Hollow Dream
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 ressac

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Chahîd
Chimère Sauvage - livré avec hachoir et psychose
Chahîd


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MessageSujet: ressac   ressac EmptyMar 24 Avr - 17:47

*Noir….

Une bête morte… on dirait ça de loin.

*ça crépite… ça siffle… geint… ça geint
ça crisse.


Allongée dans la neige, comme un arbre abattu.

*Noir.
Mitraille au loin..
c’est loin….
Qu’est ce qui mugit ?
et crie comme...


de la soie….


Des cheveux épars forment une couronne de glace figée autour de sa gueule.

*Peux pas… recommencer.
Mort
je devrais,
ce que je devrais…
tout ça lourd, jambes…
le reste…
humide et froid….


La bête a le visage d’un homme, hagard, les yeux clos et gonflés, immobile dans la neige.

*Rien. Je ne vois rien.
Mal au coté… par là…juste… se peut pas…
Devrait…
avoir disparu …


Tout grince.
Les arbres vacillent et se courbent doucement sous le vent cinglant qui l’enserre dans sa pelisse comme dans une camisole.


*L’éclat... lustré... du canon... et rien
des vagues de lumière blanche
aveugle…non... pas comme ça...


Tout résonne. Tout vie. Tout rampe.


*Noir, brutal,
tout absorbé,
avalé,
disparu.
Noir.

J'entends...


Ce qu’il croit.



*Métal.
Le goût du fer
La saveur du sang, c’est ça….
Le froid sur ma tempe.
Comme des plaques de métal dans mon crâne, comme si….
Suis pas seul….
Pas seul !


Des branches giflent la neige.

*Pas bouger
Ne peux pas bouger


Quelque chose glisse et la fait crisser comme un morceau de soie qui se déchire sous la pression d'un ongle mal taillé.

*Des arêtes dans la mâchoire
quelque chose… qui….
cloué là…

Sens plus mes mains…
on rêve quand on est…

Plus là…


J’entends… doit être là bas...

un paquet, par terre, lâché, roule,
lèves toi...

mes doigts...comme de la boue
tout a lâché


Griffe le sol râpeux et froid.

*Ouvres les yeux. Dresse…
Mon dos…

Je vois rien.


L’homme sue, il a froid enveloppé dans sa peau de bête qui elle, semble bouger au contact de la neige. Il tremble, chiot aux proportions démesurées qui vient de percer sa poche.

*Comme une grenade dans front.
J’arrive pas à les ouvrir.
Deux hématomes sur les yeux, ça descend jusqu’à la lèvre, j’ai…comme une crampe
Recousu.
Crampe là…tenace.

Ecoutes... ça vient de là bas…

Me suis fait épingler.

C’est quoi …
tu fais quoi….

Où je suis ? ouvrir ces yeux, c’est collé


Le vent s’insinue, il s’engouffre, il coule, il lèche puis il mord, comme de la neige fondue il laisse sa trace sur la peau gelée qui se soulève par à coups dans la fourrure de louve, respirent doucement, le vent, la bête, l’homme et ça tournoie.
La fourrure glacée lui entre ses aiguilles dans la bouche.


*Cracher…
jusque dans les dents
un goût de glace, tout craque…
lèves toi !


Des pas dans la neige.

*Ne peux pas revenir de là….


Pas rapide. Furtif.

* Ecoutes pas, y a rien ici.

Snipper…

rien tu penses rien…

Lèves toi..

Suis l’axe vertical de la colonne…
Intact sur toute la longueur
Vois…
Sens…
Quelque chose qui me pince l’échine, c’est là, accroché comme une tique.
Tambourine…
Pas bouger…
C’est ton cœur.
Prendre appuie, debout…


Le corps se redresse lentement par le centre, laissant son creux dans la neige. Une buée blanchâtre s’échappe brusquement de ses lèvres. On entend un claquement sec.

*Remonte, bouger la main, là…
Jusqu’à la tête, jusque là..
Des cônes de glace…


La silhouette, assise sur son séant, se tient avachie comme une marionnette, prête à s’effondrer.

*Quelqu’un marche…

Un pas sur deux est plus léger, là bas. Plus près pourtant.

*Lui manque….

....chut……


Le pantin arque boute son dos, ses yeux s’ouvrent avec sa bouche, il crie, on dirait qu’il crie, mais ce n'est rien qu’un filet de vapeur qui s'exhale pour se dissoudre aussitôt.
Il y a quelque chose d’animal dans ce regard, quelque chose de brutal dans ce visage, émacié, abimé. Quelque chose à l’affût.

Il tâte maladroitement de sa main gauche sa pelisse. La glisse à l’intérieur comme un serpent. Ses gestes sont de plus en plus frénétiques. Il trouve ce qu’il cherche. S'arrête, écoute. Observe.
Laisse retomber sa main dans la neige, puis, avec un léger balancement, il bascule, sur le coté droit, plié comme un cheval fourbu, et soudain se redresse sur ses pieds.
Il s’accroupit et écoute la clairière où il vient de s’éveiller.
Les yeux plissés.
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Kàxo
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMer 25 Avr - 16:17

Trou noir…

Hébétée, Kalia écarquille les yeux, comme à l’éveil d’un songe glauque dont le venin tarde à se dissiper. De ses grands yeux ouverts elle parcourt le périmètre dans lequel elle se trouve, s’en imprègne…

Sent.
Le froid, sa morsure…
L’humidité, glacée…
L’odeur, du bois mouillé…

Entend.
Le silence, oppressant…
Un bruit, peut être…

Voit.
La neige, immaculée…
Des arbres, nus…


*Bordel c’est quoi cette merde!? Qu’est ce qu’on fout ici??*

Ce lieu lui est totalement étranger. Avec difficulté, elle sonde son esprit dans l’espoir d’entrevoir le comment et le pourquoi de sa présence ici. Mais rien, une brume dissimule ses souvenirs. Tout du moins ceux concernant les événements consécutifs à son tête à tête avec cet homme… Lui… Entrant après elle dans sa minuscule chambre… Ensuite… Abîme…

Morsure…

Kalia frotte vigoureusement ses épaules nues. Encore seulement vêtue de sa robe de soirée ainsi que de ses talons aiguilles. La rudesse du climat s’empare d'elle, d’autant plus qu’à Davenport le printemps commençait seulement à déverser une timide chaleur…

Cauchemar…


*Oui, c’est probablement ça, juste un cauchemar…*

*Ouais ! C’est ça ma poule, et Albator va rappliquer illico sauver ton petit cul…*

Angoisse…

Effectivement, Kalia admet que les sensations physiques qu’elle subit semblent bien trop réelles pour que cela soit un mauvais rêve. Le froid la tétanise, physiquement et psychologiquement. Pourtant, elle a conscience que si elle ne trouve pas rapidement un abri elle mourra.

Tout ça pour en arriver là… Non…


*Putain mais secoue toi cocotte!*


Kalia soupire, laissant échapper de ses lèvres, prenant des teintes violines, un nuage de vapeur.

*Bon poulette, bouge ton ptit cul avant de finir en statue de glace. J’crois qu’il n’y a rien d’autre à faire pour l’heure.*


*Bien…Bien…*


Le froid ronge sa chair dans une douleur qui éveille des souvenirs acides. Son estomac se noue. Non sans effort, elle s’élance dans une marche rapide afin de tenter de se réchauffer un minimum. Ses talons s’enfoncent dans la neige, rendant sa progression difficile et lente. Peu à peu, elle perd la mobilité de ses doigts, ses membres s’engourdissent un peu plus à chaque instant.

*Tiens bon, fais pas ta lopette. On peut y arriver!*


Du mal à respirer. Kalia se traîne. Soudain une plaque de verglas, son talon droit glisse, se casse, envoyant la jeune femme étreindre la neige qui recouvre le sol.

*Arg ! Pauvre fille tu peux pas regarder où tu poses tes panards !?*

Elle essaye de se relever, mais ses bras ne répondent plus correctement, et cèdent. Allongée dans la neige, elle capitule…

Mais… Floue…Une silhouette… Humaine, qu’elle perçoit subrepticement avant que ses paupières ne se ferment…


*Chier, non, ouvres les yeux, relèves-toi. Allez!!!!*


*Je…Pas…Plus…Force…Gelée…*


Dernière édition par le Mar 1 Mai - 23:33, édité 1 fois
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Chahîd
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyLun 30 Avr - 0:21

L’habitude de traquer.
Les sons, les ombres, les odeurs, les souvenirs, les choses que l’on dissimule.
De vieux réflexes...
Accroupi, immobile, il guette.
Les petites pointes de ses talons s’enfoncent, là bas et forment des trous minuscules, comme des pattes d’oiseau.
Un poids léger, un corps nerveux, noué, inquiet.

Il se tasse, comme un chat qui suit sa proie.
Pas être vu mais voir, toujours, c’est une vieille habitude peut être même un vice.

Elle ne marchera plus longtemps, son corps frêle faiblit sous le froid, il guette l’instant où elle s’effondrera.


* Tous, un jour ou l’autre s’effondrent.


La silhouette fluette s’enfonce à peine, jusqu’à la plaque de verglas, elle y marche comme sur un miroir.
Sa jambe dérape. Un léger craquement. Le talon glisse sur la glace. Un bruit de verre pilé qu’on écrase.

Elle s’étend sur le sol.


Un vent rageur souffle dans les congères qui cernent la clairière, creusant des zébrures profondes dans l’épaisseur blanche comme une chair lacérée par des griffes.

Ce paysage, comme un décalcomanie, un négatif inversé des chaos anciens.

Elle enlace le miroir froid et bosselé où son reflet s’est arrêté.
Il l’observe et ne bouge pas d’un millimètre, échouée comme un morceau d’épave, pris entre l’envie, l’envie.., de la secourir et celle de la faire disparaître.
Il s’approche, il est méfiant, attentif au moindre bruit.



*Trop calme…


Ses bottes s’enfoncent profondément, il hait la lourdeur de ses pas qui l’annoncent, les traces qu’il laisse derrière lui.
Saisit une branche encore fournit d'aiguilles, efface, le souvenir de sa pesanteur.

*Faire disparaitre... à quoi bon...


Elle ne bouge pas, face contre terre comme une pénitente, la chair dénudée de ses bras a bleuie, ils forment un arceau autour de ses cheveux défais et blond.
Il attend et l’observe, fait le tour de son pied déchaussé, ramasse la chaussure minuscule qui s’est enchâssé dans la glace. La plie en deux, la tord et la met dans l'une de ses poches.
Il note l’incongruité de cette robe légère et soyeuse, fripée comme des ailes de papillons et nouée autour de ses hanches comme un torchon mouillé. S’interroge sur sa présence ici
et sur la sienne.


Se retourne, le dos courbé, croit entendre comme une mélodie... non, rien,

des histoires qu'on se raconte,
des mirages.


Juste le vent qui geint.

Silence.


Il se baisse brutalement.
Se jette sur elle comme s'il allait là déchirer.
Il délasse la taille et tire le bas de la robe pour en recouvrir les jambes, le tissu claque sous le geste brusque, ses dents grincent à son contact, il la retourne, la gifle, ne la reconnaît pas. Son visage est pâle.


*Cadavre !

Pourtant le kriss calé entre ses cotes vibre et lui racle les flancs.
Il la cale entre ses jambes, sa tête dodeline, il défait la broche à gueule de loup, écarte la fourrure qui lui couvre la poitrine, une buée blanche s’évapore sous la pelisse, il la serre contre lui, lui frotte le dos, les épaules, attrape ses mains qu’il enfouit, la blottit, sauvagement, comme prit de panique la frictionne, attrape ses bras, les glisse sous son pull, tentacules mous et froids, inertes et frotte, gifle, s’attaque aux jambes, la saisit par la taille et se relève avec elle qu’il engouffre sous la peau de bête, et elle rétrécie, serrée contre lui comme un jouet auquel il aurait donné tous les coups, livré tous ses secrets, abattu toutes les cruautés.

Ce que le kriss sait Yoshe l’ignore.

Ses yeux scrutent les alentours.
Il cherche un endroit moins découvert, un abri, la soulève du sol, elle ne pèse presque rien, arrache la deuxième chaussure qu’il cache dans ses poches, enfourne ses pieds dans la doublure dont il fend les deux cotés, niche la tête dans son col et rabat la fourrure sur elle qui ne tremble pas.
Mouillée, glaciale et muette.
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyLun 30 Avr - 12:48

*Cadavre!

Elle se n'éveille pas, corps muet.
Tant de fois il a vu cela senti ça...


*Légère comme un gamin.

Il ne s'étonne pas de la vue perçante qui lui a été rendue.
Non, par tout de suite, la sensation de ce corps presque cadavérique qu'il tente de réchauffer l'absorbe tandis qu'il s'approche des bois serrés qui lui font face.



___________________________________________________________________

Extraits du journal de Yoshe Mandelstam
Avril 1991 / Sarajevo



Les enfants de la guerre ne parlent plus aux adultes.
Je les croise partout dans la ville. Dans les hôpitaux, les centres de réfugiés. Le plus simple pour les trouver, c’est de les chercher dans les cours ou les parking d’immeubles où ils jouent à la guerre.

Je parle avec leurs mères, bien plus qu’avec eux.
des cauchemars, des insomnies, des phobies.

__________________

Début avril, premier jour de bombardements.


Après 8 mois de guerre en Croatie, le gamin me demande :

« Dites, monsieur, je suis quoi moi ? Serbe, croate ou musulman ? »

Un tiers des enfants ne sait pas, un tiers des enfants que je rencontre hésite entre deux nationalités, celle du père ou de celle la mère.
Un tiers seulement est certain de son appartenance.
_______________


...

beaucoup deviennent psychotiques à cause des avions volant à basse altitude, et les militaires serbes le savent bien. Dans les zones hors de contrôle des casques bleus, ils lancent des raids à hauteur des toits, au dessus des villages ou des convois de réfugiés, sans utiliser de mitrailleuse ni lâcher de bombes, se contentent de semer l’effroi.

Je ne fais que frôler l’existence réelle des enfants.

________________

Vukovar

Je ne sais pas où aller. J’ignore ce que je cherche dans ce désastre.
Je ne parviens qu’à peine à pénétrer le monde des enfants.


Comment ne pas remarquer le don exceptionnel des gamins à se faufiler dans la guerre.


Impossible à comprendre.
Leur silence, inimaginable, me rend hermétique leur intelligence de la situation.


___________________


Jour de reddition de la ville.

Les enfants sortent des caves après trois mois d’enfermement dans les bras de miliciens ou dans ceux de leurs mères. Ils sont embarqués en autobus orange, sur des camions de chantiers vers des foyers de tri. Dans les cours ou les salles surchauffées ils attendent l’autorisation de jouer, de se dégourdir les jambes, ce qui leur est rarement accordé.
Ni autistes, ni perclus de tics, ni même grognons, ils ne se plaignent jamais. Hormis les nourrissons, je n’entends jamais un enfant pleurer dans un entrepôt de rassemblement autour de Vukovar, ni dans le caves d’Osijek.

_________


16 Juin 10 heures du matin

Je croise sur l’avenue Sarajevska une incroyable caravanes de voitures à l’arrête, encerclée de miliciens. Je comprend vite la situation : pendant que le convois traversait Ilidza, les milices serbes se sont interposées, maintenant ils les retiennent, sous les ordres de Mladic. L’homme a le cou épais, il marche vite sur ses jambes taillées comme des troncs, et dont le visage goguenard bascule en un instant de la veulerie du chef de bande à la bonhomie du campagnard.
Ce matin, il est spécialement descendu de Pale pour commander les opérations de kidnapping de ce convoi de femme et d’enfants…
Les Golf et les Yugo, surchargées de femmes, d’adolescentes et de petits gamins se sont immobilisés ici, sur place, dans les rues transversales et sur la nationale qui mène à Mostar.
____________


Deux jours plus tard.


Cela fait deux jours que Mladic tente de marchander son butin.
Deux jours que des enfants de tous ages dorment dans les voitures ou dans le gymnase de l’école, certains chez des habitants apitoyés. Ceux là ont plus de chance. Deux jours qu’ils attendent, les repas à la sauvette, qu’ils subissent le tumulte, les ordres braillés par les miliciens que la tournure des événements a rendu fébriles.
Un commandant, ulcéré par ma présence, pointe son pistolet-mitrailleur Skorpio contre mon estomac.

J’en ai rien à foutre connard ! j’en ai rien à foutre….

Il est ceinturé par son voisin.
Depuis deux jours, pas un bébé ne crie, pas un enfant ne fait un caprice.
Ils attendent ou jouent dans la mince aire de jeu sur le bas-côté de la route, ou entre les voitures du parking en riant….
J’en ai rien à foutre….


¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

Zenica, Gorazde, Lkavac, Banja Luka, Stremska Mitrovica, je croise les mêmes flopés de gamins suivant les convois.
Dans les coffres de voitures ouverts, sur des charrettes à cheval, dans des bennes de camion, dans des autobus verrouillés, des ribambelles de petits bonhommes, de petits bout de femmes emmitouflés n’importe comment, sans aucune récrimination, sans une question, sans un regard en arrière.

Je donnerais cher pour entendre des caprices, des cris, des pleurs, des colères.
Oui, plutôt que de devoir contempler l’apparente sérénité de leurs jeux, de leur obéissance, de leur silence.


_______________

ce matin….

Je roule dans la rue Marsala Tita. Une roquette explose une cinquantaine de mètres plus haut. A cet endroit une heure plus tôt des artistes et des intellectuels s’étaient retrouvés pour le vernissage d’une exposition de dessins satiriques antiserbes, dont le lieu, pourtant avait été transmis de bouche à oreille.

20 personnes allongées sur le bitume.
Corps déchirés par des éclats.
Dans l’affolement des gens accourent, commentaires à la fenêtre.

J’allonge un petit gars de sept huit ans, ruisselant de sang, sur la banquette arrière de ma voiture.
Son visage est ovale, et joufflu, son nez mince et légèrement épaté.
Rien d’espiègle,
rien de tourmenté dans ses traits,
un enfant sans complications.

qu’est ce que ça veut dire au juste, sans complication ?

Il porte un polo, un jean socialiste à gros grain ; trop grand, et des baskets locales décorées d’écureuils. Sa jambe est déchirée, et il ne dit rien. Livide, il me regarde, se laisse faire sans un mot, à peine une grimace sur ses lèvres.
Il aurait sans doute pleuré s’il avait fait une chute à vélo…

Je l’emmène à l’hôpital, un passant m’accompagne et lui tient les deux mains.

Qui en a besoin ?

L’odeur âpre de son sang qui dégouline sur le caoutchouc du sol envahit la voiture, m’emplit le nez.

Me rend fou….

Je ne pose pas de question.
L’odeur reste dans ma voiture, familière, permanente, obsessionnelle.
Je retourne plus tard à l’hôpital, je le cherche, de chambre en chambre, devant sa porte m’immobilise, laisse les tablettes de chocolat à l’infirmière, et fais demi tour.

J’appréhende d’affronter son regard muet.
Je crains ce trop bruyant silence.



___________________________________________________________________



Un visage et un corps brouillés,
le corps de cette femme se confond à un autre.

Ses yeux tremblotent cherchant un passage entre les arbres serrés et noirs. Une colère sourde s'empare de lui, il n'a plus cure des traces qu'il laisse, il s'occupera de ça plus tard, peut être. Il grommelle et souffle entre ses dents:


"Reveilles toi, gamin. Réveilles toi."
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyLun 30 Avr - 15:26

Quatre heures à chercher un gibier dans cette merde blanche. A croire que ce coup ci ils ont exterminé jusqu'au dernier mulot de cette vallée. Le froid ne lui fait rien. Il le sent, c'est tout. La neige entrave ses mouvements. Mort. Ce foutu bois est aussi mort que les tombes du cimetière. Au lieu des sépultures de pierres grises, des arbres noirs et tordus à perte de vue, des broussailles grillées par le froid. Des stalactites pendouillent des branches couvertes de neige comme des crocs. Le sol disparait sous un manteau immaculé qui lui arrive aux chevilles dans le meilleur des cas. Le vent mugit dans les branches dénudées, lui crache à la gueule une neige fine et apre comme une saloperie de poudre abrasive. Ce qu'il craignait est en train de se produire : la Vallée, cette salope, leur coupe les vivres. Quand les réserves se seront épuisées...

Bruit.

Des broussailles qui s'agitent.

Un daim traverse son champ de vision, silhouhette brune bondissante.

Il la course, un javelot de glace à la main, se prend le pied dans quelque chose, se rétame.

Pathétique.

Au loin la silhouette disparait. Son arme est en petits morceaux. Pas grave. Susciter un javelot de glace est d'une simplicité enfantine pour lui. Mais son gibier est hors de portée. Il jure. Décidément, pour se changer les idées, la chasse, ça ne lui réussit pas. Tant pis.

Là. Quelque chose.

Il s'approche. Discrètement. Quelque chose, ici, ça peut être tout et n'importe quoi.

Une silhouette dans un grand manteau, genre peau de bête. Une silhouette à deux têtes. Deux humains. Un homme et une femme. Elle a l'air morte. Il ne vaut guère mieux. Une petite voix dans sa tête lui susure que le déjeuner est servi. Il l'envoie balader. Il a prêté serment, non? Il s'approche, s'agenouille, sans geste brusque. Le type a l'air coriace, et suffisament en forme pour faire des difficultés.


- Paix, je vous veux aucun mal.

Dur à croire. Avec sa gueule de cauchemar, il a plutot l'air du genre à manger de l'humain qu'à les sauver. Il sort un truc de sa poche. Un briquet, un gros zippo chromé. L'approche des lèvres de l'endormie. Buée. Elle est pas encore morte. Mais ça ne saurait tarder.

- Elle va crever.

Il tombe le manteau. Un grand truc noir en tissu épais, de bonne qualité. Il est en costard dessous. Pas le moindre signe de froid. Il tend le manteau à l'homme.

- Enroule-la dedans, je reviens.

Il s'éloigne. Pourquoi ça n'arrive qu'à lui, ces trucs-là? Si elle crève, les humains croiront que c'est sa faute, qu'il l'a fait exprès pour la bouffer. Il avait pas besoin de ça. Il revient avec une brassée de bois. Quelques grosses branches, pas mal de brindilles, de la fougère. Tout humide. Il arrange vite fait un petit foyer : bouger la neige, d'abord, puis mettres les grosses branches avec la fougère et les petites autour. Il ressort le zippo. Ils sont à l'abri du vent, la neige se calme. Avec un peu de veine.

Tchac.

La fougère grésille mais ne s'allume pas.

Tchac.

Une petite flammèche mais qui meurt aussitot

Tchac.

ça y est. Pas trop tot. Il soigne son petit feu quelques minutes entièrement concentré sur sa tache. Il n'aime pas trop le feu mais là il y a urgence. La flambée commence à prendre. Il relève les yeux vers le type :


-Elle est pas transportable pour le moment, elle crèverait en route. On bouge dès qu'elle va mieux.

Un petit silence, uniquement rompu par le crépitement des flammes.

- Ton nom?
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyLun 30 Avr - 17:12

Le noir. Encore…

Toujours l’abîme qui l’attire, la convoite, tente inlassablement de ce l’approprier.

Le noir.

Angoissant. Si tentant pourtant…

Envie de s’y perdre, s’abandonner, enfin…

Paix.

La torpeur envahit lentement Kalia, qui n’offre nulle résistance. « L’autre » hurle, grogne, enrage. Mais rien n’y fait, la jeune femme ne l’écoute pas.

Sommeil. Mort. Coma.

Une sensation lointaine. Elle se sent soulevée. Quelque chose la recouvre, faisant obstacle au froid gagnant inlassablement du terrain.

Friction. Chaleur. Un corps, ça palpite, ça vit. Une odeur. Familière, gorgeant le cœur de Kalia d’une soudaine chaleur…

Le froid à retiré ces crocs et fuis, laissant place à un feu mordant qui déchire, picote, ronge. Pas assez encore pour desceller les yeux de « l’endormie », qui tressaille, frémis.

Corps, protecteur.

*Papa, c’est toi !? Papa !? *

*Mais putain ton vieux est crevé depuis un bail, arrête de délirer et ouvre nos yeux !!!*


*Non… Pas encore… Papa… Je suis si bien… Rester là… Toujours…*

"Reveilles toi, gamin. Réveilles toi."

Sursaut, violent.

*Cette voix. Connais… Pas papa… Qui ? Connais…*


*On s’en tappeeeeeeeeeeeeee de cette voix de merde, réveil pauvre fille, on est mal. BOUGE !!*

Un léger mouvement, elle se tourne, approchant plus près ce corps, sa carapace, sa forteresse.

Soupir.

Autre voix. Inconnue. Qui ?

Bruit. Crépitement. Odeur de bois qui brûle.

Elle voit les flammes qui dansent un ballet chaotique dans son esprit. Fatigue. La respiration de la jeune femme ce fait plus lente, paisible. La nouvelle voix devient lointaine, jusqu'à disparaître.


*Kalia, chier, poulette, non, Kalia !? C’est pas le moment de pioncer!*


Noir.


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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMar 1 Mai - 17:36

Il marche maintenant d’un pas rapide et nerveux, la colère lui noue le ventre.

*Cadavre !

Il se campe sur ses jambes comme une bête, ne sent ni le froid ni la fatigue, serre la femme contre lui. L’admoneste en silence puis sa voix sort brusquement, grave, tranchante, comme un grognement :

- Gamin ! je t’ai dit de te réveiller !

Un léger mouvement et elle se tourne, un temps de suspension quand il la sent bouger, animal minuscule se nichant contre lui.
Un filet de sueur roule le long de son visage et givre rapidement.
Un frisson lui parcourt le dos tandis qu’il scrute les arbres enchâssés qui lui coupent la route.

______________________________________________________


Extrait du journal de Yoshe Mandelstam
Rue Darovalaca, premier printemps à Sarajevo


Des explosions d’abord lointaines se rapprochent brusquement.
Les premiers obus explosent sur le bitume de l’avenue, la façade des immeubles.
Déflagration sur les murs.

Mon corps résonne comme une cathédrale vide.

Pris en embuscade, je suis tout le monde au sous-sol.

Une cave « cosy », de bon standing, où l’on se déchausse à l’entrée pour ne pas salir les matelas, les édredons qui recouvrent le sol.
Chaque locataire possède son emplacement à la cave, chaque famille, tous sont rangés le longs des murs tendus de tissu.

Rêche.

On allume des bougies, la radio.
Une bouteille de rakia et de l’eau pour les enfants voisinent avec un camping-gaz et une bouilloire.

Trop de monde, c’est exigu, je sens la sueur qui me dégouline du front alors que je ne suis là que depuis quelques minutes.

Cette retraite commence dans la bonne humeur.
Mais très vite la proximité des explosions, le vacarme, les trépidations des tuyauteries plongent les uns et les autres dans une apathie entrecoupée d’exclamations de détresse, de sanglots, que suivent immédiatement des signes d’encouragements.

Une fillette s’est coulée dans mes bras, son pouce dans la bouche, deux élastiques pour retenir ses couettes châtains.
Ses pieds sont chaussés de sandales trop grandes, elle a la tête posée sur mes côtes, le regard de biais, immobile.
Je sens dans mes mains des épaules osseuses, ses jambes sont maigrelettes.
Sous ses yeux apparaît un léger voile bleuté.
Ses cheveux sentent le savon.
Elle est vêtue d’une chemisette blanche de garçon, d’une jupe large aux motifs gitans dans les tons bruns, et ses oreilles sont percées de deux boucles de fausses perles.
Elle se tait, blottit de plus en plus, elle pleure un peu, puis se raidit.
Seul le vacarme des obus la retient de crier, mais ses bras, ses mains, ses jambes se crispent de plus en plus entre chaque déflagration.
Elle cherche à se terrer un peu contre moi, j’essaie d’envelopper son dos minuscule, mais cela ne suffit pas.

Cela ne suffit pas !


Je lui prends les deux mains qu’elle arrondit dans les miennes.
Ses os encaissent la réverbération des explosions.

Chaque fois qu’un obus touche un immeuble alentour, elle plie ses jambes davantage.
Elle tremble de plus en plus parcequ’elle a de plus en plus mal.

Je regarde les adultes autour de moi :
submergés par la colère et le désespoir que provoquent les obus ils en oublient la souffrance.
Pas les enfants.
Leurs corps légers prennent la douleur de plein fouet, sans protection.

Dans la région de Fao, en Irak, des charniers de soldats irakiens ont été retrouvés, morts de la douleur causée par la détonation assourdissante des déluges de bombes iraniennes.

Dans cette cave, j’essaie d’amortir ces coups de boutoir sonores, en plaquant mes paumes sur les oreilles de la petite fille.


Je voudrais vous dire,
il faudrait que je vous dise…
les bombardements tuent et détruisent les gens et les choses,
et ils font aussi mal aux enfants.

_____________________________________________________


* …. quelque chose...


Il bombe le dos comme un chat surprit, instinctivement, serrant la femme contre lui à lui briser les reins, une proie qu’on chercherait à lui dérober, enfouit sa main gauche sous sa pelisse et la pose sur les trois vagues d’acier calée entre ses côtes.


La créature qui se tient face à lui est anormalement grande et mince.
Il tache de garder pour lui l’effroi qu’elle lui inspire.

Son allure générale lui rappelle les cadavres qu’il a tant de fois croisés, déterrés, portés, ensevelis, là-bas…Déjà rongés par la vermine…

* Prijedor, Manjaca, Omarska, Trnopolje, Keraterm, Ratunac, Zvornik, Vlasenica, Foca, Visegrad, Rogatica,Sre….

Assez !!!


Cauchemar incarné devant lui.
Une punition divine.

D’apparence humaine, elle est pourtant affublée de griffes acérées taillées en pointes et tachées de brun…


*…sang….

… et d’excroissances au bras droit qui, au niveau du coude et sur le reste du membre, boursouflent le large manteau noir qui la recouvre quasiment jusqu’aux chevilles.

*cadavre…. sans odeur…

La créature s'approche et s'agenouille, sans geste brusque
- Paix, je vous veux aucun mal.

Yoshe ne peut réprimer un mouvement de dégoût, se préparant à l’attaque. Pourtant, il se réfrène. Alors qu’elle, s’approche, extirpant un briquet de sa poche qu’elle colle près des lèvres de la femme.
- Elle va crever.

Un grognement sourd répond à la sentence sans appel, que seul un filet de buée blanchâtre manifeste.


-… Mourra pas !


________________________________________________

Extrait du journal de Yoshe Mandelstam
Embranchement, entrée du centre ville de Sarajevo


J’ai découvert ce matin, par hasard, une brocante de débris étalée sur une esplanade.
Une crevaison sur une limaille de mortier m’a fait stopper là.

Cet après midi a été paisible …

J’ai tenté quelques pas, attiré par des photos de famille encadrées.

Filins d’acier,
châssis de fenêtres,
coques de Golf écaillées,
toile de bâche déchirée,
branches de marronniers mêlées à des morceaux de gouttière
tapis de tuiles brisées….
Là…. Gisait le corps d’une femme…

Elle était allongée sur le côté, les jambes repliées, épilées.

Sa jupe à longueur de genoux recouvrait ses cuisses musclées sans faire le moindre pli comme si, malgré la chute sur la route, malgré la douleur de son ventre déchiré par le métal et la panique probable de ces instants d’agonie, elle avait tiré sur le tissu.

Son sac de Skaï marron avait glissé sur un mas de détritus.
Sa main distinguée portait une bague de perle de famille et une autre de pacotille.

Pacotille….


La plaie de son ventre se devinait sous la large tache couleur brique qui maculait son corsage blanc..

Un fragment de fer était encore accroché au tissu de Nylon.
Il y avait une autre tache, violette, sur le gravier.
Son sang avait séché.

Mais pas son mystère.

Sa bouche légèrement entrouverte, ses yeux enfouis dans le doux de son bras au niveau du coude, l’éternisaient en un songe.

Elle avait sans doute la trentaine, n’en paraissait pas plus. Son visage démaquillé par la poussière conservait, malgré sa pâleur, la grâce d’une personne joyeuse.
Elle portait d’élégantes chaussures en cuir véritable à talons plats, un ruban noir et bleu nuit pour retenir ses boucles châtain.

Elle a été oubliée, paisiblement dissimulée par les décombres.

¤
J’ai attendu, un long moment assis sur une commode brisée, à l’imaginer heureuse.
¤
Ce matin, de bonne heure, le corps de la femme avait déjà disparu.
¤
Je me suis entraîné à penser à elle. Un matin j’ai cessé.
______________________________________________________



* On ne peut rien inventer d’une femme,
belle, créature,
morte dans le fatras,
lorsque le ciel a chaviré au-dessus de sa tête et s’est assombri dans le froid....



L'intrus laisse tomber son manteau noir et vaste, de belle facture, laissant apparaître un costume parfaitement adapté à son corps, comme s’il se rendait à quelque improbable bal.


* tissu épais…..coûteux…sale…
distingué et pouilleux…
contradictoire… et, aucune sensibilité au froid....


La créature lui tend le manteau avec un geste brusque, désinvolte, la main qui le tient est gracieuse sous une apparence abîmée.
- Enroule-la dedans, je reviens.

Yoshe l'observe, ne l’a pas lâché, pas une seconde depuis qu’il est apparu, hésite, extirpe la main de sous sa pelisse et d’un geste déterminé saisit l’épais manteau, étirant son bras sans bouger le reste du corps, conservant la distance, le tâte, le soupèse, y cherche une odeur.

L’intrus s’éloigne, Yoshe le suis des yeux.


* ne lui offre jamais ton dos…



Il revient avec une brassée de bois, arrange un petit foyer malhabile, grossier, il le fait sans application et sort un briquet zippo chromé auquel, cette fos, Yoshe accorde plus d'attention.
Il détone avec le reste de son accoutrement.

*… souvenir d’adolescent… solitaire… pyromane ?….

_________

J’attendrais une dizaine d’année pour leur demander de parler.
_________


Le feu ne prend pas, ses gestes sont incroyablement maladroits.

*…. cette maladresse….lui qui a l’air d’avoir de l’aplomb….

Concentré sur sa tache l’intrus ne voit pas Yoshe qui l’observe, l’épie, le détaille, l’analyse mais, peut être le sent-il.
La flambée commence à prendre et ce qui lui sert de corps marque un imperceptible mouvement de recul quand les flammes s’élèvent vers la face couturée, grossièrement réparée.


* … brûlé ?… … craint le feu…

Il relève les yeux, bruns, les plante dans ceux de Yoshe qui remarque leur étrange éclat.
-Elle est pas transportable pour le moment, elle crèverait en route. On bouge dès qu'elle va mieux.


*…. pas de négation… langage primaire….

Yoshe ne s’est pas résigné à desserrer son étreinte...
* Tant qu’elle sera dans mes bras, elle vivra, créature !
….ni à lâcher l’autre des yeux.

Il jette le manteau sur le sol qui s’évase comme un drap sur la neige et s’assoit de l’autre côté du feu, gardant la distance.
S’approche le plus près possible de la source incandescente et chaleureuse, bien qu’insuffisante encore pour les réchauffer...


*… le feu… éloigne les bêtes sauvages…

… traînant avec lui le manteau qui laisse une empreinte large sur la neige. Puis, lentement, avec une infinie délicatesse qui contredit son apparence générale, Yoshe fait glisser la femme entre ses jambes, et la dépose sur le tissu épais après l'avoir défrippé, la tenant toujours étroitement, s’appliquant à délivrer ses pieds menus et glacés encore prisonniers de la doublure, ne lâchant pas la créature des yeux, les approchant si près du feu qu’on pourrait croire qu’il s’apprête à l’y jeter, la frictionne, la cale, la blottit, petite, contre lui, tête sur sa poitrine bombée vers le feu, remontant les bords du manteau prêté contre ses jambes.
Silence. Crépitements.
Il savoure la morsure légère du feu sur son menton, la chaleur diffuse qui s’engouffre sous sa pelisse et le corps qui tiédit entre ses jambes et se détend petit à petit, semblant reprendre un peu de couleurs.


*…Vie bon dieu… !

Quand l’autre rompt le silence, sa voix a encore la tonalité d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence :
- Ton nom?


Comme un couperet tombe, sans même une seconde d'hésitation ou de reflexion, il lâche ce nom qu'il croit, qu'il sait être le sien:


- Drako Karaggovic.

_______________________________________________________________

Extrait du journal de Yoshe Mandelstam

Les enfants de la guerre ne sont pas des adultes miniatures.
Ni enfants, ni adultes, ils ne peuvent plus communiquer qu’avec leurs semblables.
Lorsqu’ils ne jouent pas à la guerre, ne parlent pas de la guerre, ils attendent….
Ce sont eux les maîtres du présent. De la guerre.
Qu’ils enfouissent en eux.
¤
Donner, ne pas questionner.
¤
J’attendrais une dizaine d’année pour leur demander de parler.

_________________________________________________________________


- Et toi, étranger ?
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMar 1 Mai - 19:07

Méfiant. Et il a raison. N'importe quelle autre chimère aurait boulotté les deux sans autre forme de procès. Décidément, il finira avec un poste de patrouilleur. Lui qui était parti garnir le garde-manger, il revient avec deux bouches en rab à nourrir. Tu parles d'un chasseur. Remarque, il n'est pas un chasseur. Il se nourrit de cadavres froids, durcis par le gel, bouffés par la vermine, vieux déjà, qu'il extrait de la terre dure et glacée du cimetière.

Sauf quand il a mieux à se mettre sous la dent.

Mais il a fait une promesse. Le vieux aux yeux durs en face de lui ne le sait pas. Un nouvel arrivant à tous les coups, lui et sa copine. Il ne mangera aucun humain tant qu'il servira Mary Malone. Le vieux serre la fille contre lui comme si c'était la sienne. Pas impossible après tout. Sa fille, sa femme, son amie... Elle a l'air de reprendre des couleurs en tout cas. Lui va mieux. Il s'est éloigné dès que le feu a pris. Il a retrouvé son self control et une élocution d'humain civilisé. Il a vraiment le feu en horreur. L'ancien ne l'a pas quitté des yeux.


- Saedroth. Et je crois que pour l'instant t'es plus étranger que moi....

Il sourit, dévoilant une dentition de carnassier. Son nom d'origine, lui seul le connait. Il l'a presque oublié, maintenant. Sa famille, ses amis, sa vie d'avant... ça lui parait presque irréel. Il y a mis du sien. Certains passent des années à ressasser leur passé. Pas lui. Il veut oublier. Avant il n'était rien, ou si peu. Maintenant il est une créature de la Vallée. Cet enfer blanc est son habitat naturel, au même titre qu'il est celui des Bêtes. Il est juste un peu en dessous dans la chaine alimentaire.

*Arrête tes théories Hollow-Darwiniennes à la con, Saedroth, c'est pas le moment*

- Elle a l'air d'aller mieux. On s'en va dès qu'elle a repris conscience. Si on est coincé dans une tempête de neige, vous n'y survivrez pas. Et le feu va surement attirer des visiteurs. Des Ombres, des Chimères, peut être une Bête dans le pire des cas. Surement pas d'humains par ce temps.

Pas besoin d'être grand clerc pour deviner que les "visiteurs" évoqués ne seraient pas aussi amicaux que lui.

- Tu l'aidera à marcher au besoin. On est à une petite heure de marche du village. Mais dans l'interêt de tout le monde mieux vaut que nous soyons rentré avant la nuit. En attendant qu'elle se réveille, je pense qu'une petite explication s'impose. Mais d'abord, un conseil : on va marcher en ligne droite jusqu'au village. Si jamais je te dis de courir, tu fonce droit devant, en portant la fille s'il le faut, même si je reste en arrière. Et une fois au village, tu cherches la bibliothèque. Aucun autre batiment, si tu veux rester en vie. Normalement, il ne devrait rien nous arriver, mais je préfère ne pas prendre de risque.

On va commencer par faire simple. Ensuite, peut être serait-il trop choqué ou incrédule pour l'écouter. Les anciens réagissaient souvent moins bien que les jeunes, conséquence d'une vie entière dans un monde rationnel.

- Tu te demande sans doute où tu es, qu'est-ce que tu fais là et depuis quand les cadavres parlent-ils. Je vais tacher de répondre à tes questions. Tout ce que je te dirais est vrai. Pas de croyance, de mysticisme ou de légendes. Rien que la vérité. Tu es à Hollow Dream parce que tu es dans le coma. Pourquoi est-ce que tu es dans le coma? Toi seul connais la réponse. Dans ce que nous appellons parfois "l'autre coté", là d'où tu viens, tu es surement dans un hopital quelconque, en attendant de voir si on peut te sortir du coma. Ce qui est ici, c'est ton ame, ton esprit, peu importe. Tant que tu es vivant, là bas, tu es vivant et humain ici. Si tu meurt ici, tu meurt là-bas, si tu meurt là bas, tu survivras ici mais sous une forme corrompue.

D'où la présence de monstruosités comme lui.

- Survivre à Hollow Dream n'est pas une sinécure. La quasi totalité des créatures dans mon genre mangent de l'humain à tous les repas. Je suis un cas particulier, inutile de t'en faire. Je bosse pour la petite communauté d'humains qui tente de survivre en se serrant les coudes. Ils vous accueilleront à bras ouverts. En plus des corrompus (on distingue les Ombres et les Chimères), il y a les Bêtes qui bouffent tout ce qui bouge. Tu commence à piger pourquoi j'ai pas envie de moisir dans le coin?

Pas besoin de sortir de Saint-Cyr. Hollow Dream était un univers hostile.

- A la bibliothèque, nous serons à l'abri.
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMar 1 Mai - 23:30

Lointaines… Irréelles... Comme un songe, sensations fugaces, impalpables…

Soulevée... Encore… Re-posée... Blottie, telle une petite fille dans les bras protecteurs de son père...


*Papa…*

Peu à peu ce qui l’entoure la bouscule, doucement, comme on réveille un enfant. En chuchotant, sans brusquerie.

Le feu de son odeur caresse Kalia, faisant remonter en surface, de brefs souvenirs, morcelés.

Feu de camp. Marshmallow. Grillades. L’été. Souvent. Tous les quatre…

Des bribes de conversation chatouillent les oreilles paresseuses de Kalia, blottie dans sa forteresse de chair. Des mots, entrecoupés dont elle n’entrevoit pas la signification. Cut-up incoherent...

Les flammes ne sont pas loin, elle les sent, un peu plus a chaque moment. Le noir ambiant tend à prendre des teintes anthracites, convoitant les gris, désirant ardemment la lumière.

Son corps endolori reprend quelque vigueur, les picotements et autres morsures dut à la chaleur ont cessés d’infliger leurs tortures. Elle se réapproprie la souplesse de son jeune corps sans pour autant daigner l’habiter du moindre mouvement.


*DING DONG, REVEIL !! Me dis rien qui vaille c’qu’y parvient à nos oreilles. J’ai encore un mauvais pressentiment ma poule. On est tombé dans un sale plan j’te l’dis.*

*Qui ? Quoi ? Où ? Pourquoi ?*


*Please! le mode neuneu tu te le gardes au chaud pour plus tard choupette… *

« L’autre » gigote, bouillonne, geint, crie, use de toute sa rage afin d’éveiller Kalia. La jeune femme grimace, gémis. Elle ne veut pas s’animer, à l’abri comme dans le ventre de sa mère.

Fœtus.



* Non… Pas… *

*Duo bien rodé, mouais. On m’a collé une fiote dans les pattes, commence à me gaver sévère. Tu veux pioncer, ben j’vais t’mettre en mode off pour la peine mon chou. Viendras pas te plaindre après !*

Comme une punition.

Exclusion.

Assommée, Kalia s’estompe, obtient ce sommeil chérie. Son alter ego, dont les sens à l’affût n’attend que de régir leur corps, déploie ses tentacules, investit l’espace, reléguant Kalia dans un coin de son esprit.

En une fraction de seconde. Yeux grand ouverts, rageurs, interrogateurs. La méfiance peinte sur le visage, la jeune femme cligne des paupières. La lumière, crue, l’agresse. Elle s’y habitue... Puis, sans un mot observe. L’étau qui l’enserre tout d’abord. Elle lève la tête, et…

Vertige.

Chaleur dans la poitrine, qui sort immédiatement Kalia de son isolement. Son visage s’adoucit.

Dans un premier temps rassurée à la vue d’un visage familier, un indicible malaise lui contracte pourtant le ventre, la grignote. Troublée, elle détourne le regard, n’arrivant à prononcer qu’un mot à peine audible.


« Vous ? »

Son regard croise alors une silhouette inconnue, dont la vue emplie Kalia d’effroi. Dans un geste de défense, elle se réfugie dans les bras de l’homme aux yeux délavés, ne pouvant cependant se détourner du spectacle qu’offre cet être inhumain.

*Putain j’t’avais dit qu’je l’sentais mal. On à débarqué à Zombie Land, bordel !?*

*Une explication… Forcément… Accidenté grave… Sans doute… Visage… Horreur… Dégoût… Pitié… Méfiance*


L’esprit agressé par maintes questions, n’offrant l’ébauche d’aucune réponse, la jeune femme sent une angoisse grandissante l’étreindre. Sa respiration s’accélère, laissant naître une douleur dans sa poitrine. « L’autre » essaye de reprendre le contrôle dérobé, ne voulant permettre à la situation de lui échapper plus encore.

Eviction.

A nouveau le visage de la jeune femme se modifie. Sa respiration reprend un rythme normal. Se dégageant des bras de son protecteur elle recule, légèrement, de sorte de ne pas quitter le refuge qu’offre la fourrure, prenant garde aux flammes, proches.


*Chacal… Pourquoi tu nous as traînées ici !?*

Non… méfiance… Gare aux paroles… Dangereux… Le sent…

Elle fixe cet homme, protagoniste de ses derniers souvenirs, l’air inquisiteur.


«Pas d’chance nous vlà réveillées, maintenant va falloir nous expliquer pourquoi vous nous avez amenées ici!»
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMer 2 Mai - 15:35

Une rangée de dents affûtées comme des rasoirs profère ce nom, étrange :
Saedroth.


* Ainsi la créature porte-t-elle un nom... les autres en portent sans doute aussi... se différencient encore comme les humains qu'elles ont été...


Elle parle vite, son langage a changé, comme si deux êtres cohabitaient en elle, efficace et concise, presque scientifique, elle fait le portrait de la situation que Yoshe absorbe du mieux qu'il peut :
- une petite heure de marche … rentrer avant la nuit .... marcher en ligne droite jusqu'au village…. si je te dis de courir, tu fonces droit devant… cherches la bibliothèque… aucun autre bâtiment… rester en vie… pas de légendes… Hollow Dream … dans le coma… "l'autre coté"d'où tu viens… sûrement dans un hôpital…. ici… ton âme … ton esprit….vivant là bas, vivant et humain ici… si tu meurs… tu meurs là-bas…. tu meurs là-bas…tu survivras ici…corrompu…créatures …. de l'humain à tous les repas…. petite communauté qui tente de survivre … vous accueilleront… en plus des corrompus… Ombres et Chimères… les Bêtes …


*... Des bêtes….
La bibliothèque, tu seras à l’abri… dans la bibliothèque… .... des Chimères, comme lui, qui terrorisent et dévorent les êtres humains et des Ombres qui ne reçoivent plus la lumière… des spectres ?...dans le coma dans le pays d’un rêve creux, presque mort….au pays des limbes….errant dans la guerre encore et toujours, ne finira pas….


Alors que le psychiatre ressasse ce qu’il a entendu, et tâche rapidement de comprendre ce qui lui arrive, la femme entre ses jambes se redresse et, les yeux grand ouverts et rageurs, le regarde, elle questionne de ses iris bleus et intenses la face fermée de Yoshe .
-Vous ?…

Qui ne lui dit rien mais la regarde aussi, elle se redresse encore, tourne la tête et, affolée à la vue de la créature défigurée, se blottit dans ses bras, haletante, comme un serpent fasciné par son joueur de flûte, se calme et repousse les bras où elle cherchait refuge, mais reste sous l’épaisse fourrure qui lui offre un semblant de sécurité. Elle ne sait rien, elle non plus. Elle le fixe encore, avec un regard fouineur et méfiant quand une voix rauque et agressive lui jette à la face :

-Pas d’chance nous vlà réveillées, maintenant va falloir nous expliquer pourquoi vous nous avez amenées ici !

Il l’observe un instant de ses yeux délavés et froids


*….nous….

Cette question, elle aurait du la poser à la créature en toute logique, si ce "nous" l’avait concernée, elle et lui, débarqués dans ce désert de glace. Pourtant, c’est à Yoshe qu’elle l’adresse.

- Pas moi qui t’ai amené ici, gamin. Lève-toi, nous faut trouver un abri, je te porterais.
Grimpe, on s’en va.


Il désigne son dos, écartant sa pelisse, laissant des bouffées de chaleurs mêlées au vent qui lui cingle le visage s’engouffrer sous la peau de bête. Regarde la créature et lui fait un signe d’acquiescement de la tête.

- Je trouverais.
La bibliothèque.

* craint-il le sang comme le feu, s’il est créature, la faim devrait le dominer plus que la raison, comment se différencie-t-il de ses pareils et pourquoi cherche-t-il la compagnie des hommes …


Ne lachant pas Saedroth des yeux, il saisit un brandon et après un court silence ajoute :

- et sur le chemin, tu me diras pourquoi tu ne nous as pas dévorés comme l’aurait fait tes semblables.


Dernière édition par le Jeu 3 Mai - 22:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMer 2 Mai - 20:04

- ça tombe bien, c'est une longue histoire. Je t'aurais bien proposer de porter la fille, vu que tu n'as pas l'air en forme, mais si je l'approche d'un peu trop près elle risque de faire quelque chose de stupide, genre hurler et partir en courant. En route.

Ce regard... Froid, calculateur, analytique. Une intelligence mécanique qui enregistre jusqu'à ses moindres réactions pour les engranger dans un coin du cerveau de cet homme. Et il connait maintenant sa principale faiblesse. Pourquoi se munir d'une torche dans le cas contraire? Il fait encore jour.

- Ah, et au cas où tu n'aurais pas remarqué, j'essaye de vous maintenir en vie, toi et ta copine. Si j'avais voulu vous bouffer, j'aurais attendu sagement dans mon coin que le froid fasse le sale boulot à ma place. Alors inutile de me regarder comme si j'allais te sauter à la gorge comme ça.

Il balance un gros paquet de neige sur le brasier improvisé. Grésillement. Le feu s'éteint. Il passe devant, confiant. Lui n'éprouve aucune crainte à montrer son dos à ces deux humains. Il faudrait plus qu'un coup de poignard ou qu'une balle pour le tuer, et il n'a jamais vu d'humains arriver d'office avec plus puissant qu'un pistolet dans leur bagages.

- C'est par là.

Les arbres noirs et morts évoquent les mains crochues de dizaines de millers de squelettes noircis qui sortiraient de leurs tombes, avides d'arracher des lambeaux de nuage au ciel plombé. La poudreuse épaisse qui colle à leurs chaussures comme si elle essayant délibérément de les empêcher d'avancer gêne leur progression. Cortège incongru, improbable, même au milieu de ce paysage de cauchemar figé : un mort-vivant en costume trois-pièces et un humain en pelisse portant sa compagne en tenue de bal. Ils marchent cote à cote maintenant. Le blizzard ne souffle plus mais il neige toujours, et des lambeaux d'une brume ouatée s'accrochent aux branches avides. D'ici peu on n'y verra plus grand chose.

- Comme tu l'as surement deviné, je suis une Chimère. Comment j'en suis arrivé là, c'est une longue et cruelle histoire, qui n'a pas grand intéret pour répondre à ta question. Tout ce que tu dois savoir, c'est que l'Hiver est tombé dépuis peu sur la Vallée, auparavant figée dans un automne perpetuel, conséquence indirecte d'un conflit latent entre les trois races qui a dégénéré. Du manoir des Ombres, incendié par les chimères lors de la bataille du médaillon (enfin, c'est comme ça que je l'appelle), il ne reste qu'une partie habitable. Le refuge humain a lui aussi été incendié, lorsque les humains ont trahi les Chimères et leur ont refusé l'asile malgré leur alliance, alors que mes semblables avaient été chassés de leur demeure par les Bêtes. Nombreux sont les batiments qui ont brulé au village. Les humains vivent maintenant dans la bibliothèque, les Chimères dans les ruines d'une taverne qui s'appellait le Cardinal's Jail. De ces évenements, je n'ai pas été entièrement témoin : blessé lors de l'assaut du manoir, je ne suis revenu à moi que quelques jours après. De surcroit, j'avais changé physiquement. Les circonstances de mon retour ont favorisé une rumeur prétendant que j'étais à la solde des Bêtes. Une manoeuvre politique de la part de Cold, le chef des Chimères, pour m'empêcher de lui contester le pouvoir. J'ai été banni. Traqué, isolé dans une Vallée où rodaient depuis peu les Bêtes, des monstres plus puissant qu'aucune autre créature, je me suis retrouvé confronté à un choix simple : trahir ou mourir. J'ai décidé de rallier les humains et leur chef, Mary Malone, qui ne m'a accepté qu'après une longue discussion pour savoir si j'étais digne de foi. Les conditions sont simple : je suis toléré dans la bibliothèque et en échange je dois aider et protéger les humains du mieux que je le pourrais... et bien sur m'abstenir de leur faire du mal.

Il y avait quelques ellipses et imprécisions dans son récit, mais il était véridique. L'histoire d'un renégat qui s'était adapté pour survivre, faisant preuve d'acharnement dans sa volonté de ne pas se laisser dévorer par la Vallée.

- La route est encore longue et mon petit récit m'a pris moins de temps que je ne le pensais... On a encore du temps pour causer. Drako Karaggovic, ça vient d'Europe centrale, pas vrai? Les Balkans, tout ça... T'as dû en voir des vertes et des pas mures toi aussi. Comment t'es arrivé là?

Un petit silence.

- Si ce n'est pas indiscret bien sur.
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyJeu 3 Mai - 11:09

De ses yeux elle ne le quitte pas, malgré la curiosité suscitée par l’étrange créature. Oui créature, elle n’a pas d’autre mot pour l’heure lui permettant de définir le troisième de cet improbable trio.

- Pas moi qui t’ai amené ici, gamin. Lève-toi, nous faut trouver un abri, je te porterais.
Grimpe, on s’en va.


*Gamin… Comment sait-il ? Sait-il ? Est-ce ? Même elle ne sait pas… Ne veut pas savoir… Gamin…*



*Salope…*

De sa geôle Kalia tente de s’exprimer.

*Que pense-tu ? De quoi parle-tu ? Je ne comprend rien.*

*TAIS TOI ! Mauvaise, je n’ai plus besoin de toi, toi qui n’à jamais voulu, su, me nommer. Je l’ai retrouvé à présent... *

Si ce n’est lui, qui donc la entraînée dans ce lieu ? S’interroge Kalia. L’autre, cet être au visage rapiécé ? La jeune femme grimace, irritée de ne parvenir à ce souvenir.

Plus tard… réponses…

La mine muée dans un sourire joyeux, enfantin, non sans difficulté, elle se traîne vers le dos offert, s’agrippant au coup de l’homme dans un geste hésitant entre l’étreinte et la strangulation.


*M’a abandonné, laissé avec cette pute, devrais te…*

Le tuer… Maudit… Manque… Jamais plus le quitter… Le tuer… Non… Si… Non… Peut pas…

« V’la, j’suis calé. Tu sais, j’ai jamais cru mère, j’savais qu’tu reviendrais… »

Recroquevillée dans un coin de sa cellule, Kalia sanglote. Elle n’y entend rien aux propos de « l’autre ». La folie semble la gagner. Se soutiens qui l’a sauvée semble l’abandonner, la dénigrer, la rejeter. Pourquoi se soudain revirement? Cela semble étroitement lié à cet homme que pourtant elle connaît à peine.
Les sanglots s’accentuent, elle hoquette, remuant ces souvenirs, cherchant à comprendre le sens des paroles de son alter ego.


*Pauvre conne. Même devant les faits tu comprends toujours que dalle. Tu m’donne envie d’gerber.*



Elle cale son menton sur l’épaule gauche de son bienfaiteur. De là elle guette, écoute attentivement les échanges des deux hommes. Enfin hommes…
Elle essaye d’analyser, de comprendre, cherchant une explication à sa présence ici, ainsi que la raison de la viabilité d’un être tel que cette chose abjecte qui irrite son regard. Mais les mots ne font qu’alimenter sa confusion.

La bibliothèque… Dévorés… Chimère… Vallée… Trois races… Ombres… Médaillon…

Elle resserre son étreinte chuchotant à l’oreille de celui que la créature appelle Drako Karaggovic.

Pas son non…Changé... Sûrement…


« P’pa j’suis pas rassuré, trouve vite l'refuge dont l'monstre à parlé. »

Elle jette alors un regard suspicieux à la créature. Oui, il semble que le terme soit approprié. De sa bouche elle l’a entendue. Créature…

Au fond de son trou, au creux de son esprit, le désespoir de Kalia ce change en colère. Colère provoquée par ce brutal abandon de sa moitié. Elle ne peu admettre d’être amputée de cette partie d’elle-même. Non. Un élan combatif, d’accoutumé propriété de « l’autre », emplit la jeune femme cloîtrée.


*Je comprendrais… Je trouverais… Puisque c’est bien pour cela que tu m’en veut… Je trouverais…*


*Ouais c’est sa ma poule cherche… Mais c’est p’tre bien trop tard pour toi, t’a mis trop d’temps à t’réveiller…*


Assez. Son attention se reporte sur l’homme et la créature. Elle doit en apprendre plus. Attend d’autres phrases, d’autres mots, susceptibles de lever le voile sur son ignorance face à la situation.
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Chahîd
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyJeu 3 Mai - 22:04

La femme doucement se coule sur son dos, légère.
Une plume.
Elle cale son menton glacé comme un enfant contre sa gorge.

- « V’la, j’suis calé. Tu sais, j’ai jamais cru mère, j’savais qu’tu reviendrais… »

Il esquisse un mouvement pour la repousser, mais abandonne, un rictus tire sa lèvre supérieure, il marche désormais, d'un pas vif et saccadé, négligeant le poids, la fatigue, la douleur et le froid qui pénètre sa peau comme des aiguilles.
Le brandon enflammé dans sa main, vacille, creusant son sillon lumineux entre lui et la créature qui les accompagne. Conciliante, elle distille, au compte-gouttes des informations que Yoshe enregistre tandis qu'il digère ce que vient de lacher la voix rauque qui aboit dans son oreille. Les voix se superposent.


-… attendu …que le froid fasse le sale boulot à ma place

* Il se nourrit donc de cadavres, contrairement à ses congénères… un charognard… il ne doit pas bien être aimé par les autres… une sorte d’anomalie fonctionnelle…

Il regarde droit devant lui, prêtant une oreille attentive à ce que lui dit son voisin qui le surplombe d'une demi-tête, lui jetant un regard perçant de temps en temps, traçant sa route, déterminé et méfiant.

Une machine en marche.
Une machine de guerre.
qui pense.


*Arrogant, orgueilleux mais négligé dans ses manières, son langage... ce qu'il feint... ou subit...., observateur et déterminé, réactif.... a un but, me le cache... ne me dit pas tout... tente de se faire passer pour plus rustre qu'il n'est ... une anomalie... fonctionnelle.... un mensonge... une mise en scène... une psychose....

Leurs pas crissent dans la neige, ils marchent tous deux cotes à côtes entre les arbres serrés et noirs qui s'élèvent vers le ciels comme des êtres calcinés.
Un passeur et son réfugié à deux têtes.


*Il aime parler, polémiquer. Bavard, signe de sa grande intelligence... contrariée par sa vanité.. intégrer, être aimé, accepté, sauver sa peau ? Frustrations multiples, accumulées...

La femme resserre son étreinte, noue ses bras autour de sa gorge, un serpent qui l'étouffe, un brusque mouvement de tête, agacé.

- Arrêtes de bouger gamin, sinon....

Quand à nouveau la voix chuchote.
- « P’pa j’suis pas rassuré, trouve vite l'refuge dont l'monstre a parlé.»

* ..... P'pa...
Se superposant encore avec celle de la créature :



- Drako Karaggovic, ça vient d'Europe centrale, pas vrai? Les Balkans, tout ça... T'as dû en voir des vertes et des pas mures toi aussi. …. Comment t'es arrivé là?



*Oui.... Intelligent et.... cultivé, des études supérieures peut être, interrompues… par le coma ?
non.... sans doute une autre raison…
trop jeune pour avoir connu la guerre si ce n’est que par ce qu’il a pu en entendre dans ses cours d’histoire, des connaissances vagues inexactes, tronquées mais... a l’air au courant, s'interresse, il est curieux... avide...
narcissique... mais.... oui.... ne pas le sous estimer…


Yoshe regarde devant lui et d'un ton effroyablement calme et froid répond à la chimère sans la regarder:


- Effectivement, d’Europe centrale.

Ses pensées se bousculent.
Mais il reste imperturbable.
Son visage fixe, comme taillé dans le marbre.



* Balkans....


ressac Yoshedanslesruineszi1


..... Normalement, c'est moi qui pose les questions, créature...



- Je suis là parce que je suis tombé dans le coma et que je suis sans doute en ce moment même dans un hôpital quelconque à lutter entre la vie et la mort.

C’est vous-même qui me l’avez apprit, Saedroth.


Ses yeux délavés pénètrent, inquisiteurs, pendant quelques secondes, les pupilles étrécies de celui dont il vient prononcer le nom.

* le nom....

________________________________________________

Extraits …
des Derniers jours.


Hranca était un village musulman d’une centaine de familles, ceint par les hauteurs de fermes appartenant à des paysans serbes.

Même si plusieurs des hommes qui y vivaient avaient dû rejoindre les troupes musulmanes rebelles, dans les montagnes, impossible de trouver dans l’histoire de ce village le moindre épisode mémorable ou traumatisant (tueries, démolitions d’églises) que les caciques serbes aiment à ressasser pour exciter leurs hommes.

C’était un village musulman timoré, près d’une bourgade serbe des plus grégaire, dans une région bosniaque isolée, frontalière d’une Serbie en marche vers la Grande Serbie.

Tout est mort aujourd’hui.
Demain, je serais mort aussi.



Samedi après-midi

Une centaine d’hommes montent au village.
Ils appartiennent à la milice d’Arkan, et à une autre formation reconnaissable à l’aigle noir sur fond bleu de son écusson.
Ces commandos, accompagnés de policiers de Bratunac, revêtus de leurs habituels uniformes bleus, fouillent les maisons, bousculent un peu les gens, ordonnent aux hommes de livrer leurs fusils, distribués dans toutes les régions rurales de l’ancienne Yougoslavie sous le régime titiste, dans le cadre des « défenses populaires généralisées », pour résister à une éventuelle invasion soviétique.
Tout campagnard yougoslave utilisait ces fusils pour la chasse, voire, dans les montagnes, pour des vendettas.

Après les brutalités d’usage, destinées à intimider la population, les miliciens préviennent qu’ils reviendront chercher les armes le lendemain.

Ils reviendront.
Dimanche, le jour de leur Seigneur…


Dimanche


Il est presque midi, ils sont une trentaine.
Quelques uns sont masqués de cagoules de laine noire.

J’étouffe, coincé entre quatre femmes et une ribambelle d’enfants, dans cette cave qui m’évite la mort, cette mort immédiate qui m’aurait évité de voir ce que j’ai vu ce jour là.


La plupart des hommes s’enfuient, ou se sont déjà enfuis dans les forêts de fayards et de cèdres qui basculent par-dessus les crêtes.
Les miliciens les pourchassent et les rafalent à la Kalachnikov.
Une vingtaine de villageois sont capturés, les mains liés avec de la cordelette de Nylon ; ils sont embarqués en camion vers Bratunac. D’autres agonisent et meurent dans les herbes et les fougères des bois, où personne n’ose aller les chercher. Les derniers, les plus chanceux, s’enfuient pour rejoindre à travers la montagne les enclaves musulmanes, de Srebrenica… de Tuzla…

Et moi, j’attends, le ventre noué, dans cette cave qui devient ma prison. Et je ne fais rien. Je survis.

Les miliciens investissent les maisons de ceux qui manquent à l’appel, sans égards pour leurs familles qu’ils chassent dehors.
Des camions ils déchargent des jerricans d’essence dont ils répandent le contenu dans chaque pièce, dégoupillent les grenades et font sauter les habitations.
Les miliciens torturent, achèvent d’une rafale de Kalachnikov.
Clapotement de la chair qui s’écarte, qui crève.
Des femmes sont raflées chez elles ou dans la rue.
Violées à tour de rôle, relâchées et reprises.

Le raid finit après 7 heures d’explosions,
de crépitations de rafales
et de cris qui n’ont pu échapper aux militaires fédéraux de Bratunac,
à l’heure du repas.

Je sors de ma cachette, découvrant ce qu’ils ont laissé derrière eux :
Un village brûlé
Endeuillé
Privé d’électricité
D’eau
De voitures en état de marche ou de charrettes attelées
Bouclé par un barrage à chaque extrémité.
42 maisons ont explosé, les murs noircis s’ouvrent sans toit sur le ciel.
Les cadavres de vaches, des moutons, des chiens, abattus à la Kalachnikov ou à la faux, jonchent la litière des étables.
Un fatras de herses, de remorques, d’outillages brisés ou tordus, témoigne d’un acharnement méticuleux.

Je cherche les morts.

Je cherche mon cadavre
parmi les leurs.
Je suis un mort qui marche dans les décombres.


Je traverse la chaussée au ralenti.

Englué dans un rêve, enraciné dans cette réalité de cauchemar.

Désert, le chemin s’anime peu à peu, de toutes part, au sortir des granges, se forme un cortège de femmes, de filles et d’enfants, les unes pleurent, les autres ont déjà trop pleuré, et tentent dans un brouhaha innommable de me raconter, ce que j’ai cru deviné, caché dans cette cave qui a échappée par miracle au raid meurtrier.
Elles m’assaillent, me décrivent leurs hommes disparus, incapables d’imaginer leur sort parfois, notent leur nom sur des morceaux de papier, me demandent de l’aide.

Je me dois de refuser.
Je vomis.


Une vache survivante beugle sa solitude dans l’indifférence générale.

En dépit des confusions, des répétitions, des effusions, la scène de raid que j’avais imaginé surgit peu à peu sous mes yeux. Je visite chaque maison.

Je vomis.


Le cortège m’emmène chez Ramic.
Pas un bruit à l’intérieur.
Sur la dalle de l’allée, des flaques noircissent que la pierre ne parvient pas à absorber..

Camil, le père,
Sacir son frère,
Et Osman son fils.

Le crâne du père a été fracassé, la poitrine et l’abdomen du frère et du fils sont traversés de larges saignées.
L’orbite enfoncée défigure le fils, la peau des trois visages meurtris est teintée de la couleur bleutée noirâtre des hémorragies.

Je reconstitue,
leurs visages
le puzzle.

L’Histoire, leur histoire et la mienne, des morceaux, des lambeaux…
des gueules cassées, encore et toujours.

Les deux hommes, surpris dans la cave lors de l’irruption des tueurs ont tenté de se dissimuler derrière un tas de pommes, d’où ils ont été tirés pour être questionnés et torturés sous les yeux de leurs femmes.

Je vomis l’Occident et son déclin.

En contrebas, dans la grande pièce d’une maison identique et intacte, un groupe de femmes pleurent Bego, un homme peu âgé, allongé sur le canapé dans son complet du dimanche. Sous sa chemise déchirée apparaît une blessure au ventre faite à la faucille, sale.

Combien sont ils encore…

La maison de Ramiza et Hadjoudin jouxte celle-ci par un petit potager. Des portraits de famille comme partout ici sont encadrés aux murs du salon où trône un divan.
En l’absence de Hadjoudin, disparu, Ramiza pleure le cadavre de Selma, une fillette de 7 ans, abattue d’une balle dans la tête quand elle dévalait le pré vers la bergerie où vaquait son père.

Je vomis l’occident lâche et fossoyeur.
Je ne distingue presque plus les voix qui se mêlent dans une mélopée atroce.
Je crois que je deviens fou.
Que je deviens fou.


Les troubles des émotions, la volubilité ou le mutisme, les visages égarés ou absents, les pleurs incontrôlés, me laissent peu de doutes… certaines d’entre elles ont été violées, mais une seule parlera à l’étranger et au juif, que je suis.

Edmira
fin d’après midi,
deux hommes,
25 ans,
connaissait l’un d’eux,
lui a parlé gentiment.

Il reviendra la chercher, et je serais parti.


Elle abandonne le ton dramatique avec lequel elle évoquait tortures et exécutions,
elle parle d’une voix presque impassible.

Ces viols sont probablement le résultat de la rapide dégradation des mœurs des troupes serbes au fil de mois de tueries, la conséquence d’un sentiment d’invulnérabilité plus forte en Bosnie qu’en Croatie. Mais cette nouvelle étape dans la sauvagerie est certainement encouragée par la démission ou la soumission progressive de la hiérarchie de l’armée fédérale face aux potentats nationalistes, aux députés autoproclamés, chefs politiques qui décident et transmettent cette politique de l’humiliation systématique aux nouveaux chefs de guerre.
Des soldats libérés d’une discipline militaire classique, et commandés par les plus braillards, les plus costauds ou les plus cinglés dégénèrent en bandes de nervis.
Ce naufrage des mœurs militaires finira inévitablement à contaminer les troupes bosniaques et croates, je le crains.


Oui. J’ai vu, j’ai raconté.
Presque rien.
Cela ne sert à rien de parler, d'écrire.
Rien.
Et au commencement.... était... le Verbe...


Impuissant, je vomis les doutes que l’on a insidieusement opposé à mes récits à Paris.

¤¤¤

Hranca était un joli village des collines.
Fleuri en blanc au printemps par les branches des arbres fruitiers, blanchi de neige en hiver.

Derrière moi je laisse une ruine où attendent trois générations de femmes, jusqu’à leur évacuation probable vers Tuzla ou Srebrenica….

¤¤¤

Zog nit keynmol az du gayst dem letzten veg,
Ne dis jamais que c’est ton dernier chemin
Ven himlen blayene farshteln bloye teg;
Malgré les cieux de plomb qui cachent le bleu du jour
Vayl kumen vet noch undzer oysgebenkte shuh,
Car sonnera pour nous l’heure tant attendue
Es vet a poyk tun undzer trot - mir zaynen do!
Nos pas feront retentir ce cri : nous sommes là
Es vet di morgenzun bagilden undz dem haynt,
Le soleil illuminera notre présent
Un der nechten vet farshvinden mitn faynt;
Les nuits noires disparaîtront avec l’ennemi
Nor oyb farzamen vet di zun in dem ka-yor,
Et si le soleil devait tarder à l’horizon
Vi a parol zol geyn dos leed fun door tzu door.
Ce chant se transmettra comme un appel
Geshriben iz dos leed mit blut und nit mit bly,
Ce chant n’a pas été écrit avec un crayon mais avec du sang
S'iz nit keyn leedl fun a foygel oyf der fry;
Ce n’est pas le chant d’un oiseau en liberté :
Dos hut a folk tzvishen falendi-ke vent,
Un peuple entouré de murs qui s’écroulent
Dos leed gezungen mit naganes in di hent.
l’a chanté, nagan à la main
Fun grinem palmenland biz land fun vaysen shney,
Du vert pays des palmiers jusqu’au pays des neiges blanches
Mir kumen un mit undzer payn, mit undzer vey;
Nous arrivons avec nos souffrances et nos douleurs
Un voo gefalen iz a shpritz fun undzer blut,
Et là où est tombé la plus petite goutte de sang
Shpritzen vet dort undzer gvure, undzer mut.
Jaillira notre héroïsme et notre courage
Zog nit keyn mol az du gayst dem letzten veg,
C’est pourquoi ne dis jamais que c’est ton dernier chemin
Ven himlen blayene farshteln bloye teg;
Malgré les cieux de plomb qui cachent le bleu du jour
Kumen vet noch undzer oysgebenkte shuh,
Car sonnera pour nous l’heure tant attendue
Es vet a poyk tun undzer trot -- mir zaynen do
Nos pas feront retentir ce cri : nous sommes là !


ressac Zelfportretve7



¤¤¤

Je n’ai plus de mot
Je n’ai plus d’yeux
Je n’ai plus de cœur
Je ne sens plus

J’ai disparu

Ne reste rien
Je n’écrirais pas.

Peut être.


¤¤¤


Je pars demain.
Et demain, je serais milicien.

________________________________________________


- Et vous, pourquoi êtes vous mort là bas, qu'est ce qui vous a retiré votre dernier souffle ?

* ou ton dernier espoir... chimère...


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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyVen 4 Mai - 13:05

Elle. Fille… Epouse… Mère… Amante…

Tassée, abandonnée dans un coin. Impression, lointaine, familière. Enterrée mais pas effacée. La seule distinction c’est qu’elle n’est plus recluse physiquement mais au confins de son esprit. Dans l’absolu cela ne modifie pas grand chose, le résultat reste le même.

Quoique…

Différence notable... Ce n’est plus en victime qu’elle se pose. Non. Si l’autre lui à bien enseignée une chose, c’est de ne plus être la victime d’un tiers.

La colère demeure. Stabilisée. Alimentant la volonté de Kalia qui fouille les méandres de sa mémoire. Chaotique. Entrecoupée. Elle tente de reformer le puzzle, comme… Non… Oublier cela par contre… Une peur aussi, frisant la panique dévaste la jeune femme. La voix a bien marqué l’urgence. Kalia doit découvrir, savoir, vite… Oui mais quoi ? Comment trouver quand l’on ne sait où chercher ?
Elle espère aussi, qu’il ne soit trop tard. Ne pouvant se résoudre à retourner à cette solitude, ce vide, comblé par « l’autre ».
Il doit y avoir des traces, forcément. Essayant de se remémorer les paroles de sa « jumelle », elle met de côté, un a un, des mots et bribes de phrases, sur lesquels elle butte, ne comprenant pas leur emploie. Incohérents.

Salope… Mauvaise… Jamais voulu, su, me nommer… Retrouvé… Mère… Reviendrais… Comprends… Que dalle… P’pa…

Elle lie ces mots, indices infimes, a leur passé commun. Partant de l’instant où la voix est apparue. Elle cherche, assemble, émet des suppositions.

Fausse couche… Mutisme… Bastonnade… Injustice… Haine…

Une hypothèse s’offre soudain à elle. Non. Rejet… Impossible.

Impossible ? Pourtant pas plus que la viabilité de cette voix.

Mais non… Ne peu admettre… Abject… Non…

Cette théorie l’épouvante. Pas assez de preuves, d’indications.


*Je dois attendre, encore, être certaine. Mais… Peut être plus le temps…*

...

Les bras de Kalia se crispent, les paroles de sa « monture » grondant dans ça tête. Elle se mord la lèvre inférieure, grognant.

*Sinon quoi putain, a peine retrouvé le v’la qu’y m’engueule…*

Elle desserre un peu son étreinte avant d’enfouir son visage au creux de la courbe du coup de l’homme chuchotant de nouveau.

« C’est bon P’pa, pas la peine de t’énerver... »
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Chahîd
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyVen 4 Mai - 14:11

Ses pas lourds arrachent des morceaux de neige.
La créature, plus légère, ne laisse que de maigres empreintes.
Les paroles qu’elle a prononcé plus tôt ils les répètent et les retournent

….l'Hiver est tombé depuis peu sur la Vallée… conséquence indirecte d'un conflit latent entre les trois races qui a dégénéré…. manoir des Ombres…. incendié par les chimères … bataille du médaillon …il ne reste qu'une partie habitable… refuge humain …. lui aussi incendié…. … les humains ont trahi les Chimères …. leur ont refusé l'asile malgré leur alliance… mes semblables … chassés de leur demeure par les Bêtes… nombreux les bâtiments qui ont brûlé … humains…la bibliothèque… Chimères dans les ruines d'une taverne qui s'appelait le Cardinal's Jail… blessé lors de l'assaut du manoir…. revenu à moi quelques jours après… changé physiquement… une rumeur… que j'étais à la solde des Bêtes… manoeuvre politique de Cold… chef des Chimères… m'empêcher de lui contester le pouvoir… banni…traqué…. isolé… rodaient les Bêtes… monstres plus puissants qu'aucune autre créature…choix simple : trahir ou mourir…rallier les humains et leur chef…Mary Malone… suis toléré dans la bibliothèque …. dois aider et protéger les humains …. m'abstenir de leur faire du mal.


*Des chimères mal loties dont le chef se nomme Cold, des Ombres pour le moment dans une situation plus enviable apparemment… ont-elles un chef, elles aussi ? et des humains, qui selon ses dires ne tiennent pas leur parole… la flexibilité de leur âme.. oui… je ne la connais que trop bien… les premiers à trahir pour sauver le peu qu’ils possèdent… toujours la même histoire… cette affreuse fragilité qui fait d’eux de redoutables prédateurs au bout du compte… leur chef serait une femme, Mary Malone…elle doit être… une femme, voilà qui est peu banal dans un contexte aussi ….. une espèce bien plus dangereuse, ces bêtes dont il parle avec effroi… si effrayantes qu’elles le pousse lui-même à s’allier aux humains, plus faibles…qui pourtant ont trahis les siens… doit laisser des blessures profondes… nourrir un désir de vengeance…. il faut que je rencontre cette Mary Malone et m'entretenir avec elle..., les humains sont ils divisés comme les Chimères...et les Ombres... de même... questions pour le moment sans réponses... mais je saurais vite....


Tandis qu’il se perd dans ses réflexions, attendant la réponse de Saedroth et qu’il essaye de dénouer l’écheveau des événements qui lui ont été si grossièrement résumés et tachant de trouver les éléments manquant à ce récit, la voix de la femme, blottie contre, lui chuchote encore:

« C’est bon P’pa, pas la peine de t’énerver... »


Son visage blanchit brusquement, une colère sourde lui remonte des vicères jusqu’au front, il crispe les dents.
Resserrant son poing sur la torche qui faiblit, mais qui tient, vaille que vaille, il lâche sa main qui soutenait la femme par le bassin, la laissant se cramponner comme un vulgaire primate sur son dos, et d’un geste ample et brusque du bras il lui attrape la nuque qu'il serre et pince, menaçant de la briser en une simple torsion. Sa voix est tranchante et brutale, mais elle n'exprime aucune émotion :


- Et toi.
Arrête de m’appeler Papa.

* ou je te casse en deux, gamin...
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyVen 4 Mai - 23:18

...

[hrp] pourriez vous effacer ce post inutile, merci [hrp]


Dernière édition par le Sam 5 Mai - 10:51, édité 4 fois
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Saedroth
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyVen 4 Mai - 23:44

Pas bavard, l'ancien. Méfiant probablement. Remarque, il y a de quoi. Et puis... Peut être n'a-t-il pas envie de raconter. Lui, il ne connait de cette région du monde que ce qu'il a lu dans quelques bouquins, dans ses cours d'histoire-géographie. Un documentaire sur la cinq à moitié oublié et un film à grand spectacle sur le sujet viennent parachever sa culture en la matière. Autant dire qu'il n'y connait rien. Il cherchera à la bibliothèque, au retour, voire s'il y a un bouquin récent sur le sujet. Malgré son apparence "dix neuvième siècle", la Vallée a l'air au courant en matière de ce qui sort dans les librairires. En attendant, pas la peine de retourner le couteau dans la plaie en cuisinant l'ancêtre. Il a l'air suffisament mal luné pour réagir méchament. Probablement pas assez méchament pour l'inquièter, mais autant éviter de pourrir l'atmosphère déjà glaciale de la conversation. Ce type là est froid comme un bloc de glace.

Il lui demande finalement, dans un style un rien emphatique ce qui lui est arrivé, à lui. Pure politesse? Pas sur. Psychologie, plutot. Il cherche probablement à voir un peu le profil de son interlocuteur. Saedroth hésite un instant à tout lui déballer. Sa vie de minable, sa schizophrénie d'alors, ses meurtres. Bah, Draggo est déjà assez méfiant comme ça, pas la peine d'en rajouter une couche. Sans compter sa copine. Pas sa fille manifestement. Il l'appelle gamin. Bizarre, ça. Et ne se montre pas particulièrement débordant de tendresse à son égard. Décidément, il a le chic pour débusquer les cas tordus. D'abord cette fille, Faerie, au cimetière, il y a longtemps maintenant. Et puis maintenant papy et son "gamin".


- Je me suis fait renverser par un tramway. L'accident stupide. Je suppose qu'on m'a débranché juste après mon arrivée ici. Je suis resté inconscient au début et quand je me suis réveillé, j'était déjà une Chimère.

Soudain, l'homme semble piqué au vif par quelque chose marmonné par son cornac. Suffisament vexé pour lui aggriper la nuque et lui faire comprendre d'un ton à refroidir de la lave qu'il n'aime pas être appellé "papa".

- Doucement, Drakko, t'enerves pas. Elle a l'air à moitié dans les vapes, elle ne doit pas trop savoir ce qu'elle dit. Et surtout, si tu la fais crier, tout ce qui va sur deux ou quatre pattes et qui a faim risque de se ramener au pas de charge dans le coin.

Bizarre, cette réaction. Mais plus ça va et moins ce Drakko lui semble net. Suspicieux, méfiant jusqu'à la paranoïa, calculateur, attentif. Et avec manifestement une certaine propension à la violence quand on sait où appuyer. Peut être que porter une fille inconsciente dans une forêt enneigée lui rappelle des souvenirs... Il ne demande pas. Pas ses oignons. L'humain lui a clairement fait comprendre qu'il ne lui déballerait pas sa biographie sur demande. Il jette un regard à la fille. Elle a du mal à emerger. Pourvu que ce ne soit pas trop grave. Il n'y connait rien en medecine. Avec un peu de chance, Mary Malone sera à la bibliothèque. Elle a été médecin, à ce qu'on dit, elle saura quoi faire. Sinon... Il doit bien y avoir au moins une ex-infirmière ou quelqu'un dans le genre à part elle, non?

Autour de lui, la forêt, toujours. On n'y voit plus rien au delà de quelques mètres maintenant, mais lui sait où aller. Il pourrait parcourir ce sentier les yeux fermés, ivre mort, de nuit dans ce brouillard à couper au couteau sans se planter. C'est un des coins d'Hollow Dream qu'il connait le mieux. La route est encore longue...


Dernière édition par le Mer 9 Mai - 18:35, édité 1 fois
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Al Fana
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyDim 6 Mai - 11:48

Ca a d'abord été leurs odeurs
Il a failli fuir, percevant l'odeur d'une bête. Mais ce fumet mélangé à celui d'humains n'était pas logique. Ca devait être la mortechimère. Odeur de bête mais chimère comme morte. C'est ainsi qu'il l'appelait. Celle avec les humains. Il resta. l'odeur des humains était piquante. Elle charriait des odeurs de détritus, de gaz d'échappement, de produits pharmaceutiques. De nouveaux...
A manger.

Puis le son, étouffé par la glace et la neige
Une conversation
3 voix
La Mortechimère
une femmefillenfant
et...
et...
Deconnexion.

Enfin leur image, la mortechimère comme guide.
Rester tapi.
Immobilité totale
Puis une silhouette bicéphale, lupine et vacillante, mâle femelle.
Mémoire qui se débat
Inconscient qui la combat
Agir
Vite.

Il bondit, griffes en avant, organisme infecté par la peur et la faim.
Il bouscula l'humain sherpa d'un coup d'épaule, le regard vide, un coup de griffe comme une signature, négligemment, comme un salut.
Sens le sang qui suinte.
Il se relève, vite, vite, avant que la mortechimère réagisse, elle, elle seule est dangereuse. Il empoigne la femmefille gémissante, pas le temps de tuer, d'abord fuir, loin, ensuite manger. La Hisser, vite. Il la soulève et détale, son fardeau sur l'épaule.
Courrir, se perdre dans les bois. Echapper.
Fuir fuir fuir fuir.
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Chahîd
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyDim 6 Mai - 13:19

- Je ne m’énerve pas. Je suis parfaitement calme, Saedroth.

Il relâche la nuque flexible et tiède et s’arque encore, le visage tendu vers l’avant, monstrueux bossu.
Yoshe, tache de faire redescendre la tension qui crispe désormais ses membres, ses doigts, détendus qui restent un instant à tâter l’arrière du crâne de la femme.


- Bouge plus, bouge pas.


Méfiant, il se demande si réellement la créature les conduirait ou non à la bibliothèque. Et finalement pour quelle raison.

* Qu’a-t-elle à y gagner ? La reconnaissance et la confiance de Mary Malone et de ses semblables, peut-être, un reste d’empathie ... un souvenir de l’humain qu’il a été, autrefois, si toutefois il a éprouvé.. vu la forme qu’il a prit….


- Pourquoi faites vous confiance aux humains, alors qu’ils ont déjà trahis par le passé ceux de votre espèce,
qu’est ce qui vous permet d’accorder un quelconque crédit à celle qui s’est désignée,
ou a été désignée d’ailleurs, je l’ignore encore, comme leur chef ?


Puis brusquement il se retourne vers Saedroth, et le fixe avec intensité :


- Qui a prit la décision de vous débrancher ?
Vos parents ?
Qui prend cette décision de l’autre côté ?


Avez-vous des informations…. Y a –t-il un moyen de communiquer …


Ssccchhhhhhisssssssssssssssshhhhhhhh...
la flamme s'éteint dans la neige, laissant une traînée noirâtre
au sol,
il étouffe,

sang
griffe
plus léger
arraché
comme un éclat de verre
grenade
griffe
dans sa colonne vertébrale, dans son crâne, dans ses yeux
la rage

plus léger
il frappe son épaule,
au sol
il gît comme une baleine
éventrée

quelque chose s’éloigne, là bas
il voit
le regard fou
snipper

Il n’a pas eut le temps d’achever sa phrase,
une vague foudroyante s’est abattu sur lui.
Terrassé.
Un instant il pense que Saedroth s’est jeté sur lui. Lui jette un regard noir plein de furie et d'incompréhension, et rien, le vide, une seconde. Il réalise, il sait que ce n'est pas son compagnon de route.
Sonné, se redresse, sur le qui vive, le cœur battant
Où…
Ses yeux cherchent dans la neige, cherche les traces sur le sol immaculé

Débusquer
le tueur
ne plus voir mourir

Un accès de rage quand il tâte encore une fois désespérement son dos délesté de son fardeau, comme une obsession, ce poids qui lui manque, brusquement, il râle, il se jette en avant, rage au ventre, pousse un hurlement, mélange de détresse et de hargne.


- GAMIN !!!!!!!!! viens ici !

Il bondit comme un dément, la colère qui le saisit est brutale, dévastatrice, démesurée, bestiale. Aux aguets, il cherche, ne voyant plus rien que l'objet qu'il poursuit, il ne veut pas voir mourir, il ne veut plus voir mourir.
Et comme un chien excité, possédé par l’odeur de sa proie, il traque, kriss en main, les yeux exorbités, les traces de la chimère qui lui a volé son protégé. Et s'enfonce, inconscient, dans la forêt, là que sans doute elle est partie se terrer et consommer son bien.




[direction la forêt]
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyDim 6 Mai - 18:23

- Et toi.
Arrête de m’appeler Papa.


Comme une lame en plein cœur, la violence avec laquelle Kalia accueille les dernières paroles de l’homme lui fait sortir la tête de son cocon. Le regard haineux, les dents serrées, souffrance, déception et colère se mêlent, s’entrechoquent. Elle sent, glacés, les doigts puissants qui lui enserre le cou. Envie de mordre, de déchiqueter, de détruire…

*Enfoiré de fils de pute. Pas toi… Non… Tu me renie aussi hein, crevure, c’est comme ça, ton propre fils… T’est pire que mère, chien. Attend que je retrouve des forces que je te bouffe ta sale gueule…*


Sa nuque relâchée, elle sent encore la morsure des doigts sur con cou.


- Bouge plus, bouge pas.

*Me donne pas d’ordres connard, me donne pas d’ordres !*


Des paroles pleines de haine s’apprêtent à sortir de sa bouche, quand, elle... Mère, alarmée, sort de sa cage. Pas sure encore, pas totalement, presque... Mais décidée à confronter son hypothèse aux réactions de « l’autre ». Un instinct perdu depuis longtemps réintègre la jeune femme. Douce, cajoleuse, aimante…

*Chuttttt. Calme-toi mon enfant. Chutttt. Je suis là, oublie le, je suis là. Pour toi. Mon fils. Tàxo… Pardonne moi…*

En une demi seconde, la rage s’éteint, ce muant en stupeur ourlée d’une joie indicible. Enfin… Silence, semblant durer une éternité…

*Mère. T’en a mis du temps putain. T’est lente à la détente. Fallut qu’P’pa montre quel enfoiré il es pour qu’tu t’réveille!? On s’en tape de toute façon… Toi et moi comme… Comme…*

Horreur… Hypothèse fondée… Mon dieu… Mort… Vivant… Impossible… Lui... Tàxo…

Plus le choix. Elle doit admettre l’impensable ou sombrer dans la folie. Hors de question de se laisser aller à la deuxième solution. Aussi invraisemblable que ce constat puisse être, elle accepte, sûrement parce que lui ait offert ce qu’elle a toujours désirée retrouver… Alors, un calme relatif revient s’installer dans l’esprit de Kalia. Pièces du puzzle assemblées finalement. Dans le bon ordre ? En toute logique ? Bonnes questions…

*Maintenant fils, Tàxo, il nous faut nous concentrer sur le présent. Tu dois me laisser faire, tu es trop fougueux. Comme tu l’a dit nous sommes en mauvaise posture, le danger suinte, je le sens moi aussi.*

*Oui mère, mais merde pas, sinon je pointe mon nez, j’suis pas sur qu’tu sois a la hauteur… M’déçois pas encore… Fait pas ta fiote, hein !*

Le visage de Kalia se détend, adoucissant ses traits ainsi que son regard. Ces deux compagnons de fortune dissertent, elle regrette de n’avoir entendu mot, d’avoir laissé échapper d’éventuelles paroles susceptibles de l’éclairer un peu.

S’apprêtant à parler, elle n’en a pas le temps, arrachée à son refuge. Les mots laissant la place à un cri mêlant surprise et frayeur.

Empoignée, violemment, hissée sur une épaule dont elle n’a le temps d’apercevoir le visage du propriétaire. Son ravisseur part dans une course où il l’entraîne. Pas humain lui non plus, non, sa force ne peut être humaine pour courir à cette allure avec un tel poids sur lui.

Kalia ne panique pas, non. Ne geint pas non plus. Elle s’y refuse. A nouveau dévorée par la colère, cette colère qui est une force, son substitut au désespoir. Désespoir auquel elle se défend de s’abandonner comme par le passé. Elle hurle, se débat, griffe, mord…

« Qui que vous soyez lâchez-moi, ordure, lâchez-moi!!!!!! »

Elle mord à nouveau, avec toute sa force, arrachant un morceau de chair du cou de son kidnappeur.
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMar 8 Mai - 13:40

[Désolé pour le retard, période de révisions oblige. Je devrais redevenir complètement actif après le 14]

Parfaitement calme, tu parles. Mais bon, pas la peine d'en faire tout un plat. Tant qu'il ne lui fait pas de mal... Une fois à la bibliothèque, d'autres les prendront en charge, ce ne sera plus ses oignons. Et avec un peu de chance ça le fera remonter dans l'estime générale...

Finalement, il reprend l'offensive. Encore un trait de caractère de ce gars : chez lui, la meilleure défense, c'est l'attaque. Ses questions cherchent autant à destabiliser qu'à faire diversion pour ne pas qu'il creuse plus avant sur ce "coup de colère". Pourquoi a-t-il fait confiance à Mary alors qu'elle avait trahi les Chimères? Comment expliquer ça à un paranoïaque comme Yoshe? Il avait l'air d'être du genre à se méfier de sa propre mère. Mais Mary lui avait instinctivement inspiré confiance, parce qu'elle était foncièrement honnête. Elle était capable de poignarder les gens dans le dos, mais elle ne le ferait que parce qu'elle n'avait pas d'autres options. Elle était prête à tout pour protéger les siens, mais ça ne voulait pas dire qu'elle se montrerait spontanément mauvaise.

Avant qu'il ne puisse répondre, Drakko avait enchainé sur une autre salve de questions. Auxquelles il n'avait pas de réponse. Ses connaissances du monde réel s'arrêtaire à la vision d'un tramway lui arrivant dessus dans un grincement de freins et un hurlement de klaxon.

Mais une fois de plus il n'a pas le temps de repondre.

Bruit de choc.

Grésillement de torche.

On attaque ses protégés.

Le temps de faire volte-face l'aggresseur s'est enfui. Drakko est à terre. Du sang sur la neige.


*Merde!*

La fille a disparu.

L'homme lui jette un regard brulant de haine. Parano comme il est, il est surement persuadé que son guide est complice. Il se ravise, se relève, tate son dos. Part à fond de train en beuglant.

Saloperie. Pourquoi ce genre de conneries lui tombe systématiquement dessus? La fille est surement déjà morte. Les Chimères ne font pas dans le délicat quand ils veulent qu'un fardeau ne se débattent pas trop.

Celui-ci est une pointure. Et il en a une sacrée paire bien accrochée quelque part. Enlever quelqu'un sous son nez! Il ne reconnait ni l'odeur ni les empreintes. Encore un nouveau.

Il court derrière le vieux. Si celui-ci réussit à rattraper son ravisseur, il risque d'y avoir du vilain. Aucun humain ne peut battre une Chimère au corps à corps.

Aux trousses du ravisseur et de son compagnon, il s'enfonce dans la forêt.


*J'ai comme l'impression que les emmerdes ne font que commencer...*


Dernière édition par le Mer 9 Mai - 18:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ressac   ressac EmptyMar 8 Mai - 14:16

[hrp] pas de soucis, Saedroth, votre compagnie finissait par me manquer, et comme la patience n'est pas ma tasse de thé et la paranoïa ma qualité principale, je pensais que vous délaissiez vos hotes.
Je sais bien, aussi, que la gente fémininine, surtout quand elle a des attributs aussi avenants et une psyché aussi "sadique" que ceux de Nina a plus d'attraits qu'un vieillard racornit et radotant,
'ce pas... Evil smile 2

et bon courage pour les révisions...[hrp]
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