Une main secourable va t-elle venir ?

La pluie continuait de tomber sur Hollow Dream. Une silhouette titubait, marchant péniblement, s’arrêtant parfois pour souffler, avant de reprendre sa marche. Les yeux fixes dans une vue troublée, les dents demeurant serrées pour ne pas céder à la douleur d’une plaie agonisante et béante, ou des flots de sang semblaient encore couler, Valandra avait réussit avec beaucoup de mal à sortir de la forêt, de son entrevue avec un humain du nom de Samuel. Il l’avait touchée à l’épaule, une partie importante et quasi vitale. Il avait enfoncé le projectile de métal profondément dans sa plaie, laissant avec l’hémorragie prendre place. En retour, elle l’avait blessé à la cuisse avec sa chaîne, touchant alors l’artère fémorale. Il n’avait goûté là qu’aux prémices de sa vengeance.

Le souffle rauque, la Chimère était épuisée. Son regard se faisait plus floue, elle avait du mal à tenir sur ses jambes, et manque plusieurs fois de tomber face contre terre. Non, il ne faut pas, pas maintenant. Il faut…rejoindre…le Cardinal’s Jail… Il paiera pour tout ceci, ça il pouvait en être sûr. Elle serait moins clémente la prochaine fois. Un grognement, elle avait mal. Elle sentait la fatigue prendre de plus en plus de terrain sur elle, mais il fallait qu’elle se mette à l’abri, pour qu’elle puisse se soigner et se reposer.

Elle n’allait pas s’effondrer comme ça, à la vue de tous ceux qui aimeraient l’achever sur le champ pour supprimer une des Chimères d’Elites de Cold. Marchant avec difficulté, elle réussit à atteindre la porte du Cardinal’s. Elle en poussa la porte et entra. Mais aussitôt la porte fermée derrière elle, la Chimère s’écroula sur le sol, inconsciente. Un mince filet de sang coulait lentement, commençant alors une toute petite flaque de sang. Elle avait tenu tant bien que mal sa main plaquée sur son épaule pour minimiser la perte de sang, mais là elle ne pouvait plus rien faire en étant inconsciente.


[A qui veut, du moment que c'est pour me soigner et non pas pour m'achever ]

Mouvement des paupières comme dans un cauchemar. De la sueur sur son front et sur sa nuque, réaction de combativité envers le morceau de métal qui meurtrissait ses chairs. Elle conservait les dents serrées, elle sentait la douleur, mais elle était trop faible pour ouvrir les yeux. Avant qu’elle n’arrive ici, elle n’avait même pas sentit la présence d’une Ombre inquiétante. A peine était-elle rentrée dans l’établissement qu’elle s’était effondrée. Elle s’accrochait tant bien que mal à la vie qui s’en allait petit à petit. Non, elle ne devait pas se laisser faire, elle se devait de rester en vie, de rester pour Cold, de rester pour obtenir vengeance auprès de cet humain qui avait réussit à la toucher. La porte s’ouvrit, mais elle ne pu que l’entendre grincer puis se refermer ensuite.

Il y avait une présence à côté d’elle, la Chimère pouvait vaguement le deviner. Mais ceci se confirma lorsqu’elle se sentit transportée. Puis son dos effleura une surface dure, celle d’une table apparemment. Son corps fût déposé sur la dite-table. La Chimère sentait des mains parcourir son corps, dessinant ses courbes et le long de ses jambes. Cherchaient-elles l’origine de tout ? Si cela était le cas, qu’elles remontent alors vers la partie supérieure de son corps, la plaie était assez béante pour être vu facilement. Une voix se fit entendre, mais elle était si loin, si loin… une voix féminine, mais qui lui rappelait vaguement quelque chose tout de même, mais où l’avait-elle entendue ? Elle ne savait plus. Elle posait des questions, Valandra voulait y répondre, mais les mots n’arrivaient pas à franchir le seuil de ses lèvres. Une lame froide et tranchante plantée dans ses chairs, dans la même blessure. Un gémissement, dents serrées. Elle a mal. La lame remue, sort la balle. Si elle avait été consciente à ce moment-là, Valandra aurait sûrement perdu connaissance à cet instant, sous la douleur.

La balle extirpée, elle pourrait s’en remettre assez rapidement, mais elle avait tout de même perdu beaucoup de sang, cela prendrait alors un peu plus de temps qu’en moyenne. La Chimère sentit une pression sur son épaule, comme une main que l’on appuie pour faire compression, empêchant alors le sang de se répandre davantage. Le temps passa, Valandra demeurait toujours les yeux clos, mais elle bougeait de temps à autre. Puis petit à petit, la Chimère sort de son inconscience. Elle fronce les sourcils, et ouvre les yeux. Son regard cristallin encore floue, se pose sur une silhouette qui semble féminine. Oh oui, c’est une femme. Sa vision redevient normale, et elle voit… une Ombre... Un mouvement brusque, un grognement. Elle est incapable de se lever et qui plus est, Mirahil a une main sur son épaule blessée. La Chimère en conclut donc qu’elle lui doit sa vie, même si cette idée la répugne. Combien de fois elles s’étaient rencontrées, s’étaient battues l’une contre l’autre ? Valandra ne comptait plus. L’Ombre s’était mise à parler, la Chimère l’écouta parler patiemment. Elle ne pouvait rien faire d’autre.

"Il m’a eut, simplement parce que j’étais humaine à ce moment-là" grogna t-elle.

"Et j’ai échappé de peu à la mort car il visait sans doute mon cœur. Tu ne sais pas comment j’étais et comment j’ai pu réagir devant une arme alors que j’étais sous ma forme humaine. Et cet enfoiré avait enfoncé son pouce dans ma plaie et appuyé sur la balle jusqu’à ce qu’une satanée hémorragie voit le jour…" continua t-elle en serrant les dents par moment.


"Mais je l’ai bien amoché aussi, j’ai rouverts les plaies qui parsemaient son corps à l’aide de mes chaînes, et je lui ai quasiment sectionné une artère fémorale, histoire à ex-æquo niveau perte de sang et hémorragie. Sur une jambe potable, il aurait bien du mal à sortir de la forêt" acheva t-elle de dire en ricanant presque.

"Et oui, la prochaine fois ce sera sa fête en effet" ajouta t-elle avec un sourire malsain sur ses lèvres.

La Chimère voulait se lever, elle en avait assez d’être allongée là, sur la table, maintenue en place par la main de l’Ombre qui l’avait secourue. Et pourquoi une Ombre ? Pourquoi ce n’était pas une Chimère comme cela aurait dû être en se rendant ici ? N’y avait-il qu’elle qui avait reprit sa forme chimérique ? Valandra se stoppa, lorsque l’Ombre se mit à parler. Alors elle aussi avait recouvré sa forme humaine l’espace de quelques instants ?

"Toi aussi ? Je me demande vraiment s’il n’y a que nous deux. Peut-être que les autres aussi dans ce cas-là… Mais je n’ais pas trouvé le but de tout ceci, pourquoi redevenir humain ? Puisque cela n’est pas définitif apparemment. Je me suis rappelé à quel point j’étais fragile en étant humaine. Je me rappelle ce que j’étais avant d’arriver ici. Mais je n’en ais eu conscience qu’en redevenant ce que j’avais été depuis si longtemps maintenant. Pas toi ? Quoi que l’on fasse, je crois que nous étions voués à redevenir ce que nous étions, Chimère et Ombre. L’Espoir… il n’en est plus question pour nous hein ? Dans l’autre monde, nous ne sommes plus que cadavre en décomposition dans un cercueil, ou alors un tas de cendres dans une urne funéraire…"

Que c’était rageur tout ceci. Avoir ressentit ô combien elle avait été si fragile, elle avait ressentit la peur devant Samuel qui lui avait braqué une arme sur sa tempe, quand il lui avait tiré dessus.

"Oui je le tuerai…" avait-elle dit de sa voix douce et profonde, ce qui en devenait inquiétant, alors qu’un sourire s’ajoutait à tout ceci.

"Je m’y emploierais avec plaisir, je l’étreindrais dans mes chaînes jusqu’à ce que j’entends ses os se briser un à un en l’entendant hurler à l’agonie, il me suppliera d’abréger ses souffrances qui auraient durées pendant des heures… ses hurlements ne seront que douce musique à mes oreilles…" dit-elle en ricanant.

"Les humains ne sont là que pour la traque et nous nourrir, mais il est vrai que parfois cela est trop facile. La Vallée joue avec nous, mais que pouvons-nous faire contre cela hum ? Lorsque nous trouverons, nous agirons, mais elle trouvera toujours quelque chose pour nous mettre des bâtons dans les roues, comme les Bêtes par exemple. Je suis sûre qu’elles sont encore là, mais sous une autre forme car ce n’est plus l’hiver en ce moment."

Valandra darda son regard cristallin sur le visage de Mirahil alors que cette dernière laissa sa main caresser sa joue. La Chimère avait encore mal, mais elle était aussi en colère. Elle repensait à cet humain qui n’avait pas hésité à lui tirer dessus alors qu’elle n’était encore qu’une humaine. Elle l’écouta patiemment alors qu’elle parlait. Il y avait peut-être une part de vérité dans ce qu’elle disait. S’il n’y avait plus Cold, que ferait-elle ? Elle se sentirait perdue. Elle qui le suivait depuis vingt-huit longues années.

"Nous deviendrons peut-être des Bêtes nous même qui sait ? On ne sait pas exactement ce qu’elles sont et comment on le devient, outre le fait de les toucher comme Cold. Et peut-être Vincent aussi, mais je ne suis pas sûre. La dernière fois que je l’ai vu, il portait un seul gant il me semble, alors peut-être que lui aussi…"

Elle se tut un instant le temps de réfléchir, puis elle reprit.

"Mirahil, crois-tu qu’ils continueront de changer s’ils redeviennent Chimère et Ombre ? Si nous les perdions de cette manière, comment ferions-nous ? Tu le sais toi ?"

Puis elle sourit.

"Non, je n’aurais pas changé, je serais fidèle à moi-même, comme toujours…"

Au fil du temps qui passait, la Chimère reprenait peu à peu des forces. Bientôt elle pourrait s’asseoir au lieu de rester allongée comme en cet instant. Et l’Ombre n’aurait plus besoin de la toucher, de garder sa main sur son épaule pour empêcher le sang de s’écouler, car les chairs reprendraient leur ampleur, résorbant alors le trou béant. Elle lui disait d’arrêter de bouger, et de lui parler de l’humain qui avait osé ce mauvais tour.

"Il s’appelle Samuel… j’ai réussis à lui soutirer son prénom en l’ayant suspendu dans les airs grâce à mes chaînes. D’ailleurs il ne s’y attendait même pas…" dit-elle en ricanant.

"Je le revois entrain de se débattre, l’étreinte métallique se resserrait encore et encore, rouvrant toutes ses plaies. Il respirait la rage et la colère, j’ai trouvé cela très agréable. Qu’il s’abandonne à ces deux sentiments, et il deviendra comme moi… ne serait-ce pas plus cruel de ma part de l’accueillir en tant que Chimère que de le tuer ?" lança t-elle avec un sourire inquiétant fleurissant sur ses lèvres.

"Je n’ais pas eu le temps de voir les autres, de les revoir tels que je les avais connu en arrivant ici… Je ne me rappelle pas du visage humain de Cold… je n’avais pu l’apercevoir que pendant un seul petit mois, car après il était devenu le chef des Chimères. L’espoir m’a abandonné, comme il t’a abandonné toi. La Vallée nous a donné l’occasion d’espérer un retour parmi le monde des vivants, à nous elle l’a reprit, à eux elle le reprendra… "

Elle parlait d’une voix si calme, que l’on aurait dit qu’elle ne lui appartenait pas, qu’elle n’était pas elle-même. Mais en fait si, seulement, elle savait se montre calme par moment. Etrange pour une Chimère telle qu’elle non ?

"A vrai dire, je ne sais pas… je ne sais pas si je pourrais lui faire ça, même si j’aimerai qu’il redevienne celui que j’ai toujours connu en tant de chef. Et toi, Mirahil, que pourrais-tu faire pour Vincent ? Le laisserais-tu humain, ou le ferais-tu redevenir Ombre ? Tu vois, la question peut se retourner, si tant est qu’il soit toujours humain à cette heure. Les Bêtes… pour nous réunir ? La dernière fois que l’on avait été réuni, c’était à leur naissance, tu te rappelles ? Cold et Vincent les ont touchées, et vois ce qu’ils sont devenus depuis lors. Ils changent, un peu plus tous les jours et bientôt ils deviendront comme elles… Si elles nous réunissent, c’est pour nous faire disparaître…"

Elle se stoppa en entendant le nom de Saedroth. Un fin sourire ourla ses lèvres claires. D’un geste lent, elle repoussa la main de l’Ombre, et se releva lentement, prenant son temps pour se remettre sur pieds.

"Saedroth… voilà un nom que je n’avais pas entendu depuis un moment… " lâcha t-elle, en tournant le dos à l’Ombre.

"Je sais ce qu’il faisait, je sais qu’il avait essayé de lier les Ombres et les Chimères, ainsi que les humains. Je sais tout ça, parce que j’en étais également à l’origine…" dit-elle en se retournant, darda son regard cristallin sur Mirahil.

" On en avait décidé ainsi ; alors que l’on discutait dans les champs de maïs… a ce propos, si le moulin à l’air encore plus délabré, c’est mon œuvre… un coup de colère dira-t-on… enfin, pour en revenir à Saedroth et à son rêve utopique. J’étais allée voir Vincent, pour lui en parler, il m’a écouté mais cela ne l’a pas plus touché que ça…" dit-elle en portant sa main à sa gorge, comme si elle se souvenait de l’étreinte de sa cravate sur sa gorge.

"Mais Saedroth a finit par se terrer une fois de plus je ne sais où, alors j’étais seule face à Cold pour tout lui expliquer. Il a fallut que je choisisse entre rester à ses côtés et pourchasser le renégat, ou alors suivre Saedroth et périr sous les propres mains de Cold…cela à été dur de choisir, mais il faut dire que j’ai encore des choses à accomplir ici-bas. Que le renégat continue à se cacher, lorsque je le retrouverais, je ne donne pas cher de son cadavre pourrissant…"

Elle marque une pause et continua.

"Cold et Vincent sont têtus, Mary semblait hésitante, mais elle acceptait de nous aider si je me rappelle bien. Alors, comment veux-tu rassembler les trois factions contre les Bêtes, alors qu’ils ne nous écoutent même pas ? Attendre de connaître c’est lâche ? Mais se lancer sans connaître c’est suicidaire. Les Chimères ne sont peut-être pas très douées lorsqu’il s’agit de réfléchir, mais je fais partis de ceux qui réfléchissent avant d’agir. Je voulais aller le plus en avant, trouver le point faible des Bêtes pendant l’hiver, mais Cold m’a fermement ordonné de ne rien faire. Sinon, tu penses bien que je l’aurai fais depuis longtemps."

Elle écouta encore parler Mirahil. Mais c’est qu’elle parlait beaucoup cette petite, pourtant en temps normal elle ne parlait que pour répondre aux questions qu’on lui posait non ?

"C’est pour cela, que certains s’en prennent aux animaux plutôt qu’aux humains. Chacun ses goûts comme on dit. Il y en a qui ne supportent pas de s’en prendre aux humains, d’autres que ne se gênent pas."

Une autre pause avant de reprendre.

"Qui je suis ? Hum… je suis une Chimère animée par la colère la plupart du temps, mais qui sait réfléchir et prendre son temps lorsqu’il le faut, je suis une chimère qui ne fonce pas tête baissée sans connaître un minimum ce qu’il est impératif de savoir pour ne pas y laisser bêtement sa propre vie. Je suis une Chimère qui a quand même essayé de rassembler les trois factions à l’aide d’un renégat qui a prit la fuite, me laissant seule au milieu de tout. Je suis l’un des Chimères d’Elite de Cold, je suis celle qui tuera le renégat par colère et rancune. Voilà qui je suis…" dit-elle avec un large sourire.

"Si les choses doivent changer un jour, alors elles changeront. Pour le moment je suis fidèle à moi-même. Si je tues Cold pendant qu’il est humain, qui serait capable de prendre la tête des Chimère ? Mais je peux toujours le protéger, le protéger des Bêtes. Devenir une Bête ? Pourquoi ? Pour me suivre ? Pour les suivre ? Pour t’en prendre à ceux qui ont été les tiens ? Pourquoi le suivre alors que tu dis que tu l’as trahi en te bannissant du Manoir. Et pourquoi donc d’abord ? Pourquoi t’être bannie du Manoir ? Tu sais, ils vont tous être après toi je pense. Si moi je quittais Cold, devenant comme ce cher Saedroth, c’est Cold lui-même qui me tuerait." avait-elle continué calmement tandis que l’Ombre s’enflammait.

Hum ? Des questions ? Oh oui, poses, poses donc tes questions, Valandra jugera si elle doit y répondre ou non.

"Quand je l’aurais devant moi, je serais si calme qu’il ne devrait pas avoir peur normalement. S’il a peur, je le rassurerais donc. Il serait le seul humain que je pourrais aborder de la sorte. Et je lui dirai, ce qu’il est, qu’il est le chef des Chimères ma loyauté est sans bornes à présent. Je le protègerais contre tous, tant qu’il sera humain. Sans chef, s’en est finis des Chimères, elles seront divisées sans doute, ou alors une chimère trop jeune aimerait à devenir le nouveau chef. Mais ça, je ne le veux pas. Je lui dirais aussi de revenir."

Elle avait répondu, après Mirahil pouvait en tirer les conclusions qu’elle voulait, cela était égale à la Chimère, cela ne ferait pas de différence pour elle.

"J’ai répondu à tes questions, mais ce ne sera peut-être pas le cas pour les prochaines…" lui dit-elle d’un ton calme.

Oui elle voulait savoir pourquoi l’Ombre la plus fidèle à Vincent avait quitté le ‘quartier général’. C’est parce qu’il ne croyait pas en une alliance possible, celle dont elle parlait était sans doute celle qu’elle avait essayé de monter avec Saedroth, ou en était-ce une autre ? Elle l’avait écouté parler, mais elle posait beaucoup trop de questions. Elle ne connaissait pas Valandra, et elle osait dire des choses absurdes. La Chimère restait calme, mais cela ne durerait peut-être pas longtemps.

"Si tu ne peux le tuer, le dragon, alors je le ferais à ta place." lança t-elle avec un sourire.

"Dis-toi que je l’aurais aidée à se libérer de l’esprit de la Bête qui l’a dévorée, elle sera en paix et tu pourras continuer à survivre, et à trouver quelqu’un d’autre à prendre sous ta tutelle…." avait-elle continué sur un ton toujours aussi calme.

"Bien sûr que ce n’est pas par lâcheté que tu t’étais opposée à lui, tu voulais lui faire comprendre en ce que tu croyais, mais il n’a pas voulu adhérer à ta vision des choses, alors plutôt que de demeurer réellement aveugle dans tout ceci, tu es partie de ton plein grès. Tu t’es acoquiné avec une Chimère et un Humain, comme c’est touchant…"

Lorsqu’elle avança l’idée qu’elle avait peur de Cold et qu’elle tuerait Saedroth même si elle l’aimait, les traits de Valandra se durcirent.

"Je n’ai pas peur de Cold, seulement je me méfie de ses réactions trop violentes à mon goût. Je pense être celle qui en est la plus proche, si je ne suis pas là, que ferait-il ? Depuis qu’une Bête l’a touché, il change, et devient plus colérique, je m’efforce de le contenir pour qu’il ne répande pas un carnage, alors ne dis pas que j’en ai peur. Et pour ce qui est de Saedroth, ne t’amuse pas à énoncer des hypothèses absurdes. Je n’hésiterai pas à le tuer cette fois-ci, dis-toi que cela est de la rancune pour m’avoir laissée seule à agir pour son rêve utopique d’alliance entre les trois factions."

Puis ses traits se radoucirent.

"Bien sûr qu’il essaiera de te tuer, tu l’as trahi, il ne laissera pas passer cela, car cela pourrait donner de biens mauvaises idées aux autres. Il réagirait comme Cold si je le trahissais…"

Un silence s’installa l’espace de quelques secondes, puis elle reprit.

"Je connais le côté humain de Cold, pour l’avoir côtoyé l’espace d’un mois. Même si cela fut court, je me rappelle de ses traits, et ils ne sont nullement ceux de Samuel. Et puis, cet humain-là, cela ne fait pas longtemps qu’il est ici, je l’ai senti. Toi en humaine ? Te dévorer ? Peut-être, ou peut-être pas qui sait. Va savoir…" dit-elle comme dans un murmure.

Valandra ne silla pas lorsque Mirahil s’était approchée d’elle, posant alors ses mains sur son visage. Elle l’avait regardée, même si elle ne pouvait apercevoir ses iris. Elle devait peut-être trouver cela étrange de voir une Chimère si calme, si calme. Peut-être un peu trop calme pour que cela soit naturel non ? La Chimère écouta alors le rêve de Mirahil. Les Bêtes ne les attaquaient plus et le protégeaient, les trois factions s’entendaient à merveille et les humains pouvaient espérer librement.

"Tu as raison, c’est un rêve. Et les rêves ne sont pas tous enclins à se réaliser…" lâcha t-elle doucement, avant de se soustraire au contact des doigts de l’Ombre.

"J’ignore si ce sera simple, mais je le saurais lorsque j’aurai essayé. Et puis, rien ne me dis qu’il n’aura pas recouvert son visage de chimère. Je ne le saurais que lorsque je l’aurais en face de moi. J’ai essayé de croire en l’alliance, mais à croire que cela n’a servit en rien à croire en elle. Et qui sait, peut-être que ce qui s’est passé, le fait que l’on ait pu recouvrir nos formes humaines, espérer et retourner à notre état d’Ombre ou de Chimère est une punition de la Vallée pour avoir tenté de s’opposer à elle."

Quelque chose qu’avait dite Mirahil avait particulièrement attiré l’attention de la Chimère qui commençait peu à peu à perdre patience.

"Courageuse je le suis, alors fais attention à ce que tu dis, car je ne serais pas aussi calme que maintenant, je te préviens gentiment. Le moment de se lancer dans des commandos suicidaires comme tu dis, n’est pas encore venu, mais il viendra, je le sais… ce que l’on dit sur les Chimères est vrai, seulement toutes les Chimères ne se ressemblent pas, chacune agit différemment d’une autre."

Elle marqua un temps de pause et reprit.


"J’ai essayé depuis le jour où Saedroth à pensé à tout ceci, je l’ai aidé du mieux que je pouvais, je suis même allée voir Vincent pour lui en parler, j’ai pris des risques en m’introduisant dans le Manoir, je suis allée voir Jakkob et d’autres Chimères, ainsi que Cold. Et après cela, Saedroth à disparut encore une fois, et j’étais seule devant tous. J’avais laissé tomber l’alliance au profit de ma vie auprès de Cold, mais tu ne sais pas ce que je réserve pour tout ce qui se passera dans la Vallée, tu ne me connais pas et ne sais pas de quoi je peux être capable."

La dernière phrase que prononça Mirahil fit sortir la Chimère de ses gonds. Valandra se retourna et un cliquetis métallique se fit entendre. Les chaînes étaient sorties menaçantes, et frappèrent l’échine de l’Ombre la poussant contre un mur.

"Je t’ai dis de faire attention à ce que tu disais Mirahil, ne me fais pas regretter d’être restée calme tout ce temps, malgré mes blessures je suis capable de te mettre une dérouillée." lâcha t-elle d’une voix glaciale, le regard féroce.

Elle avait poussée l'Ombre assez violemment contre un mur, mais si elle l'avait voulut, elle aurait pu lui faire encore bien plus mal, mais est-ce que l'Ombre qu'elle était s'en apercevrait ?

"Tu n’as pas le droit de me juger, tu ne me connais absolument pas." vociféra t-elle.

Les chaînes rentrèrent sous sa longue cape.

"Les humains, ne sont pas capables de nous respecter, alors pourquoi nous devrions les respecter. J’ai essayé d’approcher les humains sans vouloir étancher ma soif de chair, j’ai même voulus aider Samuel à penser ses blessures, mais il n’a pas voulus de mon aide et m’a tiré dessus, alors qu’on ne me dise pas qu’il faut les respecter et ne pas s’en prendre à eux."

Oui, elle avait essayé, elle avait essayé de prendre sur sa nature de Chimère pour tenter une approche disons amicale avec un humain, mais cela n’avait absolument rien donné. Peut-être essaierait-elle encore, mais pour le moment elle était hors d’elle.

"J’en ai assez de discuter avec toi, cela ne mène à rien, absolument à rien." lâcha t-elle sèchement avant de sortir en claquant la porte du Cardinal’s.

[Finis pour moi, mais on continuera plus tard Mimi ]

[Attends donc que moi aussi je finisse ^^ La méchante ....]

Plutôt que d’engager un combat totalement inutile, Valandra était sortit, se souciant peu de ce que faisait Mirahil après qu’elle l’ait jetée contre un mur. La colère se réveillait petit à petit, le calme luttant courageusement pour rester le dominant. Il pleuvait toujours dehors, mais cela n’empêcherait pas Valandra de gagner un autre endroit, où elle pourrait être enfin seule. Mais ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que Mirahil la suive. Une dague menaçante se retrouva contre sa gorge. Valandra fixa Mirahil de son regard si clair qu’il paraissait irréel.

"Je n’ai jamais dis que tu étais ennemie facile à abattre, seulement je ferais tout mon possible pour t’écraser, le moment venu… tu es aussi coriace que moi, je n’en doute pas…" lâcha t-elle avec un rictus au coin des lèvres.

La Chimère observait en coin l’Ombre qui s’approchait de son oreille pour lui murmurer quelques mots. Valandra se méfiait tout de même d’elle, au cas où elle tenterait quelque chose avec sa dague.

"Ce rêve n’est qu’utopie, illusion, mais si tu y crois assez fort, peut-être qu’il se réalisera qui sait. Pour le moment je ne me prête plus au jeu du rêve. Mais peut-être qu’un jour où l’autre, je me surprendrais à rêver encore, seulement ce moment n’est pas encore venu, j’ai des choses à accomplir, et ce en restant auprès de Cold. J’aimais mon autre moi, l’humaine, c’est peut-être dure pour toi d’y croire, mais là était le fait. Elle était totalement mon opposée. Elle était douce, avenante, patiente pour une interne en hôpital psychiatrique, elle s’occupait des patients les plus difficiles. Voilà ce que je me rappelle d’elle. Seulement, Samuel m’a fait redevenir ce que j’étais depuis si longtemps, une Chimère."

Un certain calme était revenu, mais la colère grondait encore au fond d’elle, tel un râle. Elle sourit lorsque Mirahil abaissa la main qui tenait cette dague tout contre sa gorge. Son regard demeura fixe alors qu’elle passait une main dans ses cheveux avant de disparaître, se tenant maintenant à une distance acceptable.

"Je me suis sentie trahie par un renégat en qui je commençais de nouveau à avoir confiance, à tel point que je l’avais suivis dans son entreprise. La suite, tu la connais, je ne le redirais pas une énième fois…"

Un silence s’installa, alors que la pluie continuait encore et encore à tomber drue. La phrase de Mirahil fit sourire la Chimère.

"Oui, je le sais, je le sais que nous sommes mortes, c’est pourquoi j’ai arrêté de rêver en grande partie. A quoi bon rêver alors que nous, Chimères et Ombres, nous ne pourrons jamais retrouver notre monde. Alors que les Humains eux, sont vivants, ils ont une raison d’espérer, d’espérer un retour dans leur monde. Nous, nous sommes condamnées à errer ici, à subir les humeurs de la Vallée."

Mirahil s’était retournée, tournant alors le dos à la Chimère. Que faisait-elle ? Avait-elle confiance en elle à un tel point qu’elle lui montrait son dos ? Valandra sourit, et marcha en sa direction, passant alors à côté d’elle comme si de rien n’était.

"Ce qui me gêne, c’est que pour nous, rien ne changera. Il n’y en aura que pour les humains au bout du compte. Prends cela pour de la jalousie si tu veux, je n’en ai que faire…" souffla t-elle.

"Oui peut-être, seulement ce moment n’est pas encore venu, je te l’ais dis." dit-elle posément, avant que Mirahil ne disparaisse encore une fois pour réapparaître beaucoup plus loin.

"Oui nous nous reverrons, et sans doute nous nous combattrons encore, mais d’ici-là, porte toi bien, Mirahil…" lança t-elle avant de disparaître.

[Ailleurs]