Asile!

Le manoir était tout aussi imposant en l'abordant par l'arrière. Llugh espérait, en agissant ainsi, pouvoir éviter le plus de créatures possibles. Il trouvait en effet les ruines de la demeure plus accueillantes.
Loin de perdre son prestige, les ailes brûlées du bâtiment noir de jais lui conféraient un halo déchu particulièrement théâtral. Une masse sombre s'élevant de la neige stérile. Les effluves cendrées, en se mêlant aux flocons de neige, rendaient l'atmosphère pesante.
L'ombre examina un flocon de neige se poser au creux de sa paume blanche, celui-ci semblait peu enclin à fondre au contact de sa peau froide.
Déterminé, il accompli les derniers pas dans la neige qui le séparaient du refuge potentiel. Mais la présence qu'il sentait se rapprocher, semblant l'épier, le rendait nerveux.

*Et si les bêtes s'en prenaient à cette demeure...? Parviendraient-elles à outrepasser ces simples murs de pierre?*

Les ruines qu'il atteignit contenaient de nombreux vestiges roussis, imprégnés d'une vie ayant disparu de ces murs pour laisser place aux débris de glace virevoltant sans fin. Il avait conscience de devoir affronter les habitants de ces lieux. Non pas par le biais de la violence, mais en leur demandant asile. Il n'avait pourtant, à l'origine, aucune envie de se montrer affable. Mais avait-il le choix?
Jusqu'où devra-t-il aller pour survivre? Il se montrerait courtois, certes, mais là n'était pas le problème. On ne lui offrirait pas le gîte sans rien lui demander en échange. Et il était bien peu enclin à se joindre à une guerre perpétuelle sans avoir une bonne raison de le faire. Encore faudrait-il que ces fantômes l'acceptent...
Le toit, effondré par endroits, tolérait quelques couches neigeuses parsemées au grès du vent glacial.

*Dame Cailleach poursuit implacablement son œuvre...*

Respirer tranquilement, ne pas reflechir, ne plus reflechir, rester calme sans rancoeur, sans haine, tranquille .... Ne faire qu'une avec la vallée, celle qu'elle deteste tant l'ombre grise, celle qu'elle aime tant ... La vallée lui a offert, trop offert, mais l'ombre sait qu'elle reprendra, demain ou dans des années, des siècles ... Demain ou plutard ... suivant la folie du jeu de l'ombre ...

La vallée d'Hollow Dream est comme la mer, elle a offert à Mirahil quelque chose qui lui manquait, le monde des hommes n'était pas pour elle ... Même si elle avait sa place sur le grand échiquier du pouvoir, Non le monde n'était pas pour elle ... La mer qui offre mille trésors, mille présent, qui prend les hommes aux femmes, qui prend les frères, les pères, les amants ... Et qui s'en va ... avec quelques cadavres de plus dans son ventre, avec quelques morts sur la conscience ... Mais la vallée prend les femmes aussi, les femmes sont si belle, ombres delicates, ou chimère agressive, yeux tristes .. yeux sauvages ... La vallée n'a pas tord ... Elle exige moins peut-être, elle ne demande pas l'amour des hommes, elle ne demande que des corps, de l'espoir, de la haine et de la rancoeur, elle ne demande pas le fol amour des marins ...

La mer si belle si changeante, plate, en furie ... La mer qui donne tout et reprend ... à la fin ... le coeur des hommes ou leurs corps ... La vallée corromp elle aussi, la vallée brise, la vallée viole les secrets dans le coeur de ses prisonniers ... Mais la grise l'aime, la grise aime malgré le sang, les larmes et la rage qui l'habite, malgré les préjugés, malgré que la vallée ne soit ni plus ni moins son bourreau et l'ombre le jouet ...

Elle reflechit la grise, sans vraiment reflechir, elle se l'interdit de penser vraiment ... Elle controle, elle censure les images qui lui viennent à l'esprit, elle ne veut pas pleurer, elle ne veut pas hurler à la lune, elle n'est pas d'humeur ce soir ...

C'est ainsi qu'elle arrive près des ruines du manoir, elle sourit : est-ce par habitude ? Ou le mouton noir veut rejoindre inconsciament son frère de meute ? Non elle n'est pas mouton, elle est loup, et sa meute était là-bas ....

Il y a une ombre, une ombre a côté d'elle, juste à côté .... Mirahil ne s'était pas rendu compte à quel point elle s'était échappé de la réalité ... Elle le voit maintenant ... Elle regarde le manoir, les yeux voilés d'un brouillard triste ... Puis elle murmure doucement ...

"Il est beau n'est-ce pas ? Le refuge des fantômes ...
Je vous ai vu, ombre solitaire .. dès fois ... fugitivement ... Comme si vous ne vouliez pas que l'on vous voit ...
La guerre ne vous a pas touché, vous avez de la chance ...
Vous n'étiez qu'un fantôme fugitif a peine visible ... Qu'est-ce qui vous a decidé a prendre contenance pour venir ici, près du manoir des ombres ?"

[HRP: Je précise, pour la suite, que Llugh n'a pas compris ce qu'il est]

Un murmure l'effleure. Une douce voix empreinte de mélancolie, mais aucune hostilité manifeste.

*"Vous n'étiez qu'un fantôme fugitif"... Me prend-elle pour l'un des leurs? Voilà qui me facilitera la tâche...*

Llugh s'apprête à lui répondre, mais après tant d'années de mutisme, ses cordes vocales semblent atrophiées. Un raclement de gorge s'impose, mais la sonorité produite résonne plutôt comme un grognement animal.

"Magnifique, en effet. Il semble d'ailleurs pouvoir survivre à l'assaut des flammes, ce dont, je le regrette, aucun d'entre nous ne pourrait se vanter."

La créature qui lui faisait face semblait naître des cendres de la demeure. Une redoutable beauté lunaire, aussi froide et lumineuse que l'astre qui l'accompagna dans son périple.

"Je vous prie de pardonner mon intrusion, ma très chère dame, mais soyez assurée de ma bienveillance. Laissez-moi me présenter: Llugh.
J'ai, certes, toujours erré seul, loin de mes semblables, mais ce n'était que par pure autarcie. Et si je me présente à vous aujourd'hui, ce n'est pas par hasard. Les terres ne sont plus sûres: Nous avons un ennemi commun que je ne saurais affronter seul, aussi je viens vous demander asile. Je saurais me rendre utile, ne vous en faîtes pas.
Par contre, pardonnez mon impertinence, mais votre guerre semble vraiment vous peiner. Les enjeux sont-ils si importants à vos yeux pour que vous fassiez de tels sacrifices?"

Un grognement qui viend de sa gorge, l'ombre est solitaire depuis bien trop de temps. Mirahi lsourit quand est-ce le dernière fois qu'il a parlé avec quelqu'un, il y a longtemps surement, finalement elle attire les sauvages près d'elle ... Après s apetite sauvage Chléa voila Lugh sauf que celui-ci elle ne pourra le conduire ... Elle sentit les yeux de l'ombre se poser sur elle, s'il savait quel tourment lui apporte son corps, mais un homme ne peut pas comprendre ses choses là.

"Les ruines sont abandonnées, ce n'est pas une intrusion, surtout pour un être comme nous."

Llugh ne semblait pas se rendre compte que lui aussi était mort, Mirahil s'en était apercu, aussi elle comptait bien le lui faire comprendre doucement pour que l'information ne soit pas trop brutale ...

"Le manoir est ouvert aux ombres, ne t'inquiète pas, tu auras ta place là-bas, si tu veux tu pourras te rendre utile, de nombreuses taches sont libres ..."

Elle avait cessé de le vouvoyer, elle connaissait son nom maintenant et puis Mirahil n'avait jamais su vouvoyer longtemps, et puis c'était une habitude francaise qui l'exaspérait au possible ...

"Llugh je ne suis pas faite pour être vouvoyé, cela ne me va pas j'ai l'impression qu'on veut s'éloigner de moi ..."

Elle lui fit un sourire des plus attachants, mais peut-être le solitaire ne voulait pas trop s'approcher d'elle car elle contenanit plus de venin qu'elle ne le montrait au premier abord.

"Je suis desolé Messire Llugh mais je ne pourrais pas t'emmener là-bas, j'ai renoncé au chateau, j'ai renoncé à Vincent. Je ne peux pas t'y emmener mais vas-y seul, tu n'as besoin de personne, entre et va voir Vincent si tu veux te rendre utile ou entre directement dans la vie des ompbres sans te soucier d'être reconnu. Le chateau est aux ombres ... mais je m'y suis bannie ..."

Elle se mit à rire alors qu'elle avait envie de pleurer, elle se mit à rire tout doucement, une chute de petits grelots dans sa gorge. Mais ses yeux semblaient près à pleurer ...

"La guerre j'ai longtemps oeuvré pour elle ...
Desormais je suis une arme contre ce que je considère le jeu de la vallée ...
La vallée a trop joué avec moi, elle ne peut pas m'arreter, je ferais tout pour la paix ...
Je suis folle n'est-ce pas?
Et si je suis trop dangereuse, elle m'enverra le dragon qui reglera sa dette .."

Ses yeux étaient rêveurs, c'était la première fois vraiment qu'elle disait à voix haute ses projets et elle devait paraître bien folle ...

"Vous ne devez rien comprendre ...
Disons que la paix seule peut me permettre un repos, et tant qu'elle n'existera pas mon existence sera peuplée de haine et de larmes ..."

Ce n'était pas un vouvoiement, elle parlait des ombres en général en prenant l'avis de Llugh ... Pourquoi elle lui parlait de sa ? Parce que déjà elle avait confiance ou simplement parce qu'elle avait besoin d'en parler à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas ? Elle devenait bien moins secrète ...

"Très bien."

Llugh, taciturne, traversait les pièces aux murs calcinés en observant l'ombre. Elle lui sourit tendrement, mais il serait imprudent de se laisser amadouer. La grâce est bien souvent traîtresse...
Son rire, alors qu'elle annonçait renoncer à la protection des siens, n'avait rien d'une plainte, mais l'intensité de son regard ne trompait pas. Et une telle confidence posait bien des problèmes.
A priori cet individu ne lui serait d'aucune utilité, il se pourrait même que les futurs hôtes de Llugh la haïssent ou la pourchassent, et, par là, fraterniser avec elle se verrait compromettant.
De toute façon, il savait désormais qu'il pourrait s'introduire et résider sans peine dans la demeure, le refuge. Il s'apprêtait alors à partir mais le fantôme repris son discours, fit allusion à la vallée, la paix, un dragon aussi... Voilà qui devenait particulièrement interressant...

"Folle n'est peut-être pas le terme approprié étant donné l'abération dans laquelle nous vivons...
La vallée serait alors à l'origine des bêtes... Les lieux nous en veulent donc. Mais dis-moi... Pourrait-on remédier à ceci sans se compromettre? Si l'intention de ces terres est notre destruction, comment comptes-tu apporter la paix pour ceux qui y vivent?"

L'ombre avait éveillé son intêret. Serait-il possible de mettre fin à l'intolérable présence des bêtes, et ainsi retrouver le silence réconfortant de la forêt? En effet, réunir les trois clans faciliterai l'éradiction des créatures de glace de la vallée. Mais une paix durable, si tant est qu'elle soit possible, interomperai les nouvelles pulsions de Llugh.
Ce fantôme pouvait-il être vraiment digne de confiance...?

*Que choisir...? La quête sacrée du calme ou la passion de la terreur?*

"Comment comptes-tu survivre sur cette redoutable mer de glace ma chère? Particulièrement si la vallée en a après toi, les vents ne te seront pas favorables..."

Et elle se mit à rire, doucement, moqueuse …

« Je suis une ombre, le vent est mon frère, il me guide et il se joue de mon corps, la morsure du froid n’est qu’un souvenir … Et puis je trouverais bien refuge, chez les hommes, chez les chimères et même chez les ombres si je reviens au château. Je suis déjà morte, mourir une deuxième fois n’a jamais été une peur … Non ce serais même une délivrance … »

Une délivrance si ardemment attendue en fait, lever le voile sur le mystère de la mort, la fin de tous ses dilemmes, le début d’un nouveau chemin peut-être …

« Tu es bien solitaire toi, ombre qui a vécu longtemps sans être protégée du manoir. Me crois-tu faible femme ? Ne crois pas aux apparences, mon corps a été formé pour se battre … ET la vallée aime jouer, pourquoi tuerait-elle ceux qui veulent un défi ? Quand je serais dangereuse si un jour je le puis, elle m’éliminera ou fera comme si de rien n’était. Le dragon m’a déjà choisi comme proie et les bêtes le suivront … Non je ne suis pas proie facile … »

Pourquoi fallait-il toujours qu’on la croit faible ? Elle soupira se remémorant son corps fin et souple mais léger si léger, ses yeux qui la trahissaient toujours, la tristesse de ses traits, la pâleur de sa peau. Non elle n’était pas faible même si son apparence du moment la dementissait. Mais qu’on la voit énerver, sourire avec rage et haïr fortement et l’on comprenait enfin comment la frêle ombre avait pu être espionne …

« Il y a des alliances entre les races dans Hollow Dream, trouve les et tu auras des réponses, certains veulent la paix totale, d’autre la mort des vivants. Certains cherchent les réponses aux questions sur les bêtes … »

Une voix rauque, méprisante, sèche. Mirahil à observer Llugh et a vu ce qu’il en retournait, il la méprisait en silence, il la croyait faible et il avait peur qu’on la voie avec elle. Enfin peut-être … c’était sûrement son imagination débordante qui lui jouait des tours aussi elle reprit plus calmement, plus vaguement encore …

« La paix ? Je ne sais pas … Qu’est-ce la paix sur Hollow Dream ? Je vais œuvrer au mieux sur le moment, mais que puis-je faire d’autre ? Même si autrefois j’étais écouté aujourd’hui je me suis bannie, je suis pas Vincent ni Mary ni Cold … »

Elle avait des progrès l’ombre grise sans savoir comment faire, elle rêvait d’une utopie tout en sachant que son rêve n’était qu’une illusion que son âme criait pour que son cœur se calme.

« Seuls les habitants peuvent changer les choses et faire renaître le printemps … »

« ... Me crois-tu faible femme ? ... »

Llugh ne put réprimer un léger sourire. L'ombre semblait plutôt susceptible, autant éviter d'en rajouter...

En envisageant son retour possible dans le manoir, elle dissipa le soupçon qui la voyait étrangère aux siens. Une figure emblématique du clan qui s'écarte de son dessein d'elle-même. Voilà une rencontre bien intrigante...
Bien que le spectre resta plutôt vague, Llugh cru comprendre qu'elle envisageait d'organiser une alliance qui irait bien plus loin que celles qui semblaient déjà exister.

*Une véritable paix durable? Impossible. A moins que...*

"Avec une telle ardeur nul doute que tu ne leur feras pas une proie facile..."

Llugh se rapprocha d'elle.
Avoir un pied à terre dans chaque camp serait un avantage indéniable...
Que la guerre fasse rage ou que la paix se profile, mieux valait prendre de l'avance.

"Ton dilemme est compréhensible. La joute que tu entame avec la maîtresse des lieux est risquée: l'esprit de la vallée est redoutable, tantôt indulgente, tantôt despotique, son emprise réconfortante n'égale que sa douce morsure pétrifiante, mais que peux-ton espérer d'un cœur gelé?
La guerre est tienne, tu as tes raisons. Œuvrer ainsi implique certainement des enjeux qui me dépassent, je n'ai pas ton impétuosité.
Mais l'on est amené à se revoir. Même si la vie d'autrui m'importe peu, nous poursuivons des finalités qui se croisent sans se contrarier.
Je vais rester ici quelques temps, mais, au delà de notre fratrie, tu auras un allié de plus dans l'histoire que tu écris dans la neige. Je t'observerai de loin, ombre que je suis."

Un instant le cœur de l'obscur se serra, comme un battement. Il tourna vivement la tête vers le village des hommes. Une sensation des plus étranges l'engourdit, mais ce n'était pas la poigne de l'hiver.
Llugh, légèrement troublé, se retourna vers son interlocutrice, tentant de reprendre la conversation comme si de rien n'était.

"Je vais suivre ton conseil et me renseigner au manoir.
Je te remercie pour cet accueil."

Il salua humblement l'ombre d'un signe de tête et rajouta:

"Puisses-tu nous rendre le printemps, mo Bríd."

Llugh se proposait comme allié, cela faisait presque sourire la grise : un allié ? Serait-ce si simple ? S'en était presque trop ! Dire que Chahîd n'avait pas réussi alors que lui en cherchait. La louve avait un allié potenciel et un allié reflechi, oh elle savait qu'elle n'avait pas sa loyauté mais s'il suivait sa cause il ne l'a trahirai pas, elle n'avait aucune prétention en fait elle voulait juste vivre avec ceux qu'elle aimait sans qu'ils s'entretuent ...

"Mêmes chemins, mais buts differents, puisse la neige jamais nous separer !"

Car Llugh ne cherchait pas la paix, Llugh cherchait autre chose cela se sentait et déjà Mirahil reflechissait, déjà elle cherchait en vain à la raison et le pourquoi, car si l'homme ne se souciait pas d'autrui cela devait avoir quelque chose avec lui ... enigme incompréhensible pour la grise ...

"Ne laisse pas la nostalgie trop brûler tes ailes sinon tu vas haïr les hommes, dans un temps. Accepte la mort sans jalousie, c'est un conseil ..."

Elle avait juste murmurer, il est dur de mourir, de sentir son dernier souffle d evie s'en aller, disparaître .... mais surtout il est dur de voir les hommes vivrent et haïrent celui qui est devenu engeance de vallée, qui est mort, emportée par l'ankou ...

Et puis soudain confuse, elle parla de nouveau ....

"Je ne me suis même pas presentée ... dans le manoir des fantômes on me nomme Mirahil, mais tu peux continuer à m'appeler Mo Brid."

Elle ne savait pas ce que cela voulait dire, elle ne savait même pas si s'était gentil mais cela lui semblait affectueux et puis elle se rendait compte qu'elle aimait bien avoir plusieurs noms.

Plusieurs noms ...
Plusieurs visages ...

"Au plaisir de vous revoir Messire Loup ..."

Elle effectua une réverence tout en souriant, élegante, repeta en un murmure avant de s'en aller, se perdre dans le gris d ela vallée, dans le blanc dans le noir, disparaître ... doucement ... immuablement ...

"Messire Loup ...."