasme de sataniste déjanté, elle pourrait probablement en remonter à des brutes baties comme des armoires à glace.
La race voudrait qu'ils soient amis et alliés. La politique voudrait qu'ils se sautent à la gorge. Les deux facteurs s'annulant, les voilà libres. Il n'a vraiment pas envie de se frotter à elle. En tout cas pas pour la tuer.

*Ho! Putain qu'est-ce qu'il te prend, vieux? D'abord Val (Valandra, nom de...) ensuite elle... Tu commence à avoir les idées mal placées!*

Bon, pas le moment de s'auto-psychanaliser, mais on verra ça plus tard. Elle a répondu de façon originale. Apparement elle ne peut pas parler. Une chimère muette?

La réponse elle même n'es pas très nette. Couci-couça? ça va chercher dans les combien, ça? Bon, tant pis, on va tenter des questions qui se répondent pas "oui" ou "non". Mais le langage des sourds serait bien utile.

- Tu es une ancienne d'avant l'Hiver? Ou tu es arrivée après?

Invité

L'automne, oui... Nina s'en rappelle. Chimère parmis tant d'autre, elle n'a simplement pas cherché à sortir du lot, restant dans l'ombre de ses pairs qui, eux, s'affichaient au grand jour. De toute façon, quel intéret de se montrer dans ce monde, sinon pour devenir la parfaite cible de la haine des hommes et de la jalousie des chimères ? Oui, elle avait vécu l'alliance, tapie dans l'ombre de l'inconnu observant de loin les agissements de leur leader. Elle n'aimait déjà pas les humains à l'époque, mais depuis qu'ils avaient invoqué les Bêtes de glace, la chimère Sombre érpouvait de la colère... encore et toujours de la colère. Mais, paradoxalement, elle préfére la situation actuelle à la précédente. Le froid plus que désespérant, les monstres cachés sous la neige, tout ça la fascine, d'une certaine manière. Et sa curiosité, reste d'humanité dans son âme tronquée, réveille en elle des sentiments depuis longtemps calcinés par le brasier de sa haine. Phénix déplumé, son âme connait un étrange renouveau par la peur et par l'excitation du danger.
...
Ancienne.
S'acroupissant sur le sol glacé, les griffes de la belle se referment sur la poudreuse blanche, l'arrachant au sol dans un léger crissement. Eleveant son poing face à Saedroth, elle écrase la neige entre ses doigts sombres, la portant à son sternum, mimant un pendentif... pendentif duquel la neige s'écoule, selon l'étrange spectacle que la chimère cornue présente à son interlocuteur.

» Un repas inachevé
» Le repas de la chimère serpent (warning, détails choquants)