[Hum...Je continue, n'étant pas pleine du désire de stagner quelques semaines de plus...]
Elle dormait. Toujours dormir, au plus profond du coma. Yeux ouverts, mains crispées. Depuis des jours. Des nuits. Des millénaires de pensées, des siècles d'amnésies.
Yeux ouverts, mains crispées, coeur aux battements anarchiques.
Dormir, cauchemarder, rêver, au monde réel, au jardin battu par la pluie, qu'elle s'imaginait fort bien, sordide et minuscule.
Dormir, pietinée par le mépris et l'oubli. Une femme anonyme, une morte, une inconnue. Une fine poussière grise entassée par le vent entre les dalles, au pied des rosiers grisâtres et des fleurs fânées.
Battu par la pluie...
Revivre, encore, le jour sordide, à peiner dans la boue et les herbes spongieuses. Pour recevoir, au final, ni grâce divine, ni revelations, mais plusieurs centaines de kilogrammes sur la boîte cranienne. Nettement moins poétique.
Entendre les rires des êtres.
Ils tiraient ses cheveux décolorés par les larmes de son esprit, seul esprit à l'influence sur son enveloppe (plus ou moins) charnelle. Ils griffaient sa chair maigrie et palpitante.
Un tronc de femme nue flottait étrangement dans le vide. Cendre disparaissait. Rarement, une ombre sombrait dans un desespoir plus profond. La poussière claire accumulée sur le sol, partout ou elle avait encore eu la force de se trainer frémissait doucement. Cendre se perdait. Encore une fois, encore toujours, s'était-elle déjà trouvée une seule fois, parmis les brumes troubles de son âme?
Les dernières loques de la chemise de nuit étaient à terre depuis longtemps, brunes et déchiquetées, comme arrachées un jour d'étouffement. Elle s'en moquait. Ce qu'elle avait ici n'était pas un corps. Un fantasme, seulement, une illusion à elle-même qui s'effritait. Une statue de cendres grossièrement taillée. Tangible, mais tout juste. Personne n'aurait pensées de profiter de la léthargie de Maëlle. L'esperait-elle? Elle attendait. N'importe quoi. N'esperant donc pas. Que l'on fasse ce que l'on voudrait d'elle. Elle voulait disparaître. Sans le pouvoir, à l'abris, presque, emprisonnée au milieu des ramures et au milieu des ronces.
Seule dans la pièce vide.
Au milieu des ronces.
En enfer.
La femme evanescente, avait respiré, et une brise rouge et poisseuse s'était collée au mur de pierre. La femme avait gémit. Banshee trop épuisée pour le moindre hurlement.
Les doigts s'étaient refermés sur une mèche de cheveux pâles et l'avaient arrachée. Pas de douleur, à peine un picotement.
Cendre ne s'était pas nourrie, pas une seule fois. Déperissante, et pourtant, la dernière étincelle d'énergie en elle se débattait avec furie contre...
La mort? L'oubli.
Ou était l'ombre qu'elle avait déjà vue? Soren. Et...Kana, non? Si lointains. On l'avait oubliée, elle ne savait pas ou. Elle ne savait pas ou, on l'avait oubliée. Dans le grand salon d'un manoir froid et vide, on l'avait oubliée.